en mer. février 2012.
En attendant le récit de la navigation au départ d'Alicante, voici quelques images et quelques embruns de Tara Tari dans le vent. C'était en mer, au sud du Cabo de Palos. Après une nuit et une matinée dans le vent fort, nous avons trouvé abri dans le petit port d'Aguilas. Il y avait 40 noeuds de vent selon les organisateurs, enfin je veux dire selon les personnes du port. Aucune avarie, Tara Tari a tenu bon et moi aussi. Mais j'étais contente de me reposer et de sécher un peu...
C'était magnifique à vivre.
La mer est belle, dure mais belle.
Capucine
voir la video
C'est l'histoire d'une jeune femme et d'un joli petit bateau. Ensemble, ils se sont soignés et ont décidé de partir s'amuser et voyager. Suivez les aventures Capucine et Tara Tari! Tout au long de son périple, Capucine Trochet va à la rencontre des personnes et des cultures, apporte son témoignage, apprend de ces échanges. Elle partage son expérience, sa simplicité et son idée que le bien-être est accessible à celui qui veut bien comprendre et prendre le temps.
mardi 21 février 2012
Life at the other Extreme
Alicante. 2 février 2012. Escale.
Non, vraiment. Vraiment pas fastoche de trouver prise électrique ET wi-fi au même endroit. A la marina d'Alicante c'est plutôt grand luxe, car en plus de la prise ET de la connexion, il y a : un canap' ET du chauffage. La grande classe. Ça fait 4 choses top confort et pourtant il y a un hic*. (*hic: de la locution latine "hic est quaestio". nom commun masculin. principale difficulté d'une affaire.) Un hic assez redoutable, un hic en cuir, un hic tout jaune et qui a la forme d'un canapé. A chaque fois que je me suis assise dans ce hic, enfin je veux dire dans ce canapé en cuir jaune et mou, il m'a semblé qu'une force surnaturelle cherchait à m'avaler toute crue dans ses coussins. Le canap' de la marina, le voilà, le hic. C'est un piège. Un piège auquel le chauffage n'arrange rien. Mais vraiment rien. Je dirais même qu'il est complice. Le canapé et son complice m'ont fait écrire des choses complètement incohérentes. Un petit moment de faiblesse, et hop, sans rien comprendre à ce qu'il s'est passé, j'ai découvert quelques instants plus tard trois lignes de "kperjaepkjrpakjekajpejadnnnnbbvcccccckjsdnoaherkajndoaennnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn" au milieu de mes explications de fabrication du loch. Complètement incohérent. J'ai relu quatre fois. Mais non, je crois que cela ne veut rien dire du tout. Ce confort jaune et mou, mi canap' mi glouton, ce caracajou snobinard et ses 25°C m'ont valu de m'endormir deux fois en pleine écriture. Scandaleux. Par souci d'efficacité et de peur que les choses surnaturelles ne deviennent plus inquiétantes, il m'a fallu changer de 'bureau'. Grâce aux circonstances et aux rencontres, j'ai changé de bureau. Et c'est ainsi que je me suis ainsi retrouvée sous 18kg de parmesan (j'aurais préféré la mimolette mais bon).
Le 'QG' de la Volvo Ocean Race est à Alicante. Et c'est là, dans la cafèt' de la plus grande course des plus gros voiliers du moment que l'aventure de Tara Tari s'est installée quelques jours. Après mon passage sur le plan d'eau de la Coupe de l'America, je me retrouve au coeur de l'organisation de La Volvo Ocean Race. La volvo, course si extrême, si lointaine à mon aventure. Et pourtant l'accueil est aussi grand que ces impressionnants bateaux. J'avais découvert le monde de la VOR il y a quelques années, en 2009 j'avais été invitée à Singapour pour l'escale locale de ces géants autour du monde.
Ces monstres m'impressionnent. Ou plutôt ce qu'endure les marins à bord. En quelques photos, en quelques images on comprend le choix de "Life at the extreme" comme slogan de la course. D'un extrême à l'autre, Tara Tari au coeur de la Volvo Ocean Race. Et malgré cet immense décalage, la grande famille VOR m'a ouvert grand les bras (et la machine à café et la connexion wi-fi) à Alicante.
Tara Tari est le voilier le plus opposé à un VOR. Les seuls points communs seraient : voiliers monocoques; ont été à Alicante; ont prévu d'aller à Miami au mois de mai. Pas grand chose d'autres. Ah si, Knut Frostad en a trouvé une autre! Car Knut, directeur général de la course a pris le temps de parler un peu avec moi. Il m'a expliqué que les gars avaient tous un sextant à bord des VOR70. Knut a été très réceptif à la philosophie de mon aventure. Tout comme Gonzalo Infante, responsable de la salle de contrôle et météorologue de la course, qui m'a fait un super briefing météo. - thanks again Gonzalo!
La salle de contrôle de la Volvo est assez impressionnante. Une pièce dans laquelle on entre avec un badge spécial et qui ressemble à une cellule de crise d'une série américaine depuis laquelle on gèrerait une attaque terroriste. Dans cette pièce assez sombre, il y a des images de la course en haut des murs qui défilent sur plusieurs écrans. Au coeur de la pièce, un cercle d'écrans d'ordinateurs: sur quelques uns s'affichent des mails, sur d'autres, des cartes et la progression des bateaux. Et alors qu'il surveille ce qu'il se passe en mer de Chine, Gonzalo ouvre un petit ordi, affiche la zone d'Alicante à Gibraltar. C'est excellent et surréaliste : les VOR70 et la mer de Chine, et à 2cm de ces écrans-là, Tara Tari et la mer Méditerranée. Gonzalo me dit que les Volvo et moi prenons le même chemin, il m'indique quelques petits trucs à savoir sur les courants et les vents. Des petits trucs qu'il a expliqué aux équipages avant leur départ d'Alicante. TaraTari et les VOR, même combat pour la sortie de la Med! à quelques détails près, car si les monstres allaient chercher le vent et la pression, moi je cherche à l'éviter un peu. Le cours dure presque deux heures. Gonzalo m'aide vraiment sur ce coup-là.
Retour dans mon bureau-cafèt'. Toujours sous 18kg de parmesan et avec un bon café au lait, je discute avec Sidney sur skype. La Volvo, il connaît bien. Et ici, il y a son copain Rick Deppe qui était media man sur Puma et qui est à la direction de la com' dans l'orga maintenant. Bref, grande famille cette volvo et ces voileux en général. Ce n'est pas nouveau mais c'est toujours sympa, ces connexions. A bord de Puma, lors de la dernière édition, Sidney Gavignet avait accepté de devenir le parrain de mon projet de mini 6.50 (projet perturbé par mes problèmes de santé). Sidney, qui prépare la mise à l'eau de son MOD70 Oman Sail, m'aide, me met en contact avec des amis à lui qui sont à Gibraltar et au Maroc. j'ai été très touchée en voyant que Sidney évoquait mon aventure sur son site (sidneygavignet.com). Tout s'organise petit à petit et grâce à l'aide de tous. - Encore merci, Sidney!
Alors voilà, à Alicante, malgré le froid, la pluie, la neige à quelques kilomètres et tout ça, j'ai trouvé un accueil bien chaleureux. Agathe Armand, rédactrice française pour le site de la course m'a même prêté son canap' (un gentil canap' cette fois, le genre de canap' qui n'est pas en cuir jaune) pour passer les nuits glaciales au chaud. Agathe a été super et c'est amusant de se dire que des amitiés peuvent démarrer ainsi, un peu au hasard des circonstances dans une ville d'Espagne, car nous ne nous connaissions pas avant. Cette journaliste a fait un joli texte sur l'escale de Tara Tari a Alicante : à lire ici. J'ai pu voir le déroulement de ses journées de suivi course assez instenses et j'ai même pu écouter en "live" sa conversation pro avec Yann Riou, à bord de Groupama! C'était super sympa d'entendre Yann, en approche de la Chine. tout ça et plus encore c'était top! Encore merci, Agathe !
En quelques jours, je me suis donc familiarisée avec l'équipe de l'organisation de la course, dans des discussions qui mélangeaient l'anglais et l'espagnol. Juste avant mon départ, j'ai reçu un joli cadeau.
2,5 kg de poulet lyophilisé pour ma traversée, de la part du bateau Telefonica! Wouaou! Ces boîtes confiées à l'orga pour le musée volvo changent de bateau et embarquent pour une nouvelle aventure. J'avais rencontré Iker Martinez, le skipper de Telefonica, sa femme et ses amis, il y a un peu plus d'un an, nous étions à la même table, dans la crêperie de Marie, à Portlaforêt. Du coup en regardant les boîtes de poulet, j'ai une minute de nostalgie en pensant aux crêpes au chocolat de Marie, mes préférées. Normal de penser à une crêpe au chocolat en regardant du poulet séché.
Je passe du temps à bichonner Tara Tari. Faire sécher les cartes et mes affaires sur le ponton, et bricoler... toujours quelques choses à faire.
A Lorient, Remi m'avait présenté Cécile qui, à La Ciotat, m'a fait connaître Gérald qui, de Bruxelles, m'a mis en contact avec Pierre, à Alicante. Pierre a demandé mon numéro à Rick Deppe, l'ami de Sidney et du coup j'ai rencontré Pierre et sa femme, Iris. Pierre et Iris ont été géniaux avec moi. C'est aussi grâce à eux, à Teresa et Helena que je suis intervenue à l'OHMI, (antenne espagnole de la commission européenne, située à Alicante). Tout ça pour dire que c'est comme ça que je suis passée dans la même journée de "bricoleuse", là (-dans l'eau et la rouille) :
à "conférencière", là (- dans les prestigieux locaux de OHMI) :
Il faut savoir s'adapter à tout. C'était grandiose ce moment de partage. Presque 3h à parler de l'aventure, à répondre aux questions des uns et des autres... Parler des doutes, des moments heureux... c'était super chouette et émouvant aussi, car nous avons évoqué mes problèmes de santé et tout ce que l'aventure représentait pour moi. En plus de la conférence, un relais de l'aventure a été mis en ligne sur l'intranet de l'OHMI. - encore Merci! Iris, Teresa et Helena!
Et en fin d'après midi, je retournais sous les 18kg de Parmesan pour répondre via Skype à l'interview de Thibault et Carlo, élèves du Lycée Français de Barcelone, pour un point sur l'aventure dans leur émission radio "Café des Sport". - encore Merci Thibault et Carlo!
Et puis je suis retournée au bateau, ranger les boîtes de poulet lyophilisé.
Ah. Mais que vois-je ?
Sur les boîtes, une date de péremption.
"A consommer avant fin 2034 ".
mouai.
Je sais que je n'avance pas vite, mais tout de même.
Remarque, ça me laisse 22 ans pour arriver aux Antilles avec du poulet encore bon.
Capucine
Non, vraiment. Vraiment pas fastoche de trouver prise électrique ET wi-fi au même endroit. A la marina d'Alicante c'est plutôt grand luxe, car en plus de la prise ET de la connexion, il y a : un canap' ET du chauffage. La grande classe. Ça fait 4 choses top confort et pourtant il y a un hic*. (*hic: de la locution latine "hic est quaestio". nom commun masculin. principale difficulté d'une affaire.) Un hic assez redoutable, un hic en cuir, un hic tout jaune et qui a la forme d'un canapé. A chaque fois que je me suis assise dans ce hic, enfin je veux dire dans ce canapé en cuir jaune et mou, il m'a semblé qu'une force surnaturelle cherchait à m'avaler toute crue dans ses coussins. Le canap' de la marina, le voilà, le hic. C'est un piège. Un piège auquel le chauffage n'arrange rien. Mais vraiment rien. Je dirais même qu'il est complice. Le canapé et son complice m'ont fait écrire des choses complètement incohérentes. Un petit moment de faiblesse, et hop, sans rien comprendre à ce qu'il s'est passé, j'ai découvert quelques instants plus tard trois lignes de "kperjaepkjrpakjekajpejadnnnnbbvcccccckjsdnoaherkajndoaennnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn" au milieu de mes explications de fabrication du loch. Complètement incohérent. J'ai relu quatre fois. Mais non, je crois que cela ne veut rien dire du tout. Ce confort jaune et mou, mi canap' mi glouton, ce caracajou snobinard et ses 25°C m'ont valu de m'endormir deux fois en pleine écriture. Scandaleux. Par souci d'efficacité et de peur que les choses surnaturelles ne deviennent plus inquiétantes, il m'a fallu changer de 'bureau'. Grâce aux circonstances et aux rencontres, j'ai changé de bureau. Et c'est ainsi que je me suis ainsi retrouvée sous 18kg de parmesan (j'aurais préféré la mimolette mais bon).
Le 'QG' de la Volvo Ocean Race est à Alicante. Et c'est là, dans la cafèt' de la plus grande course des plus gros voiliers du moment que l'aventure de Tara Tari s'est installée quelques jours. Après mon passage sur le plan d'eau de la Coupe de l'America, je me retrouve au coeur de l'organisation de La Volvo Ocean Race. La volvo, course si extrême, si lointaine à mon aventure. Et pourtant l'accueil est aussi grand que ces impressionnants bateaux. J'avais découvert le monde de la VOR il y a quelques années, en 2009 j'avais été invitée à Singapour pour l'escale locale de ces géants autour du monde.
Ces monstres m'impressionnent. Ou plutôt ce qu'endure les marins à bord. En quelques photos, en quelques images on comprend le choix de "Life at the extreme" comme slogan de la course. D'un extrême à l'autre, Tara Tari au coeur de la Volvo Ocean Race. Et malgré cet immense décalage, la grande famille VOR m'a ouvert grand les bras (et la machine à café et la connexion wi-fi) à Alicante.
Tara Tari est le voilier le plus opposé à un VOR. Les seuls points communs seraient : voiliers monocoques; ont été à Alicante; ont prévu d'aller à Miami au mois de mai. Pas grand chose d'autres. Ah si, Knut Frostad en a trouvé une autre! Car Knut, directeur général de la course a pris le temps de parler un peu avec moi. Il m'a expliqué que les gars avaient tous un sextant à bord des VOR70. Knut a été très réceptif à la philosophie de mon aventure. Tout comme Gonzalo Infante, responsable de la salle de contrôle et météorologue de la course, qui m'a fait un super briefing météo. - thanks again Gonzalo!
Gonzalo Infante, météorologue de la Volvo Ocean Race |
Retour dans mon bureau-cafèt'. Toujours sous 18kg de parmesan et avec un bon café au lait, je discute avec Sidney sur skype. La Volvo, il connaît bien. Et ici, il y a son copain Rick Deppe qui était media man sur Puma et qui est à la direction de la com' dans l'orga maintenant. Bref, grande famille cette volvo et ces voileux en général. Ce n'est pas nouveau mais c'est toujours sympa, ces connexions. A bord de Puma, lors de la dernière édition, Sidney Gavignet avait accepté de devenir le parrain de mon projet de mini 6.50 (projet perturbé par mes problèmes de santé). Sidney, qui prépare la mise à l'eau de son MOD70 Oman Sail, m'aide, me met en contact avec des amis à lui qui sont à Gibraltar et au Maroc. j'ai été très touchée en voyant que Sidney évoquait mon aventure sur son site (sidneygavignet.com). Tout s'organise petit à petit et grâce à l'aide de tous. - Encore merci, Sidney!
Sidney Gavignet - Oman Sail |
Alors voilà, à Alicante, malgré le froid, la pluie, la neige à quelques kilomètres et tout ça, j'ai trouvé un accueil bien chaleureux. Agathe Armand, rédactrice française pour le site de la course m'a même prêté son canap' (un gentil canap' cette fois, le genre de canap' qui n'est pas en cuir jaune) pour passer les nuits glaciales au chaud. Agathe a été super et c'est amusant de se dire que des amitiés peuvent démarrer ainsi, un peu au hasard des circonstances dans une ville d'Espagne, car nous ne nous connaissions pas avant. Cette journaliste a fait un joli texte sur l'escale de Tara Tari a Alicante : à lire ici. J'ai pu voir le déroulement de ses journées de suivi course assez instenses et j'ai même pu écouter en "live" sa conversation pro avec Yann Riou, à bord de Groupama! C'était super sympa d'entendre Yann, en approche de la Chine. tout ça et plus encore c'était top! Encore merci, Agathe !
En quelques jours, je me suis donc familiarisée avec l'équipe de l'organisation de la course, dans des discussions qui mélangeaient l'anglais et l'espagnol. Juste avant mon départ, j'ai reçu un joli cadeau.
2,5 kg de poulet lyophilisé pour ma traversée, de la part du bateau Telefonica! Wouaou! Ces boîtes confiées à l'orga pour le musée volvo changent de bateau et embarquent pour une nouvelle aventure. J'avais rencontré Iker Martinez, le skipper de Telefonica, sa femme et ses amis, il y a un peu plus d'un an, nous étions à la même table, dans la crêperie de Marie, à Portlaforêt. Du coup en regardant les boîtes de poulet, j'ai une minute de nostalgie en pensant aux crêpes au chocolat de Marie, mes préférées. Normal de penser à une crêpe au chocolat en regardant du poulet séché.
Je passe du temps à bichonner Tara Tari. Faire sécher les cartes et mes affaires sur le ponton, et bricoler... toujours quelques choses à faire.
A Lorient, Remi m'avait présenté Cécile qui, à La Ciotat, m'a fait connaître Gérald qui, de Bruxelles, m'a mis en contact avec Pierre, à Alicante. Pierre a demandé mon numéro à Rick Deppe, l'ami de Sidney et du coup j'ai rencontré Pierre et sa femme, Iris. Pierre et Iris ont été géniaux avec moi. C'est aussi grâce à eux, à Teresa et Helena que je suis intervenue à l'OHMI, (antenne espagnole de la commission européenne, située à Alicante). Tout ça pour dire que c'est comme ça que je suis passée dans la même journée de "bricoleuse", là (-dans l'eau et la rouille) :
à "conférencière", là (- dans les prestigieux locaux de OHMI) :
Il faut savoir s'adapter à tout. C'était grandiose ce moment de partage. Presque 3h à parler de l'aventure, à répondre aux questions des uns et des autres... Parler des doutes, des moments heureux... c'était super chouette et émouvant aussi, car nous avons évoqué mes problèmes de santé et tout ce que l'aventure représentait pour moi. En plus de la conférence, un relais de l'aventure a été mis en ligne sur l'intranet de l'OHMI. - encore Merci! Iris, Teresa et Helena!
Et en fin d'après midi, je retournais sous les 18kg de Parmesan pour répondre via Skype à l'interview de Thibault et Carlo, élèves du Lycée Français de Barcelone, pour un point sur l'aventure dans leur émission radio "Café des Sport". - encore Merci Thibault et Carlo!
Et puis je suis retournée au bateau, ranger les boîtes de poulet lyophilisé.
Ah. Mais que vois-je ?
Sur les boîtes, une date de péremption.
"A consommer avant fin 2034 ".
mouai.
Je sais que je n'avance pas vite, mais tout de même.
Remarque, ça me laisse 22 ans pour arriver aux Antilles avec du poulet encore bon.
Capucine
dimanche 12 février 2012
Puisque l'on ne peut planter la mer...
Alicante. 27 janvier 2012.
Il aura fallu environ une nuit et quatorze milles virements de bords pour passer de la baie de Campello à l'entrée du port d'Alicante. Quelques cargos, du près et du froid... l'arrivée à Alicante a semblé interminable.
5 jours et 6 nuits en mer. Après la tranquillité, la vue des immeubles est presque agressive. Quel décalage. On se déshabitue tellement vite à la vie trop rapide de la ville. Aucune arrivée de port ne se ressemble, et celle-ci est pleine de surprises. D'abord il y a ce truc, que je voyais de loin qui n'est pas un ferry; je pense que je me suis demandée au moins vingt fois "mais qu'est ce que c'est que ce truc?!" en regardant dans les jumelles ce gros machin lumineux, avant de comprendre qu'il s'agissait d'un château, juste au dessus d'Alicante. Il y a aussi eu ce cargo qui, visiblement n'arrivait pas à se 'garer' dans l'aire de mouillage et qui a tourné en rond, marche avant, marche arrière, pendant de longues heures sans que j'arrive à comprendre le but de sa manoeuvre. Rien de grave, me direz-vous, tant qu'il ne termine pas échoué sur une plage bretonne. Enfin voilà, une nuit de virements de bords plus tard, TaraTari entre enfin dans le port et toujours la voile. Il fait un froid glacial. Sur le quai qu'il faut longer pour atteindre la marina, il y a un enregistrement de cris de goélands qui résonne, un TP52 et surtout un VOR70, à quelques mètres seulement de là où je peux amarrer Tara Tari.
Il est 7h, il fait nuit et je m'endors, gelée dans le bateau. Et en me réveillant quelques heures plus tard, il me faut quelques minutes pour comprendre où je suis.
Un vrai château de dessin animé qui - pour résumer - a été construit par des gens il y a très très longtemps, puis pris par des méchants, repris ensuite par les gentils, repris peu après par d'autres méchants, avant de se faire en partie démolir par d'autres gentils pour faire partir les méchants qui sont finalement partis et qui ont donc permis aux premiers gentils de récupérer le château un peu démoli. A la fin de l'histoire, le château porte le nom un peu ringard de Santa Barbara, est éclairé par des lumières vertes et jaunes la nuit, et se retrouve dessiné sur les plaques d'égouts de la ville. - pour résumer.
En même temps, je comprends tous ces crêpages de chignons pour récupérer le château. La vue est sympa de là-haut.
Enfin, comme souvent, tout dépend du point de vue que l'on choisit.
Car de là-haut, la vue, ça peut aussi être ça :
Aussi, là haut, après avoir dit "oh, cette vue, que c'est joli" on peut s'amuser à faire la présentatrice météo pour tenter de montrer où se trouve TaraTari dans le port.
Et voilà, pour résumer la visite du truc à visiter quand on est à Alicante.
ok, je reconnais, je ne suis pas très inspirée.
L'inspiration est ailleurs.
Dans un citron.
Ou plutôt dans un citronnier.
je ne suis pas une bonne touriste. je n'ai jamais vraiment aimer la foule et puis je ne peux pas passer des heures à piétiner dans ces endroits vus et revus. A la visite d'Alicante, je préfère l'escapade dans les montagnes qui entourent cette ville qui fourmille.
Yannick, un ami venu me voir pendant ses vacances, à trouver un petit moyen de locomotion et nous sommes donc partis en exploration des montagnes qui se trouvent un peu plus loin de la ville. La brume, le froid et les odeurs des montagnes me transportent loin de la mer, le temps d'une journée. C'est la première fois que je passe autant d'heures loin de Tara Tari et cela me fait un peu bizarre. Yannick pense que m'éloigner un peu du port et des passants qui m'interrogent sans cesse me fera du bien.
Quelque part au milieu de ces montagnes, au milieu de ce nul part qui sent bon les arbres et la sève, je m'émerveille devant l'organisation des cultures des différents versants. Une organisation par paliers qui semble inspirée de l'intelligente méthode des Incas du Machu Picchu. Ici, ce n'est pas le Pérou, puisque nous sommes à quelques kilomètres d'Alicante, mais c'est assez impressionnant. Quelques rares âmes qui vivent rassemblées dans de rares villages d'altitude et un nombre infini d'arbres fruitiers. Orangers, clémentiniers, cerisiers et aussi citronniers vivent en bons voisins. Quel endroit. Une planète à part. Celle des agrumes. Paradis de fruits et de vitamines dans ces cailloux et dans ces roches peu accueillantes. Ici, même les moutons se nourrissent d'oranges et de clémentines.
Je passerais des heures, béate au milieu de ces arbres fruitiers qui me fascinent autant qu'un passionné d'art s'extasie devant un tableau de Van Gogh. Question d'impressions, d'impressionnisme. Et de vitamines aussi. Tous ces petits fruits oranges et jaunes colorent la vie dans ces roches fades et tristes.
Et au milieu de beaucoup d'autres citronnier, il y a eu ce citronnier.
Aussi incomprise que le passionné qui, dans le musée, s'émerveille devant une toile que personne d'autre que lui ne semble remarquer, je reste en silence devant ce citronnier. Il n'avait rien de plus que les autres, ce citronnier. Rien de moins non plus. C'était un citronnier parmi tant d'autres et pourtant il avait quelque chose de particulier. Yannick est allé voir d'autres arbres et je ne le vois plus. Seule à côté de ce citronnier, je m'émerveille en secret. les yeux levés vers l'arbre fruitier.
Des citrons aussi beaux que des étoiles.
Qui peut comprendre, la beauté des arbres.
Les arbres, de vrais artistes.
C'est une chose qui manque à la mer, ça, les arbres fruitiers.
La mer et les arbres fruitiers partagent pourtant la même simplicité, la même vie plus ou moins rude selon les saisons. Les inventeurs devaient être de bons copains. L'un a fait la mer qui offre des poissons et l'autre a fait un arbre qui offre des citrons. C'est assez compatible, finalement, d'aimer la mer et les arbres fruitiers, d'aimer le poisson et le citron.
Il est difficile de planter la mer pour obtenir des poissons, mais il est relativement facile de planter un arbre pour avoir un citron. Et même plusieurs citrons. C'est une bonne chose de planter un arbre. On ne le fait pas assez souvent dans la vie et pourtant, ce n'est pas très compliqué.
Les citronniers aiment le soleil et craignent le vent. L'arbre, robuste, peut vivre 80 ans en donnant de bons fruits toute l'année, sur un sol bien drainé. Et de jolies petites fleurs aussi. Même s'il fait moins 5°C, le citronnier travaille. S'il pleut trop, le risque, c'est d'obtenir une limonade. Pas très grave.
Quand je serai grande, - parce qu'une petite fille m'a posé la question à Barcelone - je ne sais toujours pas ce que je ferai ni où je serai, mais j'espère pouvoir planter des arbres fruitiers dans une terre encore un peu épargnée. Entendre l'arbre pousser, et trouver ça joli. L'idée me plaît. Et puis, ma chère maman trouvera ce projet certainement plus calme et reposant à suivre.
La nuit va tomber. Quelques mots au citronnier après ce partage jaune et vert.
Il est temps de retourner à bord de Tara Tari et de changer la drisse du foc, qui semble un peu fatiguée. Qu'il soit voilier ou arbre fruitier, l'important est de bien en prendre soin.
Capucine
Il aura fallu environ une nuit et quatorze milles virements de bords pour passer de la baie de Campello à l'entrée du port d'Alicante. Quelques cargos, du près et du froid... l'arrivée à Alicante a semblé interminable.
5 jours et 6 nuits en mer. Après la tranquillité, la vue des immeubles est presque agressive. Quel décalage. On se déshabitue tellement vite à la vie trop rapide de la ville. Aucune arrivée de port ne se ressemble, et celle-ci est pleine de surprises. D'abord il y a ce truc, que je voyais de loin qui n'est pas un ferry; je pense que je me suis demandée au moins vingt fois "mais qu'est ce que c'est que ce truc?!" en regardant dans les jumelles ce gros machin lumineux, avant de comprendre qu'il s'agissait d'un château, juste au dessus d'Alicante. Il y a aussi eu ce cargo qui, visiblement n'arrivait pas à se 'garer' dans l'aire de mouillage et qui a tourné en rond, marche avant, marche arrière, pendant de longues heures sans que j'arrive à comprendre le but de sa manoeuvre. Rien de grave, me direz-vous, tant qu'il ne termine pas échoué sur une plage bretonne. Enfin voilà, une nuit de virements de bords plus tard, TaraTari entre enfin dans le port et toujours la voile. Il fait un froid glacial. Sur le quai qu'il faut longer pour atteindre la marina, il y a un enregistrement de cris de goélands qui résonne, un TP52 et surtout un VOR70, à quelques mètres seulement de là où je peux amarrer Tara Tari.
Il est 7h, il fait nuit et je m'endors, gelée dans le bateau. Et en me réveillant quelques heures plus tard, il me faut quelques minutes pour comprendre où je suis.
- sauf que les VOR70 ont remplacé les caravelas - |
En même temps, je comprends tous ces crêpages de chignons pour récupérer le château. La vue est sympa de là-haut.
Enfin, comme souvent, tout dépend du point de vue que l'on choisit.
Car de là-haut, la vue, ça peut aussi être ça :
Aussi, là haut, après avoir dit "oh, cette vue, que c'est joli" on peut s'amuser à faire la présentatrice météo pour tenter de montrer où se trouve TaraTari dans le port.
Et voilà, pour résumer la visite du truc à visiter quand on est à Alicante.
ok, je reconnais, je ne suis pas très inspirée.
L'inspiration est ailleurs.
Dans un citron.
Ou plutôt dans un citronnier.
je ne suis pas une bonne touriste. je n'ai jamais vraiment aimer la foule et puis je ne peux pas passer des heures à piétiner dans ces endroits vus et revus. A la visite d'Alicante, je préfère l'escapade dans les montagnes qui entourent cette ville qui fourmille.
Yannick, un ami venu me voir pendant ses vacances, à trouver un petit moyen de locomotion et nous sommes donc partis en exploration des montagnes qui se trouvent un peu plus loin de la ville. La brume, le froid et les odeurs des montagnes me transportent loin de la mer, le temps d'une journée. C'est la première fois que je passe autant d'heures loin de Tara Tari et cela me fait un peu bizarre. Yannick pense que m'éloigner un peu du port et des passants qui m'interrogent sans cesse me fera du bien.
Quelque part au milieu de ces montagnes, au milieu de ce nul part qui sent bon les arbres et la sève, je m'émerveille devant l'organisation des cultures des différents versants. Une organisation par paliers qui semble inspirée de l'intelligente méthode des Incas du Machu Picchu. Ici, ce n'est pas le Pérou, puisque nous sommes à quelques kilomètres d'Alicante, mais c'est assez impressionnant. Quelques rares âmes qui vivent rassemblées dans de rares villages d'altitude et un nombre infini d'arbres fruitiers. Orangers, clémentiniers, cerisiers et aussi citronniers vivent en bons voisins. Quel endroit. Une planète à part. Celle des agrumes. Paradis de fruits et de vitamines dans ces cailloux et dans ces roches peu accueillantes. Ici, même les moutons se nourrissent d'oranges et de clémentines.
Je passerais des heures, béate au milieu de ces arbres fruitiers qui me fascinent autant qu'un passionné d'art s'extasie devant un tableau de Van Gogh. Question d'impressions, d'impressionnisme. Et de vitamines aussi. Tous ces petits fruits oranges et jaunes colorent la vie dans ces roches fades et tristes.
Et au milieu de beaucoup d'autres citronnier, il y a eu ce citronnier.
Aussi incomprise que le passionné qui, dans le musée, s'émerveille devant une toile que personne d'autre que lui ne semble remarquer, je reste en silence devant ce citronnier. Il n'avait rien de plus que les autres, ce citronnier. Rien de moins non plus. C'était un citronnier parmi tant d'autres et pourtant il avait quelque chose de particulier. Yannick est allé voir d'autres arbres et je ne le vois plus. Seule à côté de ce citronnier, je m'émerveille en secret. les yeux levés vers l'arbre fruitier.
Des citrons aussi beaux que des étoiles.
Qui peut comprendre, la beauté des arbres.
Les arbres, de vrais artistes.
C'est une chose qui manque à la mer, ça, les arbres fruitiers.
La mer et les arbres fruitiers partagent pourtant la même simplicité, la même vie plus ou moins rude selon les saisons. Les inventeurs devaient être de bons copains. L'un a fait la mer qui offre des poissons et l'autre a fait un arbre qui offre des citrons. C'est assez compatible, finalement, d'aimer la mer et les arbres fruitiers, d'aimer le poisson et le citron.
Il est difficile de planter la mer pour obtenir des poissons, mais il est relativement facile de planter un arbre pour avoir un citron. Et même plusieurs citrons. C'est une bonne chose de planter un arbre. On ne le fait pas assez souvent dans la vie et pourtant, ce n'est pas très compliqué.
Les citronniers aiment le soleil et craignent le vent. L'arbre, robuste, peut vivre 80 ans en donnant de bons fruits toute l'année, sur un sol bien drainé. Et de jolies petites fleurs aussi. Même s'il fait moins 5°C, le citronnier travaille. S'il pleut trop, le risque, c'est d'obtenir une limonade. Pas très grave.
Quand je serai grande, - parce qu'une petite fille m'a posé la question à Barcelone - je ne sais toujours pas ce que je ferai ni où je serai, mais j'espère pouvoir planter des arbres fruitiers dans une terre encore un peu épargnée. Entendre l'arbre pousser, et trouver ça joli. L'idée me plaît. Et puis, ma chère maman trouvera ce projet certainement plus calme et reposant à suivre.
La nuit va tomber. Quelques mots au citronnier après ce partage jaune et vert.
Il est temps de retourner à bord de Tara Tari et de changer la drisse du foc, qui semble un peu fatiguée. Qu'il soit voilier ou arbre fruitier, l'important est de bien en prendre soin.
Capucine
samedi 4 février 2012
atelier bidouille : le loch
Alicante. 26 janvier 2012.
A bord de TaraTari, on avance à fond les ballons et pourtant on compte la vitesse en noeuds, pas en ballons. En fait, on compte en noeuds à bord de tous les bateaux parce qu'avant il n'y avait pas d'instrument électronique qui affichait la vitesse, comme ça tout seul sans rien demander à personne.
Du coup, on utilisait un loch (il faut prononcer lok) pour obtenir la vitesse de déplacement du bateau sur l'eau, en surface. "Loch" vient du néerlandais log qui signifie bûche ou morceau de bois. Les premiers lochs étaient de petits flotteurs en forme de triangle de bois appelé bateau. Celui-ci était lesté pour s'enfoncer perpendiculairement au sens d'avancement du navire et relié à une ligne dont les graduations étaient constituées par des noeuds espacés de 14,40m si le bateau était anglais et 18,52m pour les autres. Le flotteur était lancé à la mer par l'arrière et on laissait filer la ligne. Les marins déclenchaient un sablier en observant le défilement des noeuds: le temps de défilement donnait alors la vitesse. Et connaître la vitesse, c'est très important pour pouvoir naviguer à l'estime.
Alors aujourd'hui, je me suis amusée à fabriquer mon propre loch pour calculer la vitesse de TaraTari! C'est facile à faire et ça occupe dans le petit temps :)
Cette méthode est valable quand il n'y a pas trop de courant (de fond ou de marées) et il faut simplement savoir que 1 noeud = 1 mille nautique par heure, ce qui correspond à 1852 mètres en 3600 secondes. Petite démo en vidéo :
Étapes de fabrication d'un loch :
Matériel :
* un bout d'environ 25 mètres
* une main
* une bouteille en plastique sans étiquette
* un petit bout d'environ 25 cm
1 - Attacher la bouteille au bout du bout
Pour que la bouteille tienne bien, un noeud de cabestan + un petit noeud de buttée suffisent. Noeud de cabestan:
+ petit noeud de butée et voilà le résultat :
3 - Le premier noeud :
Il faut laisser quelques mètres entre la bouteille et le premier noeud que l'on fait sur le bout. Je laisse 4 mètres, et je fait un premier noeud 'tout bête'.
4 - le 2ème noeud.
Il doit se trouver à 18,52 mètres du premier noeud. (parce que je n'ai pas de bout qui mesure près de 2km..). Pour compter les mètres de bout, j'utilise ma main car je sais qu'elle fait 20cm.
Quand on a compté 1 mètre de bout grâce à sa main, il suffit de replier le mètre le long du bout et répéter la manip 18 fois. On obtient 18 mètres.
Ensuite, je me sers de ma main et d'un bout plus petit pour trouver les 52cm manquants. Je fais un noeud sur le petit bout et une petite marque 20cm plus loin, je le replie et trouve donc 10cm, je le replie encore et trouve 5cm et encore et j'ai 2,5cm... j'estime que le pli fait 0,5cm et je fais une marque là où je pense avoir 2cm. je vérifie avec la règle Jean Cras (indispensable à bord!) et - héhé - ma marque est bien située à 2cm.
Maintenant que j'ai trouvé les 18,52cm, je fais le 2ème noeud 'tout bête'.
5 - Remplir la bouteille
Pour assurer la flottabilité de la bouteille, il faut la remplir mais laisser un peu d'air quand même dedans. L'eau de mer fait l'affaire.
6 - Prendre la pose.
Tout est prêt pour la démo. Il faut enlever bonnet et ciré (car maintenant le soleil réchauffe) et prendre la pose : sourire de couverture de magazine télé, pour le côté glamour de la fabrication du loch.
7 - Tournage
Profitez de la venue d'un ami breton en vacances - ici Yannick Le Clech - pour filmer la démo en une seule prise.
8 - Féliciter très fort Tara Tari, qui a tenu le premier rôle dans cette histoire.
Et voilà!
L'atelier bidouille du jour est terminé avec, comme récompense, un loch qui ne tombera pas en panne :)
Capucine
A bord de TaraTari, on avance à fond les ballons et pourtant on compte la vitesse en noeuds, pas en ballons. En fait, on compte en noeuds à bord de tous les bateaux parce qu'avant il n'y avait pas d'instrument électronique qui affichait la vitesse, comme ça tout seul sans rien demander à personne.
Du coup, on utilisait un loch (il faut prononcer lok) pour obtenir la vitesse de déplacement du bateau sur l'eau, en surface. "Loch" vient du néerlandais log qui signifie bûche ou morceau de bois. Les premiers lochs étaient de petits flotteurs en forme de triangle de bois appelé bateau. Celui-ci était lesté pour s'enfoncer perpendiculairement au sens d'avancement du navire et relié à une ligne dont les graduations étaient constituées par des noeuds espacés de 14,40m si le bateau était anglais et 18,52m pour les autres. Le flotteur était lancé à la mer par l'arrière et on laissait filer la ligne. Les marins déclenchaient un sablier en observant le défilement des noeuds: le temps de défilement donnait alors la vitesse. Et connaître la vitesse, c'est très important pour pouvoir naviguer à l'estime.
Alors aujourd'hui, je me suis amusée à fabriquer mon propre loch pour calculer la vitesse de TaraTari! C'est facile à faire et ça occupe dans le petit temps :)
Cette méthode est valable quand il n'y a pas trop de courant (de fond ou de marées) et il faut simplement savoir que 1 noeud = 1 mille nautique par heure, ce qui correspond à 1852 mètres en 3600 secondes. Petite démo en vidéo :
Étapes de fabrication d'un loch :
Matériel :
* un bout d'environ 25 mètres
* une main
* une bouteille en plastique sans étiquette
* un petit bout d'environ 25 cm
1 - Attacher la bouteille au bout du bout
Pour que la bouteille tienne bien, un noeud de cabestan + un petit noeud de buttée suffisent. Noeud de cabestan:
+ petit noeud de butée et voilà le résultat :
3 - Le premier noeud :
Il faut laisser quelques mètres entre la bouteille et le premier noeud que l'on fait sur le bout. Je laisse 4 mètres, et je fait un premier noeud 'tout bête'.
4 - le 2ème noeud.
Il doit se trouver à 18,52 mètres du premier noeud. (parce que je n'ai pas de bout qui mesure près de 2km..). Pour compter les mètres de bout, j'utilise ma main car je sais qu'elle fait 20cm.
très pratique de savoir combien mesure sa main |
20cm + 20cm + 20cm + 20cm + 20cm |
Ensuite, je me sers de ma main et d'un bout plus petit pour trouver les 52cm manquants. Je fais un noeud sur le petit bout et une petite marque 20cm plus loin, je le replie et trouve donc 10cm, je le replie encore et trouve 5cm et encore et j'ai 2,5cm... j'estime que le pli fait 0,5cm et je fais une marque là où je pense avoir 2cm. je vérifie avec la règle Jean Cras (indispensable à bord!) et - héhé - ma marque est bien située à 2cm.
Maintenant que j'ai trouvé les 18,52cm, je fais le 2ème noeud 'tout bête'.
5 - Remplir la bouteille
Pour assurer la flottabilité de la bouteille, il faut la remplir mais laisser un peu d'air quand même dedans. L'eau de mer fait l'affaire.
6 - Prendre la pose.
Tout est prêt pour la démo. Il faut enlever bonnet et ciré (car maintenant le soleil réchauffe) et prendre la pose : sourire de couverture de magazine télé, pour le côté glamour de la fabrication du loch.
7 - Tournage
Profitez de la venue d'un ami breton en vacances - ici Yannick Le Clech - pour filmer la démo en une seule prise.
8 - Féliciter très fort Tara Tari, qui a tenu le premier rôle dans cette histoire.
Et voilà!
L'atelier bidouille du jour est terminé avec, comme récompense, un loch qui ne tombera pas en panne :)
Capucine
vendredi 3 février 2012
un peu à l'ouest
Valence - Alicante. le 24 janvier. toujours en mer.
Le passage du Cap de la Nao s'est bien passé malgré la nuit (ce qui devient une habitude pour chaque passage de cap important), malgré le vent fort et de face, et malgré la mer qui s'est formée autour de cette avancée de roche dans la mer. Le lendemain, en faisant un énième point, j'ai dû me rendre à l'évidence. Je ne devrais peut-être pas l'écrire mais en même temps pourquoi le cacher? J'imagine que c'est arrivé à d'autres, avant nous. Plusieurs vérifications. Aucun doute: avec Tara Tari, nous sommes à l'Ouest.
Aujourd'hui nous sommes passés de l'autre côté du méridien de Greenwhich.
De ce fait, nous sommes à l'Ouest.
Where is Tara Tari? On se le demande depuis toujours et on doit une fière chandelle à Eratosthène, Galilée et les autres, qui ont passé du temps à réfléchir à la question. Mathématiciens et physiciens s'y sont mis à plusieurs et pendant un paquet d'années pour tracer des traits dans tous les sens sur la planète et tout ça pour permettre de localiser Tara Tari. Je ne suis pas super fan des équations mathématiques, mais dire que TaraTari est entre une vague et une autre vague aurait été trop vague. On utilise donc des coordonnées en degrés, en minutes et en secondes, les fameuses "latitude" et "longitude". C'est exactement le même principe que dire "B-6" dans un jeu de bataille navale.
Je vais essayer de résumer la situation. La terre est une boule légèrement aplatie aux pôles, elle mesure environ 40 000 km de circonférence. Le rayon moyen est d'un peu moins de 6 400 km. La circonférence vaut 360°. Chaque degré vaut 60 minutes, chaque minute, 60 secondes. La terre tourne sur elle-même en 24 heures et autour du soleil en 365 jours ¼. La vitesse angulaire de la terre est de 15°/h soit 1667 km/h (au niveau de l'équateur). Enfin c'est ce que l'on m'a dit, je n'ai pas compté.
Prendre une orange et faire des traits selon les indications suivantes, pour bien visualiser. La Terre (l'orange) tourne sur elle-même autour de la ligne des pôle. Cette ligne des pôles est un axe qui passe par le centre de la terre et coupe la surface au pôle nord et sud (on peut utiliser une baguette chinoise pour matérialiser la ligne des pôles). L'équateur est un grand cercle perpendiculaire à la ligne des pôles qui divise la terre en 2 hémisphères: le nord (Boréal) et le sud (Austral). Des petits cercles parallèles à l'équateur et donc perpendiculaire à la ligne des pôles sont appelés "parallèle", logique. Les méridiens sont des grands cercles qui passent par les pôles donc perpendiculaire à l'équateur. Le 1er méridien est le méridien de Greenwich. La latitude de là où se trouve TaraTari est l'arc de méridien compris entre l'équateur et le parallèle de cet endroit. La latitude se compte de 0 à 90°, en degrés, minutes et secondes, vers le Nord ou vers le Sud. La longitude du lieu où se trouve TaraTari est l'arc d'équateur compris entre le 1er méridien et le méridien du fameux endroit. La longitude se compte sur l'équateur de 0 à 180°, en degrés, minutes et secondes, à partir du 1er méridien, vers l'Est ou vers l'Ouest. Maintenant que l'orange est toute gribouillée, la peler, et la manger.
Du coup avec tout ça, nous obtenons - outre une orange épluchée - une carte du monde quadrillée comme si on avait mis la Terre à plat et en prison. Le prix à payer pour savoir Where is TaraTari.
Ce qui est rassurant, c'est que les méridiens sont des demi-cercles imaginaires. Ils ont été créés pour mesurer les longitudes. Les cartographes ont défini 360 méridiens principaux. Contrairement aux latitudes qui sont mesurées à partir de l’équateur, il n’existe pas de référence naturelle équivalente pour fixer l’origine des longitudes. C’est pourquoi il a fallu créer un méridien où la longitude est définie comme égale à 0°. Ce premier méridien s'appelle le méridien de Greenwich depuis 1884. Il passe à travers de l'Observatoire royal de Greenwich, dans la banlieue de Londres qui s'appelle Greenwich. D'un côté il y a l'Est et de l'autre il y a l'Ouest.
Ce méridien va du pôle Nord au pôle Sud (l'inverse est vrai également) et passe par la Med...
Malgré une observation attentive, je n'ai vu aucune ligne peinte sur la mer, pour signaler le fameux le méridien. En revanche, ce dernier (pourtant 'premier' méridien) apparaît sur la carte et en faisant mon point, c'est à dire en rapportant sur la carte la latitude et longitude de TaraTari, j'ai vu que nous étions passés à l'Ouest. Certains disent que le méridien de Greenwich sépare l'Est et l'Ouest, moi je préfère dire que c'est là où ils se retrouvent. Issue plus heureuse.
La bonne nouvelle, c'est que désormais, et jusqu'aux Antilles, nous ferons toujours route vers l'Ouest et le Sud Ouest! La sortie de la Med approche :)
A l'Ouest, rien de super différent à signaler.
La mer est toujours bleue et le froid toujours bien froid.
Mais lors de notre première nuit dans l'Ouest, il nous est arrivé quelque chose.
Tara Tari a viré de bord tout seul et moi j'ai eu une hallucination. Ma première dans cette aventure. Ne prenant plus de morphine pour mes jambes, j'imagine que c'est à cause de la fatigue. C'est arrivé à d'autres, mais bon. Un peu à l'ouest, le bateau et la fille.
Capucine
Le passage du Cap de la Nao s'est bien passé malgré la nuit (ce qui devient une habitude pour chaque passage de cap important), malgré le vent fort et de face, et malgré la mer qui s'est formée autour de cette avancée de roche dans la mer. Le lendemain, en faisant un énième point, j'ai dû me rendre à l'évidence. Je ne devrais peut-être pas l'écrire mais en même temps pourquoi le cacher? J'imagine que c'est arrivé à d'autres, avant nous. Plusieurs vérifications. Aucun doute: avec Tara Tari, nous sommes à l'Ouest.
Le méridien est une ligne imaginaire: ce trait est l'étai. |
De ce fait, nous sommes à l'Ouest.
Prime Meridian = Méridien de Greenwich |
Where is Tara Tari? On se le demande depuis toujours et on doit une fière chandelle à Eratosthène, Galilée et les autres, qui ont passé du temps à réfléchir à la question. Mathématiciens et physiciens s'y sont mis à plusieurs et pendant un paquet d'années pour tracer des traits dans tous les sens sur la planète et tout ça pour permettre de localiser Tara Tari. Je ne suis pas super fan des équations mathématiques, mais dire que TaraTari est entre une vague et une autre vague aurait été trop vague. On utilise donc des coordonnées en degrés, en minutes et en secondes, les fameuses "latitude" et "longitude". C'est exactement le même principe que dire "B-6" dans un jeu de bataille navale.
touché |
Je vais essayer de résumer la situation. La terre est une boule légèrement aplatie aux pôles, elle mesure environ 40 000 km de circonférence. Le rayon moyen est d'un peu moins de 6 400 km. La circonférence vaut 360°. Chaque degré vaut 60 minutes, chaque minute, 60 secondes. La terre tourne sur elle-même en 24 heures et autour du soleil en 365 jours ¼. La vitesse angulaire de la terre est de 15°/h soit 1667 km/h (au niveau de l'équateur). Enfin c'est ce que l'on m'a dit, je n'ai pas compté.
Prendre une orange et faire des traits selon les indications suivantes, pour bien visualiser. La Terre (l'orange) tourne sur elle-même autour de la ligne des pôle. Cette ligne des pôles est un axe qui passe par le centre de la terre et coupe la surface au pôle nord et sud (on peut utiliser une baguette chinoise pour matérialiser la ligne des pôles). L'équateur est un grand cercle perpendiculaire à la ligne des pôles qui divise la terre en 2 hémisphères: le nord (Boréal) et le sud (Austral). Des petits cercles parallèles à l'équateur et donc perpendiculaire à la ligne des pôles sont appelés "parallèle", logique. Les méridiens sont des grands cercles qui passent par les pôles donc perpendiculaire à l'équateur. Le 1er méridien est le méridien de Greenwich. La latitude de là où se trouve TaraTari est l'arc de méridien compris entre l'équateur et le parallèle de cet endroit. La latitude se compte de 0 à 90°, en degrés, minutes et secondes, vers le Nord ou vers le Sud. La longitude du lieu où se trouve TaraTari est l'arc d'équateur compris entre le 1er méridien et le méridien du fameux endroit. La longitude se compte sur l'équateur de 0 à 180°, en degrés, minutes et secondes, à partir du 1er méridien, vers l'Est ou vers l'Ouest. Maintenant que l'orange est toute gribouillée, la peler, et la manger.
Du coup avec tout ça, nous obtenons - outre une orange épluchée - une carte du monde quadrillée comme si on avait mis la Terre à plat et en prison. Le prix à payer pour savoir Where is TaraTari.
Ce qui est rassurant, c'est que les méridiens sont des demi-cercles imaginaires. Ils ont été créés pour mesurer les longitudes. Les cartographes ont défini 360 méridiens principaux. Contrairement aux latitudes qui sont mesurées à partir de l’équateur, il n’existe pas de référence naturelle équivalente pour fixer l’origine des longitudes. C’est pourquoi il a fallu créer un méridien où la longitude est définie comme égale à 0°. Ce premier méridien s'appelle le méridien de Greenwich depuis 1884. Il passe à travers de l'Observatoire royal de Greenwich, dans la banlieue de Londres qui s'appelle Greenwich. D'un côté il y a l'Est et de l'autre il y a l'Ouest.
Ce méridien va du pôle Nord au pôle Sud (l'inverse est vrai également) et passe par la Med...
Malgré une observation attentive, je n'ai vu aucune ligne peinte sur la mer, pour signaler le fameux le méridien. En revanche, ce dernier (pourtant 'premier' méridien) apparaît sur la carte et en faisant mon point, c'est à dire en rapportant sur la carte la latitude et longitude de TaraTari, j'ai vu que nous étions passés à l'Ouest. Certains disent que le méridien de Greenwich sépare l'Est et l'Ouest, moi je préfère dire que c'est là où ils se retrouvent. Issue plus heureuse.
La bonne nouvelle, c'est que désormais, et jusqu'aux Antilles, nous ferons toujours route vers l'Ouest et le Sud Ouest! La sortie de la Med approche :)
A l'Ouest, rien de super différent à signaler.
La mer est toujours bleue et le froid toujours bien froid.
Mais lors de notre première nuit dans l'Ouest, il nous est arrivé quelque chose.
Tara Tari a viré de bord tout seul et moi j'ai eu une hallucination. Ma première dans cette aventure. Ne prenant plus de morphine pour mes jambes, j'imagine que c'est à cause de la fatigue. C'est arrivé à d'autres, mais bon. Un peu à l'ouest, le bateau et la fille.
Capucine
jeudi 2 février 2012
Franchir un cap
Valence - Alicante. le 22 janvier 2012. En mer. Passage du Cap San Antonio.
Il y a des moments comme ça,
où tout semble se faire en harmonie.
Et dans ces moments-là,
tout est simple.
Avancer,
franchir un cap,
faire le point,
et continuer.
jusqu'au prochain rocher, jusqu'au prochain cap,
et même si c'est au près.
Capucine
Il y a des moments comme ça,
où tout semble se faire en harmonie.
tout est simple.
Avancer,
franchir un cap,
faire le point,
et continuer.
jusqu'au prochain rocher, jusqu'au prochain cap,
et même si c'est au près.
Capucine
mercredi 1 février 2012
Ciseaux
Valence - Alicante. le 22 janvier au large de Denia. En mer.
Après les émotions des cargos, le jour est arrivé et avec Tara Tari nous sommes désormais au large de Denia. Un voilier s'approche au moteur... à son bord, un homme avec un appareil photo. je n'en reviens pas, c'est Federico, un homme qui m'a dit à Valence qu'il essaierait de venir à notre rencontre sur l'eau. Et le voilà! Alors que nous sommes à 4 milles de la côte et qu'il n'avait aucun moyen de savoir notre heure de passage. Il fait des photos et repart aussitôt, il a l'air super heureux de son coup! Petite rencontre étonnante mais sympa pour commencer la journée.
Sans transition.
Le sujet du jour : les ciseaux.
Enlevez ciré, gros pulls et autre bonnet. Allongez-vous sur le dos, où vous pouvez. Pliez légèrement vos bras, mettez vos mains derrière le bas du dos au niveau des reins, en évitant de trop vous appuyer sur le radeau de survie, paume des mains au sol (enfin au pont). Tendez et levez les jambes environ 20cm au dessus du pont du bateau, sans taper le petit banc en bois flotté. Levez une jambe au dessus de l'autre et croisez-les, tout en respirant. On oublie trop souvent de respirer à cette étape-là. Effectuez un mouvement de ciseaux avec les jambes. Répétez ce mouvement 10 à 12 fois et revenez dans la position de départ. Augmentez le nombre de séries en fonction des progrès que vous faites. Idéal pour renforcer les abdominaux, et j'espère pour avancer plus vite.
Ce matin le vent tombe, il n'y a plus que 5 noeuds de vent. Mer relativement plate, vent arrière.. c'est ce que l'on appelle du "petit temps". Les conditions sont propices pour naviguer en ciseaux. Enfin c'est ce que l'on m'avait décrit, sans plus de détails. Et j'essaie donc.
La mer est plate mais le bateau bouge quand même un peu. je tente un autre exercice, similaire. Je me tiens sur le haut du dos et sur la nuque, les jambes en l'air, tendues, au vent de l'écoute de grand voile. Une, deux, une, deux.... Aiiie, pas pratique cette salle de gym! je râle et je rie, je ne sais plus dans quel ordre. "Les jambes en l'air et toujours en ciseaux. Répétez 10 fois le mouvement". Je me sens un peu ridicule. Quand je pense que des grands marins ont déjà navigué en ciseaux... j'imagine nos vieux loups de mer en plein exercice, et ça me fait sourire.
Balèze le concept soit disant idéal au "petit temps": c'est des salades tout ça, on ne va pas plus vite du tout! Au contraire, pendant que je brasse de l'air avec mes jambes, comment faire pour régler les voiles? assurer la veille? ou encore faire le point sur la carte !!? Surveiller les pécheurs, les jambes en l'air, je trouve que ce n'est pas très sérieux. J'aimerais parler à l'inventeur du concept.
- je laisse tomber la gym.
J'entre dans le bateau, farfouille dans mes affaires. je vais essayer autre chose.
Je le mets dans ma poche droite,
et ressors sur le pont. mais il me manque quelque chose.
Je re-rentre dans le bateau, farfouille dans la caisse à outils...
Ciseaux à bois dans ma poche gauche. Un peu grand pour ma poche, mais ça va le faire. Une 'paire' de ciseaux: il en fallait donc 2 pour que cela fonctionne. Maintenant que je suis équipée, ciseaux dans les poches, le bateau va peut-être accélérer !?
Je procède à la mise en place du bambou, installe une nouvelle configuration des voiles. Le foc est désormais sur l'autre amure.
Et voilà! :)
C'est ça, naviguer en ciseaux !
En vent arrière, dans le petit temps, et sans spi, on peut mettre la voile de devant sur l'autre amure. On dit alors que les voiles sont "en ciseaux". TaraTari va alors boôôocoup plus vite. Même si je ne vois pas trop le rapport avec les ciseaux.
Capucine
Pour aller plus loin (dans la connaissance des ciseaux, pas avec le bateau) :
On désigne par ciseaux ou paire de ciseaux, l'outil comportant deux lames mobiles articulées qui glissent l'une sur l'autre pour trancher les matériaux minces. Le matériau à couper est pris entre les deux lames actionnées par les poignées.
-
Les ciseaux ont été vraisemblablement inventés en Égypte vers -1500, mais les ciseaux à lames croisées pivotant sur un axe central comme ceux que nous avons dans nos trousses d'écoliers, existaient il y a deux mille ans dans l'Empire Romain (inventés vers 100 apres J-C) et en Extreme Orient. Les ciseaux deviennent des objets usuels dès le IXè siècle. Ils étaient alors généralement bronze et les deux lames étaient montées sur un ressort en arc de cercle. On utilisait ce type de ciseaux pour tondre les moutons (les animaux, pas les vagues). La production en série de ciseaux est due au coutelier britannique Robert Hinchliffe qui utilisa de l'acier moulé en 1791, pour obtenir des ciseaux de précision. Selon des recherches réalisées en 2007, les premiers ciseaux pour gaucher sont apparus vers 1880. C’est dans le bassin de Nogent* qu’un Français fabrique la première paire de ciseaux pour gaucher. Destinée à couper uniquement du papier, il faudra attendre une quarantaine d’années pour qu’un autre Français crée des ciseaux pour gaucher destinés cette fois aux tailleurs. Cocorico.
* c'était important de le préciser.
Après les émotions des cargos, le jour est arrivé et avec Tara Tari nous sommes désormais au large de Denia. Un voilier s'approche au moteur... à son bord, un homme avec un appareil photo. je n'en reviens pas, c'est Federico, un homme qui m'a dit à Valence qu'il essaierait de venir à notre rencontre sur l'eau. Et le voilà! Alors que nous sommes à 4 milles de la côte et qu'il n'avait aucun moyen de savoir notre heure de passage. Il fait des photos et repart aussitôt, il a l'air super heureux de son coup! Petite rencontre étonnante mais sympa pour commencer la journée.
- ceci n'est pas une planche à voile - |
Le sujet du jour : les ciseaux.
Enlevez ciré, gros pulls et autre bonnet. Allongez-vous sur le dos, où vous pouvez. Pliez légèrement vos bras, mettez vos mains derrière le bas du dos au niveau des reins, en évitant de trop vous appuyer sur le radeau de survie, paume des mains au sol (enfin au pont). Tendez et levez les jambes environ 20cm au dessus du pont du bateau, sans taper le petit banc en bois flotté. Levez une jambe au dessus de l'autre et croisez-les, tout en respirant. On oublie trop souvent de respirer à cette étape-là. Effectuez un mouvement de ciseaux avec les jambes. Répétez ce mouvement 10 à 12 fois et revenez dans la position de départ. Augmentez le nombre de séries en fonction des progrès que vous faites. Idéal pour renforcer les abdominaux, et j'espère pour avancer plus vite.
Ce matin le vent tombe, il n'y a plus que 5 noeuds de vent. Mer relativement plate, vent arrière.. c'est ce que l'on appelle du "petit temps". Les conditions sont propices pour naviguer en ciseaux. Enfin c'est ce que l'on m'avait décrit, sans plus de détails. Et j'essaie donc.
La mer est plate mais le bateau bouge quand même un peu. je tente un autre exercice, similaire. Je me tiens sur le haut du dos et sur la nuque, les jambes en l'air, tendues, au vent de l'écoute de grand voile. Une, deux, une, deux.... Aiiie, pas pratique cette salle de gym! je râle et je rie, je ne sais plus dans quel ordre. "Les jambes en l'air et toujours en ciseaux. Répétez 10 fois le mouvement". Je me sens un peu ridicule. Quand je pense que des grands marins ont déjà navigué en ciseaux... j'imagine nos vieux loups de mer en plein exercice, et ça me fait sourire.
Balèze le concept soit disant idéal au "petit temps": c'est des salades tout ça, on ne va pas plus vite du tout! Au contraire, pendant que je brasse de l'air avec mes jambes, comment faire pour régler les voiles? assurer la veille? ou encore faire le point sur la carte !!? Surveiller les pécheurs, les jambes en l'air, je trouve que ce n'est pas très sérieux. J'aimerais parler à l'inventeur du concept.
- je laisse tomber la gym.
J'entre dans le bateau, farfouille dans mes affaires. je vais essayer autre chose.
Je le mets dans ma poche droite,
et ressors sur le pont. mais il me manque quelque chose.
Je re-rentre dans le bateau, farfouille dans la caisse à outils...
Ciseaux à bois dans ma poche gauche. Un peu grand pour ma poche, mais ça va le faire. Une 'paire' de ciseaux: il en fallait donc 2 pour que cela fonctionne. Maintenant que je suis équipée, ciseaux dans les poches, le bateau va peut-être accélérer !?
Je procède à la mise en place du bambou, installe une nouvelle configuration des voiles. Le foc est désormais sur l'autre amure.
- Voiles en ciseaux au large de Denia le 22 janvier 2012 - |
C'est ça, naviguer en ciseaux !
En vent arrière, dans le petit temps, et sans spi, on peut mettre la voile de devant sur l'autre amure. On dit alors que les voiles sont "en ciseaux". TaraTari va alors boôôocoup plus vite. Même si je ne vois pas trop le rapport avec les ciseaux.
Capucine
Pour aller plus loin (dans la connaissance des ciseaux, pas avec le bateau) :
On désigne par ciseaux ou paire de ciseaux, l'outil comportant deux lames mobiles articulées qui glissent l'une sur l'autre pour trancher les matériaux minces. Le matériau à couper est pris entre les deux lames actionnées par les poignées.
-
Les ciseaux ont été vraisemblablement inventés en Égypte vers -1500, mais les ciseaux à lames croisées pivotant sur un axe central comme ceux que nous avons dans nos trousses d'écoliers, existaient il y a deux mille ans dans l'Empire Romain (inventés vers 100 apres J-C) et en Extreme Orient. Les ciseaux deviennent des objets usuels dès le IXè siècle. Ils étaient alors généralement bronze et les deux lames étaient montées sur un ressort en arc de cercle. On utilisait ce type de ciseaux pour tondre les moutons (les animaux, pas les vagues). La production en série de ciseaux est due au coutelier britannique Robert Hinchliffe qui utilisa de l'acier moulé en 1791, pour obtenir des ciseaux de précision. Selon des recherches réalisées en 2007, les premiers ciseaux pour gaucher sont apparus vers 1880. C’est dans le bassin de Nogent* qu’un Français fabrique la première paire de ciseaux pour gaucher. Destinée à couper uniquement du papier, il faudra attendre une quarantaine d’années pour qu’un autre Français crée des ciseaux pour gaucher destinés cette fois aux tailleurs. Cocorico.
* c'était important de le préciser.