Sympa! mon frère m'a envoyé une photo. Quel air joyeux! En même temps, j'avoue: j'aime bien rigoler!
au départ de Barcelone, par mon frère Jérôme |
Quand je dis ça, je ne pense pas aux tempêtes, au froid et tout ce côté un peu pénible de la chose car finalement, c'était prévisible et même prévu tout ça: je le savais avant de partir, que le vent soufflerait et qu'en hiver il fait froid. Non, c'est autre chose. Malgré le côté assez pas très ordianaire de mon mode de vie, en fait, mon quotidien a (presque) été comme celui de tout le monde. Avec des petits "hic" qui n'ont absolument rien eu de très spectaculaire et j'ai souvent râlé en me disant "non mais là, vraiment, ce n'est pas le moment!"...
*
Ah non mais là ce n'était pas le moment...
Lors de ma première tempête, au Sud de Barcelone.... début décembre: tout a valsé dans le bateau, c'est le premier gros coup de vent que je vis à bord et c'était du grand n'importe quoi: des vagues qui claquent la coque du bateau, le bateau qui fonce malgré la surface réduite des voiles ou encore le gilet de sauvetage qui se gonfle tout seul à l'intérieur du bateau, le pilote automatique qui me lâche et bref: à 5h du matin après déjà une soirée et une nuit à gérer la crise, je décide de faire demi-tour. Ça, je l'avais raconté ICI, mais ce que je n'ai pas écrit c'est que dès le début de la soirée, j'ai eu envie de faire pipi - des choses qui arrivent. Mais là pour de vrai, ce n'était pas le moment! quand tout va bien, déjà, c'est une aventure: enlever le harnais, le ciré (veste smoke et salopette) trempé, le tout pliée en deux ou trois et se caler sur le seau. Alors dans ces conditions de nav' avec le bateau en furie, plein d'eau et complètement penché: c'était juste une énôorme galère! Vers 4h du matin, tant pis, j'ai amarré la barre comme j'ai pu et je me suis dépatouillée comme j'ai pu. j'ai réussi la manœuvre et pour moi, cette nuit-là, il était là, le véritable exploit!
4h du matin dans la salle de bain, à la recherche du seau bleu |
Ah non mais là ce n'était pas le moment... de voir un pêcheur!
Autre nuit. c'était en Février. Il est 3h du matin et je me suis endormie quand soudain j'ouvre un oeil et bondis: une lumière rouge, là juste à côté de moi! Panique à bord!!! Un feu rouge, côté bâbord d'un pêcheur certainement, je suis furieuse: je m'en veux de m'être assoupie et de ne pas avoir vu avant ce bateau! Il est tout prêt!!!! Quelle nouille je suis! Mon coeur bat hyper vite.
Une ou deux secondes peut-être et je réalise que je ne suis pas sur le bateau. Mais où suis-je? Et qu'est ce que c'est que cette lumière rouge?! si ce n'est pas un feu de nav bâbord?! je fronce les sourcils et allume ma lampe de poche toujours à portée de main. je vois un mur... un interrupteur... j'allume.... Oulala. Je comprends tout. je respire profondément, et me pose sur le canapé, les jambes toujours dans mon sac de couchage. Là, bien qu'un peu soulagée, je me suis dit "ça ne va pas, moi! 'faut que je me détende un peu, là!" je cache mon visage dans mes mains. En fait, je suis dans le salon d'une famille qui m'héberge une nuit à cause des températures glaciales. Et dans ce petit salon, il n'y a pas de bateau mais une petite télé, et sur cette petite télé, il y a une petite veilleuse... de couleur rouge. Ok. On respire. Tout va bien.
*
Ah non mais là ce n'était pas le moment... de croire au rêve américain.
En parlant de télé. Mi-Mars. Au bout de la 4ème tentative de passage du Cap de Gata dans du vent fort, j'ai le moral un peu au fond des bottes. Et si je regardais un film, ça m'aiderait peut-être à ne penser à rien. Dans une rue proche du port, une petite boutique chinoise vend quelques dvd d'arts martiaux à 3 euros, je farfouille et trouve dans le tas, un film américain avec Georges Clooney: "The Perfect Storm". Bon ok, le titre n'est pas idéal-idéal étant donnée ma situation, mais bon, c'est le seul que j'ai trouvé. Je me dis que c'est un film américain et que tous les films américains racontent des histoires improbables mais qui se finissent toujours bien. Le soir, il fait froid et humide et je suis dans le bateau, ficelée dans mon sac de couchage, je regarde le film. C'est l'histoire d'un équipage d'un bateau de pêche qui part en mer et se retrouve pris dans une tempête. Le film se termine. Je referme mon ordi. "Mais quelle idée?!". Je me mets en boule, super cafardeuse. Film tragique: à la fin, le bateau coule et l'équipage meurt noyé. Parfait. super. Le seul film américain où tout se passe super mal. Et en plus, c'est une histoire vraie. Non clairement, ce n'était clairement pas le moment de le regarder, ce film. J'ai mal dormi.
*
Ah non mais là ce n'était pas le moment...
En tête de mât, il y a un feu tricolore de navigation. Un câble descend dans le mât et est relié au petit tableau électrique. Pour ne pas risquer d'arracher le câble qui passe au plafond, j'ai utilisé du gros scotch gris super costaud. Le bateau est si petit que ce serait facile de l'arracher en passant du lit au salon. Le truc c'est qu'avec l'humidité, le scotch se décolle un peu. Mais le scotch est un fourbe: et même décollé, il colle encore. Et c'est un détail que j'oublie facilement.. et aïe-euh! je me fais avoir TOUT le temps. une vraie tête de linotte (déplumée) je suis!
TaraTari Coiffure: coupe offerte dès la première visite! |
Ah non mais là ce n'était pas le moment... de prendre une amande.
J'adore les fruits secs! C'est bon et super bien pour la santé! Comme tout est vite trempé dans le bateau à cause de l'humidité, j'ai pris mes précautions et bien emballé noisettes, figues et amandes que je savoure comme de vrais bonbons! Manger des amandes, dans mon petit quotidien, c'est pour fêter une belle manoeuvre, un chouette moment sur l'eau, un beau nuage. Un vrai petit plaisir! Mais... parfois (et trop souvent) ce n'est pas le moment d'avoir envie d'une amande... L'humidité a eu faim avant moi: les amandes sont moisies. déception. moment pourri.
:( |
Ah non mais là ce n'était pas le moment... pour les moustiques non plus.
En fait, ces histoires de ce n'était pas le moment ont commencé avant même de partir en mer. Par exemple, lors du chantier, à Lorient en septembre, après avoir démonté, sablé et grattouillé les supports des dérives, j'ai posé la peinture anti-rouille en fin de journée. Le lendemain matin, alors que je pensais peindre vite fait bien fait tout ça en orange, et bien surprise: des dizaines de moustiques collés dans l'antirouille! Pffff. "Bah alors, les moustiques, c'est quoi ce travail?!" Je ne suis pas fan des moustiques, mais là pour de vrai je ne leur voulais pas de mal! Et en plus c'est hyper galère d'enlever des moustiques morts collés dans la peinture anti-rouille pas encore tout à fait sèche. J'ai essayé d'en enlever quelques uns mais j'ai fini par peindre le tout en orange mosquitos compris. Donc voilà. Un des secret dévoilé: en s'approchant bien des supports de dérives, on peut remarquer quelques formes étranges: celles des moustiques fossilisés dans la peinture! - pas fait exprès, promis. L'antirouille, c'est un peu l'école de la vie des moustiques. Comme le diraient mes cheveux face à un bout de scotch gris: "qui s'y colle, y reste collé". Amis mosquitos, prenez en de la graine.
Découverte : l'antirouille est un antimoustique efficace |
Ah non mais là ce n'était pas le moment... d'être myope.
Autre gros coup de vent. Enfin, non, c'était le même, en décembre, en rentrant vers Barcelone. Toujours à la barre car le pilote automatique est fatigué. Il fait jour et heureusement parce que là, clairement, ça aurait été encore plus compliqué dans l'obscurité! En fait, je suis fatiguée et je me frotte un oeil. Pas de bol: ma lentille de contact tombe! Patatras! . Je suis emmitouflée dans mes cirés trempés et plein de sel. Assise, une main sur la barre, l'autre en train de chercher désespérément - et d'un oeil du coup - le petit bout de plastoque souple et transparent sur le pont plein de cordages. Genre, j'avais besoin de ça. J'ai fini ma nav avec un oeil. Ambiance pirate. On n'a pas la vie facile parfois. S'est-elle fait avaler par une vague? A-t-elle refait, depuis, sa vie avec un monsieur méduse? On ne saura jamais: je n'ai jamais retrouvé cette lentille de contact. ni reçu de nouvelle. Perdue de vue, comme on dit.
: / |
Il y en a eu mille ou plus encore, des "ah non mais là ce n'est pas le moment!"
Pas de quoi rire, sérieux.
Et pourtant, quand j'y repense, en fait, si: l'hiver a été assez rigolo!
Pas une minute d'ennui.
Quelle vie! mes amis, quelle vie!
à bientôt!
Capucine
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
--- Hier soir, j'étais à l'antenne d'Allo La Planète, sur Le Mouv' pour répondre aux questions d'Eric Lange. Chouette moment de radio à écouter ici, à partir de la minute 33'25 pour les gens pressés!
Where is Tara Tari ? dans Allo La Planète - émission du 16 juillet 2012
Salut Capucine,
RépondreSupprimerJe découvre ton blog en même temps que j'écoute le Podcast d'Allo la Planète. Félicitations pour cette aventure et ta façon de raconter ton voyage! Le temps du retour viendra... ou pas, ne t'inquiete pas.
Je te souhaite de belles heures de voyage et de rentrer quand tu chercheras le bonheur pour citer notre cher Victor Hugo:
"On s'en va parce que l'on a besoin de distraction,
on revient parce que l'on a besoin de bonheur"
Amicalement,
Vincent
www.viamundi.fr
Hello Capu' (je me permets, cest mon 3eme Post' sur ton site ;-))
RépondreSupprimerMerci de prendre le temps de communiquer à l'écrit et à la radio ! M
eme si tu es ces derniers temps dans l'authenticité et la vie en hermite, t'écouter nous permet de nous poser des questions et de nous remettre en cause...
Bon repos, recharge bien les batteries !
Je pars vivre mon aventure à moi pendant 2 mois, mais j'ai hate de te suivre de nouveau en Octobre !
Je n'ai pas bien compris quand est ce que tu repartais sur l'eau mais Bon vent d'ici là.
XAvier