- Reprise des récits.
Mer des Caraïbes.
Parfois mes douleurs m'empêchent de... faire plein de choses. Y compris d'avoir envie de sourire. C'est super nul, les douleurs. Et quand cela devient insupportable, alors je m'allonge et je pense. Et je rêve et je serre les dents. Depuis que je suis partie en mer, je ne prends plus de morphine, c'est un choix. Et j'ai trouvé autre chose d'assez efficace pour, à défaut de soulager les douleurs, m'aider à retrouver le sourire, les jours où les douleurs ne me privent pas complètement de mon appétit, ou plutôt de ma gourmandise.
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Un jour de douleurs... |
C'est un remède assez universel, je crois, qui s'appelle le
chocolat. MAIS une des particularités du chocolat, c'est qu'il fond
quand il fait chaud. Et là il fait environ douze mille degrés dans les
Caraïbes. Si l'espérance de vie d'un carré de chocolat n'a jamais été super élevée en ma compagnie, là... Non il faut l'admettre: le chocolat, devient relativement incompatible avec une
vie à bord de Tara Tari qui, au mouillage, est un véritable petit four en
jute.
On ne peut pas tout avoir dans la vie: Vivre dans les Caraïbes ET manger des carrés de chocolat noir bien croquants. Non. A ceux qui s'apprêtent à tout quitter pour vivre aux Antilles, ayez conscience que le "tout quitter" inclut également les carrés de chocolat. Pas de décision hâtive, hein.
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Entre un carré de chocolat noir bien croquant et les Caraïbes, le choix est cornélien. |
Et comme ce dilemme entre la raison et les sentiments relève de la contrariété plus que du problème, alors j'ai trouvé une solution bien meilleure, à tout point de vue et de papille gustative. Je suis remontée à l'essence même de ce plaisir. A la source même du chocolat: au Cacao.
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Cabosse de cacao à bord de TaraTari! Best remède ever! |
Les Espagnols rencontrèrent pour la première fois le cacao dans les Caraïbes en 1495. Le cacao s'appelait « Theobroma cacao »: Théobroma en grec ça veut dire "nourriture des dieux". Les colonisateurs n'étaient pas des dieux et ils ne trouvaient pas cela très bon. Avec les fèves, ils faisaient une boisson un peu trop amère. Du coup après leur arrivée au Mexique, ils ont utilisé les cannes à sucre: ils ont ajouté du sucre et là, ils ont adoré. C'était une boisson réservée à l'élite. Rien à voir, mais j'ai l'impression que depuis 1495 on ajoute chaque année un carré de sucre par carré de "chocolat". J'exagère un peu mais si les marchands de sucre, enfin je veux dire de chocolat, pouvaient remettre un peu de cacao dans leurs carrés, la vie serait certainement mois amère. Enfin je me comprends.
Mais le cacao, ce n'est pas une trouvaille des colonisateurs. Le cacao était cultivé et utilisé par les populations mésoaméricaines, notamment par les Olmèques, les Mayas et les Aztèques. Pendant la civilisation précolombienne, les fèves de cacao servent aussi de monnaie d'échange, pour faire du troc ou pour payer des impôts. Chez les Aztèques, une dinde coûtait cent fèves de cacao et un avocat frais trois fèves. - et on salue ici le travail de recherches des Historiens et Archéologues sans qui nous n'aurions pas ces informations précises.
Depuis que je vis à bord, je n'ai cessé de faire du troc: du vin en échange d'une carte marine, une lampe en échange de fromage et d'oranges, des outils pas trop rouillés en échange d'une autres cartes marines.. mais je suis bien trop gourmande pour pouvoir ne serait-ce qu'envisager troquer mes petites fèves de cacao. sauf peut-être pour un petit bout de mimolette extra-vieille :)
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Et parce que j'aime le chocolat, j'ai voulu en savoir plus sur le Cacao |
L'Histoire ne le dit pas en ces termes mais ce n'est pas parce qu'on est Azthèque, qu'on n'est pas gourmand. Et voici une de leurs recettes (ancêtre du tascalate mexicain): faire sécher les fèves, les griller, les écrabouiller pour avoir de la poudre. Ajouter de l'eau, du piment et du roucou pour donner une couleur rouge, mélanger très énergiquement et hop! Une mousse se forme en surface! Ajouter un ou deux champs de cannes à sucre pour trouver une saveur contemporaine. Et une ou deux pailles en plastique pour rien. Non, je rigole, un peu de sucre si vous voulez, mais pas de plastique ;)
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Le roucou (Bixa Orellana) |
Et vous connaissiez le roucou? C'est un arbre des régions d'Amérique tropicale. On l'appelle aussi "l'arbre rouge à lèvre". (Urucum au Brésil, Achiote en Bolivie, Colombie, Equateur, Nicaragua et Mexique, Onoto au Vénezuela.. ou encore Rocouyer). Le fruit n'est pas comestible, mais on peut s'en servir comme aromate. Le fruit est rempli de petites graines rouges. Il est récolté puis séché pour en extraire la cire qui entoure les graines, très riche en caroténoïdes. Dans les Caraïbes, comme en Amérique Latine, on s'en servait comme pigment pour leurs peintures corporelles.
Le roucou a des vertus curatives, et il est aussi une super crème solaire naturelle qui permet aussi d'éviter les piqûres d'insectes!
Et si j'ai un petit coup de coeur pour le roucou, c'est aussi parce que c'est grâce au roucou que la mimolette est orange! Le roucou est un colorant alimentaire utilisé dans de nombreux produits.
Lien merveilleux entre deux passions: le chocolat et la mimolette extra-vieille! Tout est lié!
Bref, tout cela pour dire qu'en cas de douleurs, si vous êtes dans une zone de culture de cacaoyers, foncez chercher un peu de Théobroma Cacao, ça vous requinque un marin!
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Zones de culture du Cacao dans le monde. |
Et si vous vivez ailleurs, un peu mimolette extra-vieille devrait faire l'affaire ;)
Bonne journée!
Capucine