Il fait nuit et cela fait déjà plusieurs heures que nous avons largué les amarres. Plusieurs heures, juste celles qu'il faut pour se remettre dedans, dans le rythme de cette vie hors du temps. Le vent est plutôt doux et Tara Tari avance bien. Sereinement, tranquillement sous la lune ronde, nous nous éloignons des volcans de Lanzarote. Il n'y a sur l'eau cette nuit-là, ni voilier ni bateau de pêche. Seule sur le pont, je respire profondément. Il fait bon et je me sens bien, si bien.
la nuit du départ |
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On me dit folle, utopiste, idéaliste rêveuse, trop passionnée, trop en marge de la vie. L'incompréhension est réciproque: le monde des terriens me semble fou. Plus j'avance dans ce voyage au coeur du monde et moins je comprends le matérialisme et l'agressivité de nos villes, de nos sociétés consuméristes aux administrations compliquées. J'avance fidèle à mes convictions et nous verrons bien si je suis à ce point dans l'erreur. Les gens des villes n'ont pas l'air très heureux avec tous leurs gadgets inutiles.
Cette nuit, cette première nuit de retrouvailles avec le large, je me retrouve au coeur du monde, en harmonie avec la vie. Puissent ces quelques images, ces quelques lignes, témoigner de la magie du monde dans lequel je vis.
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l'approche des sièrenes |
Des formes étranges s'approchent à vive allure de la coque de Tara Tari. L'eau est si claire et la lune si belle, que ces silhouettes ondulantes scintillent. Des étoiles filantes tombées à l'eau? Des sirènes? Qu'importe ces dauphins porteurs de rêve viennent jouer avec nous, certains sautent d'un côté à l'autre, m'éclaboussent. D'autres à l'avant, jouent avec l'onde de l'étrave du bateau qui file à bonne allure. C'est féérique. Tara Tari est si bas sur l'eau que ces magiciens sont à quelques centimètres de moi. Je file à l'avant, à genoux sur l'étrave, j'embrasse la magie.
Et le dauphin me sourit.
"Merci la vie!" je crie ma joie, plonge mon bras dans l'eau, caresse ces dauphins du bout de ma main, ils se dandinent, là, juste devant, beaux comme le monde, et l'on se touche, contact physique et poignant dans cette eau si pure. "Merci...." dis-je encore à voix basse, le regard enivré par ce spectacle, les yeux éclaboussés par l'émotion.
Un guide devant l'étrave de Tara Tari |
La magie opère encore et encore. Les dauphins sautent au dessus de l'étrave, replongent, m'éclaboussent, caressent ma main que je tiens dans l'eau.. C'est surréaliste et pourtant tellement réel.
Qui va trop vite ne peut vivre cela. Qui prend trop de hauteur ne peut être ainsi au contact du monde.
Quelle magie. La rencontre est possible pour celui qui a le coeur ouvert, disponible et disposé à la rencontre. Si proche du monde, je le regarde, l'admire, le respecte.
Élément parmi les éléments. Nous respirons ensemble.
L'essentiel.
Bulles de Noël |
Cette navigation vers les îles du Cap Vert s'élance de la plus belle des manières...
Capucine
j'adore, merci Capucine, je le sais c'est toi qui a raison... pleins de bonnes choses pour toi et Tara Tari
RépondreSupprimerJulien
Tu n'es pas utopiste, tu VIS, tu bouffes la vie au naturel, tu te rapproches de l'essentiel où se trouve la vérité. Merci de nous faire vivre cette "vraie vie" par procuration, et continue ta belle aventure :)
RépondreSupprimerMerci pour tout Capucine !
RépondreSupprimer"folle, utopiste, idéaliste rêveuse" - tout ça, Capucine, ce sont des expressions d'une même idée. Une idée de la vie, vécue à fond, mais partagée avec les autres. Folle peut-etre, mais alors de cette folie qui rend certains humains rares et attachants. Et "trop passionnée" ça n'existe pas. Il n'y a que des passionnés, et des inutiles. Continue comme ça, ça m'aide a progresser et je sais que je ne suis pas le seul. Merci.
RépondreSupprimerBonne et heureuse année 2013 à Capucine et à Tara Tari, du soleil, du ciel bleu, du vent (pas trop), de la réussite et de bonnes bulles pour faire Tchin Tchin à l'arrivée.
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