mercredi 30 janvier 2013

Départ pour la traversée de l'Atlantique

Bonjour tout le monde,

pas facile facile de donner des nouvelles. désolée.

Ces quelques lignes pour vous dire que Tara Tari s'élance sur la traversée de l'Atlantique dans quelques instants. Pour des raisons que je n'ai pas le temps d'expliquer ici maintenant, cela ne sera malheureusement pas en solitaire. Pour résumé, je n'ai pas de pilote automatique et si grâce aux dons reçus je pour en remplacer un ou deux, j'ai appris que ce ne sera pas possible de les acheminer ici rapidement, sans parler des taxes de douanes etc etc. Mais ces futurs pilotes me permettront de poursuivre encore vers l'Ouest, après la traversée...
Nous sommes en février et la fenêtre météo qui s'ouvre cette semaine est parfaite pour TaraTari alors pourquoi attendre.. puisque l'objectif est d'avancer encore: il est temps de partir. Sans pilote, sans régulateur d'allure et avec de l'eau qui entre dans le bateau, sans bateau accompagnateur, compliqué d'avancer seule. J'ai donc pris cette décision, pas simple, hier, de renoncer à mon envie de solitude, de solitaire. Maxime ré-embarque donc. Ce sera du 24h/24 à la barre et j'espère que nous aurons des conditions plus maniables que sur la traversée des Canaries au Cap Vert.

Nous viserons la Martinique et arriverons là-bas dans 20 ou 30 jours selon les conditions météo.

Il n'y aura pas de nouvelle du bateau d'ici-là..

Merci à Johanna et à toute l'équipe de la Marina Mindelo pour ce super accueil, le temps de mon escale. Le Cap Vert est un archipel merveilleux.

Merci à tous ceux qui m'aident à faire avancer TaraTari.

A bientôt aux Antilles,

Capucine


Johanna, la marina Mindelo, le jute, TaraTari et moi


mardi 29 janvier 2013

l'arrivée au Cap Vert

le 1er et le 2 janvier 2013.

Et puis il a eu ce matin du 1er janvier, où le soleil s'est levé du bon pied, offrant ce petit peu de chaleur qui nous manquait tant depuis quelques jours.


L'approche de l'arrivée peut-être rend plus facile la chose.
Nous avons hâte d'arriver.

La nuit a même été un peu plus agréable toujours sous foc seul arrisé; TaraTari surfant les vagues mais sans trop de dangers. Juste pour le plaisir des sensations. On se fait plaisir à la barre et c'est chouette. Mais le stress planant d'un nouveau vrac surprise fait un peu le rabat-joie. "Nous avons quand même le droit à un peu de plaisir, non?"

 
Moins de dauphins mais pas mal de requins accompagnent TaraTari vers l'archipel Cap Verdien, c'est assez impressionnant, mais vraiment très beau. La journée file et nous arrivons enfin à nous reposer un peu, toujours calé dans la descente que nous pouvons laisser un peu ouverte et donc aérer et sécher un peu l'intérieur.


Au petit matin du 2 janvier, je suis à la barre quand soudain, le Cap Vert en vue! Youpiiii!
La houle regrossie vraiment, mais on s'en fiche, on arrive bientôt. Quel bonheur et puis l'autre bonne nouvelle c'est que l'on a retrouvé le baromètre qui avait valsé pendant les vracs. Youpiii bis.
Bonheurs simples, hein, les meilleurs.


Il y aurait mille choses à dire, à raconter, mais tout se bouscule. Nous avons l'impression d'être de retour à terre après une immense traversée. C'est fort ce sentiment; c'est l'aventure pure, intense et belle.

le Cap Vert, Tara Tari et la houle, le 2 janvier 2013
Nous passons une super matinée dans la houle énorme qui ondule au Nord de l'île. Une belle dorade a trouvé abri, elle avance le long de la coque, se protège des méchants... pendant toute la matinée, elle reste là, devient une bonne amie, rigolote.

Mais il faut gérer cette houle énorme, et cela se fait sans problème, tout semble facile après ce que nous venons de vivre..



Il est environ 13h et nous arrivons.




Heureux. éprouvés mais heureux.



Commençait alors ma petit vie de nomade au Cap Vert...
Capucine


éprouvant et pourtant

En mer. les 28, 29, 30, 31 décembre 2012.

Il fait nuit et tout va encore trop vite. La GV est affalée. La houle est grosse et toujours aussi croisée. Il est environ 5h du matin quand le petit pilote automatique, le dernier des 3 que j'ai, lâche. Le moteur a brûlé. Il bippe son désespoir et ce bruit strident est insupportable. j'ai tout débranché, mais il bippe encore. Et le vent se renforce, siffle dans les haubans. La bande son parfaite d'un film d'horreur. La fin de la nuit est pénible, sans lune, sans répit. Il va désormais falloir barrer 24h/24h.


Les pieds sont dans l'eau depuis des jours, et être assis là, les fesses dans l'eau sans possibilité de sécher devient vite un peu douloureux. Je n'en peux plus de ce harnais trempé qui me serre la taille. Faire abstraction. Il faut être très concentré, parce que dans cette houle barrer est un exercice sportif et cérébral: anticiper chaque onde d'eau, cela signifie aussi avoir sans cesse la tête qui pivote au dessus de l'épaule.

Parfois, le grondement d'une déferlante annonce le vrac. J'ai remarqué que ça fonctionne par série de 3: la première déferle bruyamment, épargne le bateau mais le fait accélerer. La mauvaise, c'est la 2nde, peut-être vexée d'être deuxième, j'ai l'impression qu'elle met toute sa force pour baffer la coque et nous coucher comme des mauviettes. La troisième ajoute une couche un peu salée, mais avec un peu plus de pitié. Couchés sur le flanc nous nous redressons toujours. Indemnes mais lessivés, nous poursuivons malgré les coups de mer.


La nuit du 29 décembre est assez terrible. Vers 02h du matin, nouveau vrac. Le mât dans l'eau, etc. A l'intérieur, c'est n'importe quoi: même les planchers de la couchette ont bougé. Tout est trempé dedans et nous avons froid. Impossible de se nourrir dans un tel chaos. Nous affalons ce qu'il reste de GV, mais le vent monte encore, entraîne la mer dans son ascension. A 4h du matin, nouveau gros vrac. Vautrés, encore. Tara Tari se redresse. Maxime est à la barre, je sors constater les dégâts sur le pont. L'océan est en furie vu d'ici mais il va falloir prendre une décision importante: dans ce vrac, le point d'amure du foc a cédé. La voile d'avant n'est donc plus attachée au pont et risque de monter en haut de l'étai. A la lumière de ma frontale, j'éclaire le chaos. L'étrave de TaraTari est bien malmenée, d'un côté de l'autre, les vagues de côté le recouvrent. La situation est assez violente. Et là, en capitaine responsable, je dois réfléchir: "Qu'il y a-t-il de moins dangereux: aller manoeuvrer à l'avant ou risquer de voir le foc se carapater en haut de l'étai?" Pas le temps de réfléchir trop, et de toute façon la réponse est évidente, il faut sécuriser le bateau. Le vent siffle dans les haubans et les embruns nous fouettent le visage. On essaie de parler mais tout est trop bruyant. J'indique à Maxime que je vais aller devant, on échange nos longes, car la sienne a deux points d'accroche. Il va falloir que je sois extrêmement vigilante. J'arrive au mât, c'est déjà une bonne chose de faite, je fais un signe avec le pouce à Maxime pour lui dire que je suis en sécu. J'attache un des mousquetons à barre transversale des dérives. Je ne connais pas la force du vent, mais c'est assez impressionnant. Alors que je suis en train d'affaler la drisse du foc, le vent, qui me fouette le visage, m'arrache une lentille de contact de l'oeil. L'autre était tombée au moment où j'allais la mettre dans mon oeil. Je suis myope et ce n'était clairement pas le moment de ne plus rien voir. Je râle dans ma tête mais reste concentrée. Pas de précipitation mais il faut faire vite, avant que le foc ne soit trop haut; dans cette mer, impossible de se mettre debout à l'avant. J'avais pris des bouts, donc une fois à l'avant l'idée est de ferler comme je peux la voile. J'ai un bras enroulé autour d'un chandelier, la manoeuvre est vraiment périlleuse. Les vagues me passent dessus. C'est bon, la voile est sécurisée. Nous sommes désormais à sec de toile et je reviens vers l'arrière en faisant encore bien attention. Arrivée au mât, je souffle, et poursuis vers le cockpit. Maxime est très concentré à la barre, il me dit d'un ton inquiet "j'ai hâte de te voir dans le cockpit". Voilà, j'y suis. Si le bateau est safe, nous le sommes aussi, c'était ce qu'il fallait faire.

A sec de toile donc dans cet océan Atlantique sombre animé, nous sommes en fuite, filons à 4,5 noeuds et arrivons à gérer notre route grâce au petit bout de la ralingue de gv encore dans le rail.

Le 30 décembre.
Cartouche; ça ne se calme pas. On a vraiment froid et tout est trempé. On claque des dents. La fatigue, le stress et le vent nous usent. A l'intérieur, à chaque relève de barre, nous nous réchauffons avec la couverture de survie ou en écopant l'eau qui entre d'on ne sait où dans le bateau. C'est exténuant tout ça.


Nous sommes à 275 milles de Sao Vincente, notre île refuge, et la situation s'améliore légèrement. De quoi ré-envoyer un peu de voile d'avant, c'est plus stable et nous sommes plus manoeuvrants et nous reprenons notre route. Mais ça reste dur. Nous ne faisons que nous croiser car à chaque relève de barre, il faut tenter de vite se reposer, et fermer vite la descente, nous prenons le temps de rassurer l'autre "tu verras ça réchauffe de barrer!". Pas le temps ni la possibilité de vraiment se nourrir. Une vache qui rit fera l'affaire. Nous sommes usés mais gardons le moral, et le sourire. C'est important.

le 31 décembre.
La mer est grise, blanche, je repense aux images de Bernard Stamm au large du Portugal, l'une des plus belles photos de course que je connaisse. Et ces haubans qui sifflent depuis plusieurs jours maintenant, c'est pénible. Mais nous arrivons à garder notre sens de l'humour et prenons les choses relativement bien. Seulement ce soir c'est le réveillon et en effet, ça va être la fête.


Il n'est pas 01h et nous sommes le 1er janvier 2013; je suis à la barre quand une déferlante arrive sur le côté, je ne peux rien faire. puisque j'essaie déjà de contrôler la houle de derrière. Je regarde impuissante le mur d'eau se dresser sur notre côté, j'enroule mon bras autour du chandelier et vlan, nous voilà couchés. J'ai les jambes dans l'eau, le bras autour du chandelier, mon harnais qui me tient et ma main toujours accrochée à la barre, le bateau se redresse et je suis inquiète: aucun signe de Maxime qui était à l'intérieur. Je crie, l'appelle.. et s'il s'était pris une boîte de conserve sur la tête. Mais la descente s'ouvre, Maxime s'est pris un plancher et un bidon pourtant amarré et s'est retrouvé un peu bloqué. Ouf. je soupire, soulagée, il va bien. Mon quart se termine et je claque des dents de froid. Maxime est à la barre depuis 5 minutes et nous parlons un peu quand je vois se dresser derrière lui un mur d'eau, "attention, derrière!!" j'ai tout juste le temps de fermer la descente que le mur d'eau s'éclate contre la vitre de la descente. Heureusement... C'est par ces vagues qui déferlent à l'intérieur du bateau que beaucoup chavirent. Nous sommes encore couchés, mais au moins épargnés d'une fortune de mer.
Bonne année.

La situation est éprouvante et pourtant nous tenons bon. Tara Tari n'a rien cassé et nous allons bien malgré la grande fatigue.

Capucine

vendredi 25 janvier 2013

La houle et la mer du vent


En mer. 26-27-28 décembre 2012.

On m'avait prévenue. La houle de l'océan Atlantique pouvait vite devenir problématique, vu le franc bord de TaraTari. Naviguer au large, en Atlantique, avec ce petit bateau n'est pas forcément idéal mais avec mon envie d'avancer et avec aussi beaucoup d'optimisme, je me disais qu'il est possible d'y arriver. Le plus prudemment possible évidemment, en comprenant bien le mécanisme de la houle et surtout en barrant le plus possible pour ne pas trop subir ni se risquer à trop grand danger.

le 26 décembre 2012

La houle est un mouvement ondulatoire de la surface de la mer qui est formé par un champ de vent éloigné de la zone d'observation, soit par un vent lointain. Ce mouvement présente un aspect relativement régulier, une sorte d'onde dont l'amplitude varie lentement. Elle est définie par une période (de l'ordre de la dizaine de secondes), une amplitude et une direction.

période, amplitude et direction caractérisent la houle

Une fois générées dans les tempêtes, les houles de grandes périodes peuvent se propager sur des dizaines de milliers de kilomètres! C'est l'intensité et la taille de la tempête qui va engendrer une houle plus ou moins grosse. Des îles Canaries aux îles du Cap Vert, la houle de secteur Nord qui nous porte vers le Sud vient d'une bonne dépression passée plus haut il y a quelques jours: il s'agit donc d'une houle que l'on appelle "résiduelle" puisqu'elle s'est propagée très loin de la zone de génération. Concrètement en navigation, la houle n'est pas toujours désagréable, elle permet de belles accélérations, de jolis surfs et offre donc de belles sensations à la barre.

En plein surf, le 27 décembre 2012

Le mot houle vient du germanique "hol": creux, ou en ancien scandinave"hol": caverne. Et à la barre, il faut bien aborder l'approche de ces murs de cavernes d'eau, pour ne pas risquer de partir en accélération sur le côté et de coucher le bateau - ce qui est arrivé lors du vrac de la nuit du 25 au 26 décembre quand le pilote automatique barrait. Accompagner la houle, c'est lofer puis abattre au bon moment, c'est faire ce qu'il faut pour rester maître de la trajectoire de TaraTari. Cela implique d'être ultra attentif et concentré.

Le problème problématique :) c'est qu'à la houle s'ajoute un autre phénomène, la "mer du vent". Contrairement à la houle venue de tempêtes lointaines, ce sont des trains de vagues engendrées par un vent local qui constituent la mer du vent. Les deux phénomènes ne viennent pas forcément du même secteur (Nord, Est, Sud, Ouest), et c'est ainsi que nous nous retrouvons souvent brassés dans une houle dite "croisée", pris entre les claques d'eau venant de deux directions différentes. A bord de TaraTari, cette houle croisée représente un grand danger.

La mer du vent peut être très mauvaise si le vent est fort, s'il souffle depuis longtemps et selon l'importance du fetch. En mer le fetch est la distance d'une étendue d'eau au-dessus de laquelle souffle un vent donné sans rencontrer d'obstacle (une côte par exemple) depuis l'endroit où il est créé ou depuis une côte s'il vient de la terre. Le fetch permet de comprendre la hauteur des vagues: plus le fetch est important plus la hauteur des vagues sera grande. À contrario, à l'abri d'une côte (sous le vent d'une côte), la hauteur des vagues sera très faible, même si le vent est très fort car le fetch y est plus petit. Or, ici, nous sommes en plein océan Atlantique dont la superficie est d'environ 100 000 000 km² (selon les sources); il s'agit du deuxième plus grand océan après le Pacifique, alors ici pas de doute, le fetch est important! La surface sur laquelle j'avance en Atlantique n'a donc rien à voir avec l'hiver dernier en mer Méditerranée, mer plus fermée.

le 28 décembre 2012

Des houlographes, montés sur des bouées, indiquent la hauteur des vagues. Mais bon, une même taille de houle n'aura pas le même impact sur la navigation selon la taille du voilier. Sur un bateau au franc bord normal, soit un peu haut sur l'eau, ça aurait certainement été plus maniable. A bord de TaraTari, à fleur d'eau donc, il nous semble lors de cette nav, être parfois être dans les mers du Sud. Grand voile affalée pour freiner un peu les ardeurs de mon brave petit Tara Tari qui enchaîne les surfs, nous avançons vite, à 5- 6 noeuds. Largement suffisant pour le gréement.

Pendant ces trois jours, nous restons donc très concentrés: le vent de secteur E-NE est fort, et la houle croisée nous enquiquine (houle de secteur N et mer du vent de secteur E). Question choix tactiques, l'idée est de rester un peu dans l'Est de la route - car il sera plus facile de faire de l'Ouest que de revenir vers l'Est. Quelques empannages etc, tout va bien même si c'est un peu "sport". Nous sommes toujours trempés, toujours en cirés et toujours un peu gelés, mais nous sommes contents d'avancer vite dans ce contexte un peu.. houleux.

Nous sommes le 28 décembre après-midi et le vent se renforce.
Capucine


dimanche 20 janvier 2013

en vrac

En mer. Nuit du 25 au 26 décembre 2012.

La journée du 25 est pénible, le vent est fort et la houle semble vouloir nous engloutir. Elle est si grosse qu'elle fait rouler TaraTari entre deux surfs. Le petit pilote n'aime pas ça et décroche régulièrement. Impossible d'être deux sur le pont, nous avons organisé les quarts, un dedans un dehors. Et dehors, il faut rester près de la barre pour éviter les problèmes de trajectoire et de tenue du bateau dans cette houle mauvaise. Les vagues sont de plus en plus grandes. Le cockpit immergé prend des airs de baignoire dans ce grand bain océanique.

L'immersion océanique, c'est quand je ne vois plus mes pieds.

La nuit tombe mais pas le vent. La nuit nous plonge dans une obscurité opaque et s'apprête à nous plonger tout court. Il est 22h et je me repose dans la descente, en ciré et harnachée. Maxime est dehors, près de la barre, quand soudain le pilote TP 32 décroche. Max n'a pas le temps de réagir que voilà TaraTari parti au lof dans un élan non maîtrisé. C'est le vrac. TaraTari est sur le flanc.



Tout est allé très vite. A l'intérieur, je ne comprends rien; les yeux fermés, calée au vent, je suis arrachée à mon assise. Un gros sac de conserves matossé vient de tomber violemment sous le vent, entraînant la longe qui me retient au bateau. Le choc est brutal. Dans sa chute, le sac a emporté la longe et mon harnais m'a brutalement saisi le bassin. Sans rien pouvoir faire je me cogne, me tord cheville et genou droits. Tout ce qui pouvait tomber sous le vent tombe. Malgré la douleur de mon dos et de mes articulations, je dégage le sac agresseur d'un geste vif, libère la longe et sors dans le cockpit. Tara Tari est sur la tranche, le mât dans l'eau, la grand voile dans l'eau. Je bondis au vent de mon pauvre petit bateau couché, accroupie en contre poids, sur la lèvre extérieure du pont, au niveau des filières, pour l'aider un peu: "Allez, TaraTari, redresse-toi! Tiens bon, mon vieux!" Ça me crève le coeur de le voir ainsi flanqué à terre, à mer.

Dehors, Maxime n'a pas compris grand chose à ce qui vient de se passer. Surpris par cette grosse vague, il n'a pas vu partir le bateau. Les mains accrochées au vent, il pousse désormais la barre avec son pied jusqu'à la butée, attendant/espérant que Tara Tari se redresse. Déboussolé par ce vrac, Max a un instant de confusion, trouve que le bateau tarde vraiment à se redresser : "que c'est long.." se dit-il alors en regardant, impuissant, s'éloigner un petit bidon de matériel d'accastillage que la vague a arraché. Ne sachant plus quoi faire, Maxime subit vraiment ces quelques secondes, vautrés à un ou deux milles d'un cargo en panne et non manoeuvrant, tous feux allumés. La première chose à faire est de respirer.

Nous sommes tous les deux dehors et TaraTari se redresse enfin. Le bateau est debout, mais nous sommes au près dans ces vagues, géantes vues d'ici. Une seconde encore et Maxime reprend peu à peu ses esprits, abat pour remettre le bateau sur sa trajectoire en vent arrière.

Le bateau redressé, j'inspecte le gréément, le pont, cherchant l'avarie à la lumière de ma lampe frontale. Pas facile dans cette nuit opaque, mais tout semble en place, mes béquilles barres de flèche n'ont pas bougé et rien ne semble cassé. Dès les premières lueurs du jour, je ferai une inspection plus précise.

Le gilet de sauvetage s'est gonflé pendant le choc, et la flash-light intégrée clignote toute la nuit, éclairant par intermittence la menace d'une récidive. Tout est rentré dans l'ordre mais la nuit est stressante dans la pénombre. Nous sommes à 100 milles nautiques dans le sud de l'île Gran Canaria et il nous est impossible de remonter au près dans cette mer. Le prochain abri est à 800 milles nautiques, au Cap Vert.

Capucine

samedi 19 janvier 2013

emprise

En mer. Le 25 décembre 2012.

Le vent a du coffre, souffle ses noeuds trop nombreux. Sans cesse, sans pause, sans pitié. Et ça dure et ça dure. La houle est grosse, croisée et pénible. La nuit est noire car la lune n'est pas encore levée. ça déferle et je suis trempée à la barre. Des dauphins jouent dans les vagues autour du bateau et je ne sais plus où donner de la tête. Entre les vagues, le vent, le chahut animal et la nuit, l'agitation est excessive. Tout va trop vite, même TaraTari. Une gorgée d'eau douce entre deux vagues mauvaises. je m'efforce car l'eau me glace. De grands dauphins blancs nous escortent dans cette mer noire; yin et yang océanique. Trop d'eau, trop de sel, trop peu de répit. Je lève les yeux vers les étoiles, je sais qu'elles nous protègent.

7h du matin, je note dans mon journal de bord:
" Vague éclaircie. Le jour arrive enfin. Ma délivrance, dans cette houle geôlière.
La lumière éclaire ces montagnes bleues qui parfois éclatent et blanchissent à notre contact."


Tara Tari file sur l'océan Atlantique. Epuisée par la nuit, j'attends impatiemment le réconfort de la chaleur solaire. Le vent reste fort mais les conditions sont maniables au lever du soleil. La nuit a été dure, mais quand le jour dévoile ce qui nous entoure je ne peux m'empêcher de m'émerveiller, de sourire aux anges. Que c'est beau. Et qu'il est difficile d'expliquer cet étrange sentiment, au large, qui fait oublier les peines au moindre embrun de soleil. Je me sens bien. Sous l'emprise de ce monde d'eau, je vis mon plaisir. Sans retenue; le large n'est pas un traître.




Ce matin, je pense à ma famille, certainement réunie, et à ceux que j'aime.
Si vous saviez à quel point je me sens bien en mer.
Merci de me comprendre, d'accepter et de me faire confiance.
L'importance du partage.

11h, je note dans mon carnet: 
"Sous l'emprise de ce monde d'eau, je vis."

Capucine

jeudi 17 janvier 2013

Des fluides bien dynamiques

Nuit du 24 au 25 décembre 2012. En mer.

Le spectacle de Noël des animaux marins s'achève avec la nuit qui arrive. Ce qui ressemblait à une gentille petite risée se transforme en vent fort bien établi. Tout le monde -le vent et la mer- se lève alors que c'est l'heure d'aller se coucher. N'importe quoi, cette histoire :) . Anticiper est la meilleure manière d'éviter un problème et le 2ème ris est vite pris dans la grand voile. C'est très impressionnant, en quelques secondes, la mer se lève, creusant une houle déferlante. Le vent est vraiment fort là, mais pas de panique c'était prévisible: nous sommes au Sud de l'île Fuerteventura et touchons l'accélération liée à l'effet Venturi. TaraTari surfe et s'en prend plein la coque et les voiles. Ça dépote.

Nuit du 24 au 25 décembre. Effet Venturi, cas pratique n°17.

Fini la poésie et les jolies baleines, on passe aux maths et à la physique.
Leçon de la nuit : la dynamique des fluides.

Après le détroit de Gibraltar, les zones montagneuses d'Andalousie ou encore l'approche des Canaries voici "L'effet Venturi, cas pratique n°17". L'école de la vie vous fait apprendre la leçon de manière bien plus efficace que le système scolaire et je me dis parfois que ça pourrait être comique qu'un prof de physique emmène sa classe d'ados en mer un jour de vent dans le détroit de Gibraltar pour une mise en situation réelle de la chose. Perso, ça m'aurait plus amusée que d'avoir à apprendre ça :



L'effet Venturi, du nom du physicien italien Giovanni Venturi, est le nom donné à un phénomène de la dynamique des fluides où il y a formation d'une dépression dans une zone où les particules de fluides sont accélérées. L'accélération du vent occasionne également une augmentation de la température de l'autre côté de l'obstacle (décompression adiabatique) et favorise l'évaporation dans un milieu gazeux.

La pression au point 1 est plus grande qu'au point 2; et la vitesse du fluide au point 2 est plus grande qu'au point 1.

Le théorème de Bernoulli permet de comprendre ce phénomène: si le débit de fluide est constant et que le diamètre diminue, la vitesse augmente; du fait de la conservation de l'énergie, l'augmentation d'énergie cinétique se traduit par une diminution d'énergie élastique, c'est à dire par une dépression.
Venturi a donc prolongé le travail de Bernoulli (qui a posé les bases de l'hydrodynamisme et de façon plus générale de la mécanique des fluides) en transformant le modèle vertical de Bernoulli en un système linéaire. Il reprend l'équation de Bernoulli en annulant le terme d'énergie potentielle (puisqu'il n'y a plus de variation de hauteur). L'effet Venturi ne concerne que les vitesses d'écoulement subsoniques.

Concrètement pour nous, en bateau...

L'effet Venturi est bien connu des marins mais aussi des montagnards et des aviateurs, car en montagne, c'est pareil. Si les particules d'air rencontrent une montagne, elles se retrouvent obligées de passer par-dessus pour la franchir (si elles ne peuvent pas passer sur les côtés). La zone de circulation étant moindre, les particules se retrouvent accélérées, de manière à conserver le même débit qu'avant l'obstacle. C'est pour cette raison que le vent au sommet des montagnes est toujours plus rapide que celui à sa base. Et c'est aussi pour cela qu'un col par exemple va créer une accélération des vents en aval de cette ouverture dans les montagnes.

Daniel et Giovanni: les hommes de la situation

Enfin voilà, cette nuit de Noël, chers Daniel Bernoulli et Giovanni Venturi, vos théories ont encore une fois été vérifiées: les fluides sont bien dynamiques comme il faut (pour ne pas dire un peu trop). Et par vos savants calculs, Tara Tari vous remercie de nous avoir permis d'anticiper tout ça.

Capucine

lundi 14 janvier 2013

L'orque

24 décembre 2012. En mer.

Tara Tari avance depuis 24h au rythme du souffle des baleines. Certaines passent à quelques mètres. Nous progressons alors au large de l'île de Fuerteventura, glissant vers le sud dans le petit temps. Le vent tombe au fil de la journée et vers 17h, je profite d'un moment sans vent et d'une mer enfin très calme pour me mettre à l'eau et vérifier ainsi ma réparation du safran après 24h de navigation.


Tout est ok, et j'en profite pour nager une minute (parce que j'adore ça) mais je ne m’attarde pas: la lumière du soleil devient dorée. Le soleil va bientôt se coucher, ce qui signifie que l'heure du repas va sonner pour les animaux marins. Je remonte à bord, enfile des habits secs. Au loin, le soleil se couche au creux des volcans noirs du sud de l'île. L'instant est paisible. Le silence s'installe sur l'océan, le ciel devient orange, colore l'eau d'un ton d'or.


Pas une trace de l'Homme. Tara Tari est au coeur de la Nature. Hors du temps, dans ce silence des premiers jours du monde, commence alors un étrange spectacle. Une petite tache sombre s'approche de la coque. C'est une grande tortue, qui avance doucement en surface, prenant sa respiration. "Bonjour jolie tortue!" lui dis-je à voix basse pour le pas troubler la tranquillité du moment. Assise à l'avant du bateau, je la regarde affectueusement. Tara Tari, sans moteur, dérive au gré des flots au repos. Un peu plus loin, des oiseaux s'agitent. L'heure du repas. Le cycle de la nature. Un banc de dauphins chasse en surface et au dessus de l'eau, des goélands marins profitent de ce tourbillon poissonneux pour plonger et piquer quelques poissons aux dauphins. Tout semble cohérent et bien organisé. Je ne cesse de me dire que je suis chanceuse d'assister à cet étrange repas de Noël. Ils sont là, tout autour de nous. Et nous restons silencieux, observons discrètement, comme si TaraTari avait reçu la permission d'être là.

Un geyser d'eau interrompt le silence. Une baleine! Oh, et puis là! une autre! On peut en voir au moins 6, immenses, qui soufflent, plongent, refont surface. Je compte 5 à 10 minutes entre chaque souffle d'une même baleine. Dans ce silence assourdissant, leurs souffles résonnent et me font frissonner. 27 espèces de cétacés ont été recensées dans l'archipel. Baleines pilotes, grises ou tropicales, nous avons eu le droit à différentes rencontres aujourd'hui. Mais l'une d'elles, ce soir, attire mon attention, elle semble bien plus grande que les autres.


Sa taille, sa couleur, sa nageoire dorsale... S'agirait-il d'une baleine bleue? Peu probable, le rorqual bleu, le plus grand de tous, est de plus en plus rare et se situe dans des latitudes plus Nord. Mais elle est tellement grande, bien plus grande que le rorqual gris. Je pourrais vite plonger dans mon petit livre qui décrit les différentes espèces, mais qu'importe son nom: là tout de suite, je préfère vivre l'instant, rester présente à cette imposante rencontre. Je pense alors à mon ami américain, le réalisateur Peter Jay Brown, un des piliers de Sea Shepherd, actuellement en Antartique. Nous avions passé un chouette moment ensemble à Lanzarote. Il aurait aimé être là.

Les dauphins, les oiseaux, la tortue et les baleines m'émerveillent. Je me sens bien, sereine dans cette immensité vivante, loin des Hommes bruyants. Je suis à l'avant du bateau, en compagnie de la tortue, quand soudain un grand bruit me fait sursauter. A quelques mètres de l'étrave de Tara Tari, une orque saute et plonge avec force. Face à face improbable. Bien fait de remonter à bord, moi. Elle fonce dans notre direction. Impressionnée, je file à l'arrière du bateau. Maxime me regarde "Une orque!" Nous sommes à la fois émerveillés et effrayés. "Tu as vu ces joues blanches, sa tête si grosse, si ronde! C'est fou!" Nous ne sommes pas rassurés, car l'orque fonce vers nous avec une grande détermination. L'orque est une tueuse, il ne faudrait pas qu'elle prenne Tara Tari pour une dinde de Noël! Je regarde Maxime "Tu crois que les orques ont un menu spécial Noël ?!" lui demande-je à voix basse. Nous sourions mais restons en silence. Nous sommes si bas sur l'eau, que la baleine tueuse n'aurait pas à prendre beaucoup d'élan pour nous gober comme des petites otaries. Nous restons très attentifs, observons la masse sombre qui passe sous le bateau. Une fois... Deux fois.... et puis d'un côté et de l'autre. Apnée. Que les secondes peuvent sembler longues quand on est dans l'inquiétude! Pfffffiou, soupir de soulagement: le danger semble s'éloigner de nous. Et nous soufflons aussi fort que les six baleines qui restent autour de nous. Élément parmi les éléments, quelle est notre place dans la chaîne alimentaire marine ? Pas très envie de le découvrir tout de suite.

Une orque (oui oui on dit "une" orque)

Le monde anglo-saxon appelle la bête "killer whale" (baleine tueuse), et croyez-moi dans la vraie vie, on est loin de "Sauvez Willy!" C'est super impressionnant de se retrouver dans ce genre de tête à tête. Quel puissant animal! Orque: poids moyen 5 à 7 tonnes. vs TaraTari poids 1,6 tonne. L'orque est juste un peu plus costaud que Tara Tari.... juste un peu :)

Improbable réveillon de Noël. Je suis subjuguée par ce que je viens de vivre. Mais le vent me rappelle à la manoeuvre: La nuit tombe et le vent se lève. Les animaux replongent dans l'obscurité et les vagues resurgissent. Je décide de prendre un ris, puis deux mais je ne me doutais pas alors, de ce que nous nous apprêtions à vivre..

Capucine



--
Petit message : téléphone fr hors service, toujours pas d'Iridium, chargeur d'ordi hors service, accès à l'électricité limité et connexion internet très limitée... désolée de ne pas pouvoir donner beaucoup de nouvelles, de ne pouvoir répondre à tous les messages, ni tenir ce blog à jour plus régulièrement.. Tous vos messages me touchent beaucoup! Merci du fond du coeur! cap.

dimanche 6 janvier 2013

Essayez de comprendre

En mer. Le 23 décembre 2012.

Il fait nuit et cela fait déjà plusieurs heures que nous avons largué les amarres. Plusieurs heures, juste celles qu'il faut pour se remettre dedans, dans le rythme de cette vie hors du temps. Le vent est plutôt doux et Tara Tari avance bien. Sereinement, tranquillement sous la lune ronde, nous nous éloignons des volcans de Lanzarote. Il n'y a sur l'eau cette nuit-là, ni voilier ni bateau de pêche. Seule sur le pont, je respire profondément. Il fait bon et je me sens bien, si bien.

la nuit du départ
Je pars heureuse et dans ces premiers instants de nuit, mes pensées papillonnent, d'images en souvenirs de ces quelques mois d'escale à Lanzarote. Des rencontres et des partages aussi beaux qu'improbables, le cabotage dans les îles, Graciosa et la pêche à la sardine. Et je souris aux anges, aux étoiles et à la nuit, comme pour remercier la chance qu'il m'a été donnée de vivre ces instants. Saine nostalgie propre au départ; pas de tristesse ni de regret, je pars le coeur rempli de bonnes énergies, carburant écolo pour avancer encore et encore. C'est ça aussi de vivre le présent au présent. Je pars heureuse, disais-je. Heureuse de retrouver ce poumon de vie, je pars respirer le monde. Mes yeux pétillent de larmes de plaisir.
*
On me dit folle, utopiste, idéaliste rêveuse, trop passionnée, trop en marge de la vie. L'incompréhension est réciproque: le monde des terriens me semble fou. Plus j'avance dans ce voyage au coeur du monde et moins je comprends le matérialisme et l'agressivité de nos villes, de nos sociétés consuméristes aux administrations compliquées. J'avance fidèle à mes convictions et nous verrons bien si je suis à ce point dans l'erreur. Les gens des villes n'ont pas l'air très heureux avec tous leurs gadgets inutiles.
Cette nuit, cette première nuit de retrouvailles avec le large, je me retrouve au coeur du monde, en harmonie avec la vie. Puissent ces quelques images, ces quelques lignes, témoigner de la magie du monde dans lequel je vis.
*
l'approche des sièrenes

Des formes étranges s'approchent à vive allure de la coque de Tara Tari. L'eau est si claire et la lune si belle, que ces silhouettes ondulantes scintillent. Des étoiles filantes tombées à l'eau? Des sirènes? Qu'importe ces dauphins porteurs de rêve viennent jouer avec nous, certains sautent d'un côté à l'autre, m'éclaboussent. D'autres à l'avant, jouent avec l'onde de l'étrave du bateau qui file à bonne allure. C'est féérique. Tara Tari est si bas sur l'eau que ces magiciens sont à quelques centimètres de moi. Je file à l'avant, à genoux sur l'étrave, j'embrasse la magie.


Et le dauphin me sourit.
"Merci la vie!" je crie ma joie, plonge mon bras dans l'eau, caresse ces dauphins du bout de ma main, ils se dandinent, là, juste devant, beaux comme le monde, et l'on se touche, contact physique et poignant dans cette eau si pure. "Merci...." dis-je encore à voix basse, le regard enivré par ce spectacle, les yeux éclaboussés par l'émotion.

Un guide devant l'étrave de Tara Tari
Je savoure mon plaisir, c'est si fort. Le vent, le bateau qui file sous la lune, la nuit, l'eau si belle, et c'est presque trop de magie. "Il faut que les gens sachent que ça existe vraiment, je ne suis pas folle" je me dois d'être témoin de ce moment. "Réveillez-vous tous! la vérité est ailleurs, elle est là, devant l'étrave. Ouvrez les yeux! Ouvrez vos coeurs! Regardez" je tente quelques photographies.

La magie opère encore et encore. Les dauphins sautent au dessus de l'étrave, replongent, m'éclaboussent, caressent ma main que je tiens dans l'eau.. C'est surréaliste et pourtant tellement réel.
Qui va trop vite ne peut vivre cela. Qui prend trop de hauteur ne peut être ainsi au contact du monde.
Quelle magie. La rencontre est possible pour celui qui a le coeur ouvert, disponible et disposé à la rencontre. Si proche du monde, je le regarde, l'admire, le respecte.
Élément parmi les éléments. Nous respirons ensemble.
L'essentiel.

Bulles de Noël
Utopiste, je le suis peut-être, mais comment pourrait-il en être autrement portée par une telle féerie? 

Cette navigation vers les îles du Cap Vert s'élance de la plus belle des manières...
Capucine

jeudi 3 janvier 2013

Tara Tari au Cap Vert !

Mindelo, le 3 janvier 2013.

Salut tout le monde!

Et bien voilà, nous sommes arrivés au Cap Vert à Mindelo, sur l'île Sao Vincente, hier le 2 janvier 2013 vers midi après 11 jours de mer et environ 1000 milles nautiques parcourus.

Tara Tari à Mindelo le 2 janvier 2013 - île Sao Vincente - Cap Vert

Conditions difficiles, cette navigation a été extrême. Vent fort, parfois très fort, vagues déferlantes violentes, parfois très violentes. Mais Tara Tari est en forme: rien de cassé malgré les gros vracs!

Les déferlantes ont juste englouti le bricolage du régulateur d'allure et le pilote, donc il a fallu barrer 24h/24h, mais par chance, Maxime qui avait déjà embarqué comme équipier à Gibraltar, m'a fait la surprise d'arriver au moment où je quittais Lanzarote! Nous avons donc été au bout de cette nav en double. C'était bien d'être deux pour cette partie, et nous avons tous les deux dû puiser dans nos ressources; quand certains naviguent en maillot de bain, nous nous étions avec 2 pulls polaires, ciré, bonnet, capuche, trempés jusqu'aux os. Tara Tari est si bas sur/sous/dans l'eau.

Il y a aussi eu de la magie, en rencontrant baleines, orques et dauphins..
Arrivée, bateau amarré, nous avons reçu un super accueil de personnes rencontrés aux Canaries ou en Espagne.

Là je suis encore vraiment fatiguée et j'ai mal partout, mais je prendrai le temps de raconter cette nav surréaliste entre les Canaries et le Cap Vert. Alors en attendant et pour résumer : Tara Tari bien arrivé au Cap Vert, après 11 jours de mer, 1000 milles parcourus, nav en double, conditions extrêment éprouvantes, pas de casse structurelle. Et je suis super méga grave heureuse ;)

A très bientôt!
Capucine