jeudi 14 juin 2012

objet: texte sur toi

Toujours à Lanzarote. juin 2012.

Sortie de mon petit volcan.

Retour dans cette vie qui se vit beaucoup trop devant un écran d'ordinateur. Dans ma messagerie, un mail de Maxime Dreno, mon équipier de Gibraltar-Lanzarote, rentré en France peu après notre arrivée sur l'île. L'objet de son message: "texte sur toi". Ces lignes, Maxime les a écrites pour ce blog, parce qu'on lui a demandé comment il avait vécu cette nav, et surtout-surtout quel était son regard sur moi. Je copiecolle donc son texte. Merci Maxime pour ces lignes d'amitié. Nous ne sommes pas prêts de l'oublier, notre baptême de détroit de Gibrlatar! C'était dur mais bien: Le temps qui passe est comme une petite passoire qui égoutte les souvenirs pour ne garder que les bons moments. Hé! Pas idiote, la mémoire!
C'est chouette d'avoir des amis dans la vie.
Capucine


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Mai 2012. Par Maxime Dreno.
" Une skipper d'un petit bateau... 

Le sourire est souvent aux lèvres. Parfois il disparaît: la fatigue est là ou un petit souci la tourmente. Capucine est ainsi en mer. Elle ne cache pas grand chose de ses humeurs. Heureusement pour moi, elles ont tendance à être au beau fixe.

Après 11 jours en mer et quelques jours à terre sur la magnifique île de Lanzarote, je peux me permettre de décrire la skipper du petit Tara Tari qui a tout d'un grand.

photo d'équipage devant Casablanca

Je suis toujours en bons termes avec Capucine et pourtant cela n’était pas gagné d'avance. La navigation de Gibraltar à Lanzarote nous aura offert toutes les possibilités de conditions que l'on peut retrouver en mer et qui parfois mettent à rude épreuve le moral des marins.

Dans le vent plus que fort du détroit de Gibraltar, j'ai vu une Capucine confiante en son bateau alors que je m'imaginais déjà sur le "toit", bateau retourné aux milieu des cargos, attendant les secours. Pour autant, il ne faut pas y voir de l'inconscience de sa part. Elle a vécu plus de choses que moi à bord et sait comment se comporte Tara Tari. Elle fait aussi très attention à la sécurité, s'attachant tout le temps, mettant son gilet de sauvetage et allant sans précipitation affaler une voile d'avant récalcitrante qui ne veut pas redescendre... Elle mettra d'ailleurs un temps un peu long, pour moi à la barre, pour régler ce souci mais elle veut faire les choses bien. Une seule fois suffit d'aller jouer à l'avant dans une mer démontée...

Sortis de ce détroit en ébullition, où la seule issue n'était qu'avancer, j'ai vu une Capucine apprécier à sa juste valeur le calme relatif lorsque elle m'a relayé à la barre et c'est en toute confiance que je suis allé me reposer. A mon réveil, j'ai retrouvé une Capucine heureuse d’être enfin en Atlantique mais qui, me sentant éprouvé après ce passage difficile a su, avec l'avis du météorologue, prendre la décision de se rapprocher des côtes marocaines en envisageant une escale à Larrache. Escale que nous ne ferons finalement pas.

Une fois près des côtes marocaines, alors que le vent diminuait, j'ai vu une Capucine prenant son mal en patience, prenant le temps d’écrire, de lire, de dessiner, d'essayer de chanter, de regarder la mer et d'apprécier les milles visages qu'offre cet univers changeant d'heure en heure. Elle a aussi pris le temps de discuter et d’écouter, de partager aussi.


Sur son petit bateau de pêche du Bangladesh, j'ai vu une Capucine pêcher et essayer de donner la mort à un maquereau fraîchement sorti de l'eau. Elle était tellement mal à l'idée de lui donner le coup fatal, que le poisson en a profité pour se débattre une dernière fois, lui glisser des mains et reprendre sa liberté....

Dans le vent fort sur la fin, j'ai vu une Capucine avouant sa fatigue et sa hâte d'arriver. La dernière nuit a été éprouvante. Entre la mer et les cargos qui jouent à cache-cache derrière la GV, nous avions de quoi vouloir être au port. Cependant, Capucine s'est astreinte à faire régulièrement le point afin d’être sure de là où nous allions, et à garder sa bonne humeur...


Dans tout ces moments, j'ai vu une Capucine m'accueillant comme un hôte de marque malgré le côté spartiate de Tara Tari. Elle a su, à travers de petites attentions, rendre la vie à bord agréable. Petit café accompagné d'un carré de chocolat pour bien commencer la journée, un peu de saucisson, des amandes et des noix pour marquer la fin de la journée, etc. Elle a, j'avoue, souvent cuisiné. La cuisine est un peu étroite pour moi. Ses repas ont toujours l’inventivité des plus grands chefs malgré les ressources limitées. Tous ces petits gestes ont amélioré notre quotidien et rendu la vie du bord agréable...

"elle n'est pas trop jolie, ma petite théière?" entendu 738 fois en 11 jours

Mais je n'ai pas vu une Capucine essayant de m'intoxiquer avec des lyophilisés périmés depuis plus de deux ans! ça, je ne l'ai découvert qu'une fois rentré en France, en lisant les lignes de son blog et.. j'ai décidé de ne pas lui en tenir rigueur! :)

Parfois aussi, j'ai vu une Capucine tracassée par de petites choses. Elle a passé du temps à la recherche d'un briquet qui s'était caché dans une chaussure. Elle a été vexée de ne pas retrouver ses lentilles de vue perdues dans la bataille de Gibraltar et d'être obligée de porter des lunettes, dont une paire n'a pas supporté la navigation et s'est cassée. Elle a essayé de rassurer son drapeau du Bangladesh qui s'était carapaté de peur en haut du pataras dans le vent fort du détroit, pour qu'il redescende: mais il n'est pas redescendu montrant fièrement ses couleurs dans le port Calero.

"tu peux redescendre, maintenant, c'est bon, la tempête est finie!"

A quai, j'ai vu une Capucine fière du parcours effectué et reconnaissante de l'aide apportée. Humble, elle a reconnu que cela aurait été plus compliqué toute seule.

A terre, j'ai vu une Capucine appréciant la beauté des paysages, la joie d'essayer de nouveaux sports, le plaisir d'un bon verre de vin. Elle profite, de manière simple de ce qui l'entoure.

Dans ses gestes, son regard, ses paroles, j'ai vu surtout une Capucine amoureuse de Tara Tari et un joli couple prêt à aller loin.

A bord, a terre, en mer, j'ai vu aussi une Capucine avec quelques défauts, quelques idées fixes qui ont tendance à énerver. Un peu comme tout le monde j'ai envie de dire. Je ne pense pas que cela soit nécessaire d'y revenir. On a tendance à ne garder en tête que les belles choses.

Enfin en un an, j'ai vu Capucine dans diverses situations: en fauteuil, marchant avec une canne, pleine de rouille réparant Tara Tari, se réparant elle même, marchant sans canne, navigant avec le sourire au milieu de l'océan, surfant à Lanzarote... et offrant un joli parcours de Kerpape aux Canaries. Joli message de ce que l'on peut faire quand on le veut...

fin du chantier, à Lorient - Octobre 2011.

Un grand merci à Capucine pour ce périple (où les tournevis rouillés ont plus de valeur que les tournevis en or)

Maxime "

Maxime et sa barbe de marin à l'arrivée à Lanzarote

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