mercredi 26 octobre 2011

Baptême à la noix de coco

Dimanche 16 Octobre. Le ciel est bleu, le soleil brille et la journée s'annonce vraiment belle. Et ça tombe bien parce qu'aujourd'hui, c'est le jour du baptême de Tara Tari!
Petit événement symbolique, un baptême de bateau est un rituel marin important avant tout départ de longue durée. Habituellement, on casse une bouteille de champagne sur l'étrave du voilier, mais pour Tara Tari, pas de champagne, ce sera au lait d'une noix de coco! Corentin a accepté d'être le parrain de mon aventure et du bateau. Lien logique, son soutien est nécessaire pour la réussite de cette traversée, indispensable même.

Il est 11h30, et quelques amis arrivent pour nous aider à préparer le petit buffet. Pas de table, nous demandons au restaurant Quai Ouest qui nous en prête une, quant à la nappe nous prenons de la toile de jute (évidemment) et disposons les quelques bouteilles de cidre et autres terrines et biscuits salés. Peu à peu, le ponton se remplit. Voir ces visages amis venus pour accompagner ce moment symbolique fait chaud au coeur.  François Robert, Olivier, Jeremy, Stéphane, amis du chantier FR Nautisme sont là, famille, et amis comme Tanguy de Lamotte, Samantha Davies et Romain Attanasio venus avec leur petit bébé qui fait son premier tour sur un ponton, Emmanuel Poisson-Quinton, Gaia Coretti, Aurel Jacob, Maxime Dreno, Laurent Bourgues et Sarah Philippe etc. Au total, une quarantaine de personnes est présente. Le réalisateur Pierre Marcel est là lui aussi, filme l'événement. Il est midi et nous nous lançons pour quelques mots.


Je n'avais pas vraiment préparé mon texte, mais en gros voilà ce que j'ai voulu dire:
" Aujourd'hui est un jour plein de symboles. J'étais blessée et le bateau affaibli, et nous avons passé un petit moment en chantier et voilà, trois mois plus tard, le bateau est à l'eau et moi je suis debout. Thérapie réussie grâce à l'aide précieuse de François Robert, d'Olivier Blin et de Jeremy, au chantier. Le bateau a été mis à l'eau hier, et c'est une nouvelle étape qui commence. Le projet est de partir de là où est arrivé Corentin pour ensuite tenter de traverser l'Atlantique, en solitaire à bord de Tara Tari. En allant au bout de son aventure, Corentin a prouvé deux choses: que la fibre de jute tient bon et aussi que la philosophie de navigation qui souffle dans les voiles de ce petit voilier a encore une place dans nos vies. Une philosophie de vie respectueuse de valeurs simples et pures, telles que celles portées avant par Bernard Moitessier. Aujourd'hui, Corentin se concentre sur ses recherches sur la fibre de jute, et il me semble important de continuer à faire vivre ce petit bateau, dans le même esprit. En partant de la Ciotat, de là où est arrivé Corentin, je procèderai ensuite par étapes, pour tenter d'arriver à Miami, aux Etats-Unis, où nous souhaiterions pouvoir parler des recherches sur la fibre de jute. Ce baptême à Lorient, capitale de la course au large et de la technologie océanique me fait un peu sourire, car Tara Tari fait de récup', de matériaux naturels, de rouille et de beaucoup d'entre-aide, se retrouve sur le même ponton que les trimarans dernière génération MOD70. Tout est là. Il faut de tout, il ne faut pas oublier qu'avec peu de choses, on peut arriver à quelque chose d'important. A commencer par rêver. Pas de gadget, pas de superflu, Tara Tari va à l'essentiel. Corentin a commencé quelque chose, et Tara Tari doit continuer, doit naviguer... "

Et puis Corentin a aussi dit quelques mots, content de voir le bateau en état, content que Tara Tari reparte pour de nouvelles aventures, et toujours dans le même esprit. Un jour Corentin m'a envoyé un mail du Bangladesh dans lequel il me disait : " il faut continuer à diffuser l'esprit qui souffle dans les voiles de TaraTari! Il faut continuer le boulot des Moitessier, réveiller des rêves, faire naviguer l'homme de la rue, lui montrer que l'horizon est beaucoup plus bas et plus loin que le haut des immeubles de son quartier."

Et nous sommes montés à bord. Corentin a ouvert la noix de coco sur l'étrave du bateau et nous avons chacun pris une moitié. Quelques sourires et hop, nous avons jeté ces petites coques de coco à l'eau, comme pour confier à la mer l'aventure à venir. Instant heureux.


Et le biniou et la cornemuse des deux amis, membres du Bagad de Kemperlé, ont retenti sous le soleil de Lorient. Leur présence est un clin d'oeil bien sympathique; le bagad fait ses répétitions dans un local situé de l'autre côté du mur du chantier FR Nautisme où Tara Tari s'est réparé... Ils ont accompagné la remise en forme et sonnaient en ce dimanche, le début d'une belle histoire.


Le temps de partager un peu avec les personnes présentes, et puis le vent s'est un peu levé. Je monte sur le bateau, Corentin est sur le ponton, tient l'amarre dans ses mains. Pierre Marcel, caméra à l'oeil, filme la scène. Corentin largue l'amarre que je récupère, émue. Et je pars.

Je suis seule à bord pour la première fois. Petite émotion. Je me souviendrais longtemps de ce regard un peu intimidé vers le ponton qui devenait de plus en plus petit, avec Corentin debout entrain de nous regarder partir avec Tara Tari.


Pierre et Corentin montent à bord du zodiac mené par Maxime et me rejoignent. C'est aussi la première fois que Corentin voit son bateau partir sans lui. Beaucoup de symboles aujourd'hui. Il monte à bord, Pierre fait quelques images d'exterieur et monte à bord à son tour, il nous filme encore avant de remonter sur le zodiac pour rentrer au port.

Nous sommes devant la citadelle, tous les deux à bord avec notre émotion commune. Une bouteille de cidre que l'on ouvre, peu de mots mais un grand partage. Nous rentrons vers la Cité de la Voile, heureux, vraiment heureux de cette belle journée.

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