lundi 25 mars 2013

Cap-Vert

Le Marin, Martinique. Mars 2013. - récit d'escale au Cap Vert.
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Cet archipel m'a toujours intriguée, attirée, mais si ce n'est la musique et particulièrement celle de Cesaria Evora, je ne connaissais pas grand chose du Cap-Vert.

Where is le Cap-Vert ?

Les 11 jours de mer, de l'île de Lanzarote à l'île de Sao Vincente, ont été éprouvants alors cette arrivée a eu une saveur bien particulière. Je viens de vivre la nav la plus extrême de ma petite vie mais le bateau et l'équipage sont à bon port, sans casse ni blessure et je ressens une grande satisfaction. Il ne s'agit pas de fierté mais bien d'un bonheur pur et profond d'avoir accompli quelque chose de dur. Le Cap-Vert a la délicieuse saveur d'un cadeau accordé par les dieux du vent et de l'océan. Et dans cet état de flottement propre à l'arrivée, je m'émerveille devant tout ce qui m'entoure: les falaises, les couleurs, les petits bateaux de pêche, tout est superbe. Et quel accueil, à Sao Vincente! Je ne savais pas à quoi m'attendre parce que j'avais refusé de lire quoi que ce soit ou même de regarder des photographies. Je ne souhaitais pas laisser mon imagination esquisser le décor de ma prochaine escale. Le Cap-Vert en découverte totale, dans ces conditions de cadeau des dieux, l'expérience est un délice.

Mindelo, la baie abri
 En mer, le Cap-Vert m'est d'abord apparu comme une majestueuse montagne, aux falaises immenses, dures et puissantes face au vent du Nord Est, et puis en entrant dans la baie de Mindelo, l'île de Sao Vincente m'a semblé l'abri parfait. Antre protecteur, de paix, de chaleur humaine et de musique.

Ce pays insulaire est composé d'une dizaine d'îles volcaniques situées au large de l'Afrique, en face de la Mauritanie, du Sénégal et de la Gambie. L'archipel se divise en deux séries d'îles: au sud les îles de Sotavento: Brava, Fogo, Santiago et Maio et au nord, les îles de Barlavento: Boa Vista, Sal, Sao Nicolau, Santa Luzia, Sao Vincente (où je suis) et Santo Antao. Les îles du Cap-Vert restèrent inhabitées jusqu'à l'arrivée des explorateurs portugais en 1456. Le nom Cap-Vert vient du nom du cap le plus à l'Ouest du Sénégal, près de Dakar, qui s'appelle justement "cap Vert". Colonie portugaise jusqu'en 1975, l'histoire du Cap-Vert est marquée par deux périodes de prospérité, au XVIIè siècle grâce au commerce des esclaves, puis à la fin du XIXè siècle qui vit l'ouverture des lignes transatlantiques.
les pêcheurs de Sao Vincente, et les voiles en sac de riz
La population des îles capverdiennes est issue d'un métissage entre Portugais et Africains, on parle portugais et aussi le kriolu (créole capverdien). Aujourd'hui, il y a plus de Capverdiens qui vivent en dehors du territoires que de locaux: environ 700 000 ressortissants à l'étranger pour 500 000 dans l'archipel. Cela s'explique par les nombreuses famines qui ont touché le Cap Vert jusqu'à l'indépendance en 1975, qui ont forcé les habitants à l'exil. Si l'aide alimentaire a, depuis, considérablement permis de réduire les famines, le Cap Vert reste encore une terre d'émigration. "Tu comprends, il y a plus de travail ailleurs" m'explique un ami capverdien "mais nous revenons tous régulièrement au pays car il n'y a pas d'autre endroit où l'on se sente aussi bien qu'à la maison". Et c'est vrai qu'il règne ici une ambiance particulièrement ressourçante. On se sent bien, ici. Cet ami me raconte aussi un souvenir de son enfance, où il s'attristait de voir que le Cap Vert ne figurait pas souvent sur les cartes des Atlas de géographie. Mais d'un sourire il efface cette amertume et se met à chanter "Mon petit pays" de Cesaria Evora.

Le premier soir à terre, dans cet état tout étrange, j'entends cette musique cap verdienne. Trois jeunes jouent et chantent des airs qui m'emportent dans mes émotions. Une larme coule sur ma joue, je suis heureuse. L'escale au Cap Vert commence.

Capucine

vendredi 8 mars 2013

quelques jours

Le Marin, le 8 mars 2013


Cela fait un peu plus de dix jours que TaraTari est amarré au Marin, en Martinique. En Martinique... j'ai encore un peu de mal à réaliser. Je suis encore en phase d'atterrissage. Le corps plié pendant 25 jours, assise dans l'eau salée, je me déplie, marche, sèche et me soigne. Le moral est bon, très bon, mais la fatigue m'a rattrapée après 4 jours à terre, il me faut donc encore un peu de repos avant de reprendre le fil de mes récits, quelques jours dans ce sas de décompression.


La traversée de l'Atlantique s'est bien passée et TaraTari va bien. Le duo avec Max a bien fonctionné, et je ne regrette pas de lui avoir dit d'embarquer; ça a été assez dur pour deux. Désormais en Mer des Caraïbes, ce petit bateau a déjà parcouru un demi tour du monde! C'est fou. C'est génial. Bravo petit bateau! Je suis contente mais reste dans des émotions justes et non-euphoriques. Je suis heureuse, mais si ce grand voyage se passe bien, c'est en partie parce que je le prépare et le vis avec toute mon énergie et tout mon coeur depuis deux ans. Rien n'a été "facile" depuis le départ de La Ciotat et j'ai parfois eu à prendre des décisions sages (contournement du cap de Gata après 6 tentatives, embarquer un équipier pour la traversée...) parce que la sécurité passe avant tout. L'hiver en med en solo, l'Atlantique, on m'a tellement dit que tout cela était "impossible" et pourtant... Je pense ne jamais avoir été inconsciente, j'ai essayé de faire les choses bien et aujourd'hui TaraTari est là, avec l'Atlantique dans son sillage.

Enfin voilà, ces quelques lignes pour vous dire merci, à vous tous qui m'avez aidée et soutenue, à vous tous qui avez envoyé des messages que je découvre peu à peu depuis l'arrivée en Martinique. Je prendrai le temps de répondre aux messages, de raconter l'escale au Cap Vert déjà, mes choix là-bas et puis la traversée de l'Atlantique ensuite. Pendant la nav, mon ordi planqué dans un sac étanche n'a pas survécu à l'humidité, tout comme mon petit téléphone (et tout ce qui était à bord), ce qui ne m'aide pas à donner beaucoup de nouvelles.

La Martinique est une très agréable terre d'accueil, où j'ai retrouvé famille et amis. Belles journées dans la jungle, quel bonheur de se retrouver dans la verdure! je savoure la vie et le bien être.. en toute simplicité, comme toujours, et tout va bien.

A très bientôt et encore merci à tous,
l'aventure continue ;)
Capucine