vendredi 29 juin 2012

le secret

juin 2012. parenthèse lorientaise.

Je ne vais pas vous mentir: Maurice Carême, avant d'avoir été une source d'inspiration a très clairement été une source de stress. Je me souviens de ces minutes un peu longues où, enfant, plongée dans une concentration intense, j'ai dû réciter au tableau, par coeur et avec l'intonation chantante, quelques poèmes de ce génie belge. D'abord le titre annonciateur, la formule magique "de Maurice Carême", l'inspiration - d'ordre respiratoire - et le récit. Oublier ni mot ni liaison: je ne m'en sortais pas trop mal mais quelle angoisse. Remarquez, poète pour écoliers, ça ne doit pas non plus être un job facile tous les jours. Pauvre poète, aux pieds si souvent écorchés.

Plus tard, l'inspiration est devenue plus cérébrale.
En lisant vraiment ses vers j'ai réalisé que ce cher Maurice avait tout compris!
Par la simplicité de son écriture et par celle de son regard sur la vie.

Poèmes simples donc on les fait apprendre aux enfants. Mais de cette simplicité-là, ce sont les adultes qui auraient beaucoup à apprendre.

*
Lorient. il y a quelques jours, avec des amis.

- " Tu sembles heureuse, Capucine "
- " je crois que je le suis "
- " Quel est le secret ? "
 
Dans ma petite tête, s'invite alors un poème. Un poème de Maurice Carême.
Un poème qui répondrait bien à quelques questions.

cadeau de mes parents

Mes parents m'ont offert ce livre, "La lanterne magique", il y a quelques années.
"Liberté " est le dernier texte de ce recueil de poésie édité en 1947.
En m'offrant ce livre, mes parents m'ont donc confié un secret. Peut-être le secret.


LIBERTE

Prenez du soleil
Dans le creux des mains,
Un peu de soleil
Et partez au loin!

Partez dans le vent,
Suivez votre rêve;
Partez à l'instant,
La jeunesse est brève!

Il est des chemins
Inconnus des hommes,
Il est des chemins
Si aériens!

Ne regrettez pas
Ce que vous quittez.
Regardez, là-bas,
L'horizon briller.

Loin, toujours plus loin,
Partez en chantant!
Le monde appartient
A ceux qui n'ont rien.

                Maurice Carême




Le jour où je suis partie avec le secret. le 17 novembre 2011

samedi 16 juin 2012

taguella tsouin tsouin

Hiver 2012.

C'est en Libye que j'ai appris à cuire du pain dans du sable. C'était il y a quelques années: j'étais partie dans le désert avec un petit groupe de nomades Kel Tamasheq (Touaregs). La marche dans le désert est une autre sorte de navigation, sur une autre sorte d'océan. Les nuits froides, les tempêtes de sable, et l'extrême simplicité de l'équipement tamasheq: l'expérience n'était finalement pas si lointaine de celle que je vis aujourd'hui. Le voyage est une inépuisable source d'apprentissages. Lors de cette longue marche, mes amis Tamasheq m'ont appris parmi tant d'autres choses à faire sécher la viande de dromadaire, à conserver de l'eau douce dans de la peau de chèvre ou encore à cuire du pain dans le sable.

Ali à l'heure du thé, petite peinture de mes carnets de Libye

Alors cet hiver, à l'abri du vent dans de petites criques aux pieds de falaises sans végétation, loin des villes et des boulangeries, j'ai cuit mon pain dans le sable comme me l'avait appris Ali, dans le désert.

Il faut faire très très attention avant de faire un feu et être sûr de l'endroit choisi car ce n'est pas autorisé partout et si l'on ne respecte pas les consignes, on risque de mettre le feu aux environs!
Une crique aux pieds de falaises rocheuses et bien à l'abri du vent, voilà ce qu'il faut. Il faut aussi sécuriser le foyer du petit feu, avec des pierres et avec de l'eau et du sable tout près, afin de toujours pouvoir l'éteindre rapidement. Pour allumer le feu, quelques algues séchées, du petit bois flotté échoué et bien sec, de la fibre d'un vieux morceau de palmier mort, et une pierre à feu.


Pendant que le feu prépare les braises qui nous seront utiles, il faut préparer la pâte: un peu de farine et un tout petit peu d'eau salée suffisent. Il faut ensuite bien pétrir la pâte.


La simplicité n'exclut pas la gourmandise: j'ajoute à ma pâte quelques petits morceaux d'une figue séchée..


Pétrir encore la pâte,


Les Kel Tamasheq écartent le feu, placent la pâte sur le sable et les cendres, recouvrent de sable l'ensemble et replacent le feu dessus, mais ici, j'ai fait un peu différemment car mon feu est tout petit et je n'ai pas assez de braises: j'ai donc recouvert le petit feu avec du sable,


posé la pâte sur le feu recouvert: les braises restent chaudes malgré le sable.


 Ensuite, j'ai recouvert la pâte de sable,


avant de refaire un petit feu par dessus tout ça, pour pouvoir cuire les deux côtés à la fois, sans avoir à retourner la pâte.


Le temps de cuisson? Il faut prendre le temps de préparer et boire un bon petit thé. A bord de Tara Tari, j'ai encore un peu de thym cueilli la veille de l'autre côté de la crique: quelques brins dans l'eau de ma petite théière trop trop jolie que je place sur le feu, et voilà, il n'y a plus qu'à apprécier le moment!

thym que je conserve à bord dans de la toile de jute



Deux ou trois tasses de thé plus tard,


Il suffit d'écarter les braises et de sortir le pain cuit. Si le pain est bien cuit et si le sable est bien fin, il n'accroche pas et s'en va très bien.



Ce jour-là, j'avais dû écourter un peu la cuisson du pain et cet agréable moment car la pluie se mit à tomber bbb, et j'avais dû vite me mettre à l'abri, à bord.


Mais malgré la pluie, il est très important quand on lève un camp, de toujours bien veiller à ce que l'endroit soit aussi propre et semblable à ce qu'il était, avant d'arriver.


Là, le pain n'était peut-être pas tout à fait assez cuit, mais il était néanmoins bien bon; et les petits morceaux de figue.... mmmm délicieux!

**

La cuisson du pain dans le sable et les braises est connue de ceux qui ont goûté au désert. Les Berbères l'appellent "taguella". Charles de Foucauld en a écrit la précieuse recette.

Charles de Foucauld (1856-1916) était officier de l'armée française mais à 23 ans il quitte l'armée pour partir à la rencontre du Maroc. En 1888, il publie "Reconnaissance au Maroc" et est alors reconnu comme l'un des plus grands explorateurs et géographes français. Il devient religieux et vit sa foi dans la pauvreté et l'abnégation, il devient ermite en 1901, en Palestine puis dans le Sahara, en Algérie. Il vit une longue période de méditation avant de vivre parmi les Touaregs, toujours en ermite. Assassiné en 1916, Charles de Foucauld est vite vénéré et considéré comme un saint. Il a été béatifié en 2005.

Aujourd'hui encore, les travaux de Charles de Foucauld sont une référence dans la connaissance de la culture Touareg et c'est pour cela que je me permets de vous donner la vraie recette / mode de cuisson de la taguella, extraite de son dictionnaire français-touareg:

« Pour faire une taguella, on verse dans une écuelle de la farine et de l'eau et on les mêle avec une cuillère jusqu'à ce qu'il forme un liquide homogène ayant la consistance d'une sauce moyennement épaisse ; on fait un feu à un endroit couvert de sable et propre ; quand le feu n'a plus de flammes et qu'il ne reste que des braises, on écarte un peu celles-ci, de manière à laisser à découvert, ou seulement couvert de quelques cendres, le sable du sol ; dans ce sable chaud ou ces cendres chaudes, on pratique un creux rond, de 4 à 5 centimètres de profondeur et de largeur telle qu'il puisse contenir le mélange de farine et d'eau ; on verse ce mélange dans le creux ; on le dessèche légèrement à la surface en faisant passer à peu de distance au-dessus de lui pendant un court moment la flamme d'herbages en feu, puis on recouvre le pain de cendres, et on met un lit de braises au-dessus des cendres. Quand on estime le pain suffisamment cuit dans sa partie supérieure, on écarte les braises et les cendres, on retourne le pain, et on le couvre de nouveau de cendres surmontées de braises pour que la partie qui reposait précédemment sur le sable cuise à son tour ; quand elle est cuite, on retire le pain des cendres et on le lave à grande eau : il est prêt à être mangé. »

 
En Libye, il n'y avait pas assez d'eau donc nous ne lavions pas le pain, le sable était si fin dans le désert, que de toute façon il ne tenait pas sur la pâte. Dans la mesure du possible, il faut nettoyer le pain avec vos mains ou avec un chiffon afin de ne pas gaspiller trop d'eau douce.

Vive la simplicité! A bientôt!
Capucine

jeudi 14 juin 2012

objet: texte sur toi

Toujours à Lanzarote. juin 2012.

Sortie de mon petit volcan.

Retour dans cette vie qui se vit beaucoup trop devant un écran d'ordinateur. Dans ma messagerie, un mail de Maxime Dreno, mon équipier de Gibraltar-Lanzarote, rentré en France peu après notre arrivée sur l'île. L'objet de son message: "texte sur toi". Ces lignes, Maxime les a écrites pour ce blog, parce qu'on lui a demandé comment il avait vécu cette nav, et surtout-surtout quel était son regard sur moi. Je copiecolle donc son texte. Merci Maxime pour ces lignes d'amitié. Nous ne sommes pas prêts de l'oublier, notre baptême de détroit de Gibrlatar! C'était dur mais bien: Le temps qui passe est comme une petite passoire qui égoutte les souvenirs pour ne garder que les bons moments. Hé! Pas idiote, la mémoire!
C'est chouette d'avoir des amis dans la vie.
Capucine


**
Mai 2012. Par Maxime Dreno.
" Une skipper d'un petit bateau... 

Le sourire est souvent aux lèvres. Parfois il disparaît: la fatigue est là ou un petit souci la tourmente. Capucine est ainsi en mer. Elle ne cache pas grand chose de ses humeurs. Heureusement pour moi, elles ont tendance à être au beau fixe.

Après 11 jours en mer et quelques jours à terre sur la magnifique île de Lanzarote, je peux me permettre de décrire la skipper du petit Tara Tari qui a tout d'un grand.

photo d'équipage devant Casablanca

Je suis toujours en bons termes avec Capucine et pourtant cela n’était pas gagné d'avance. La navigation de Gibraltar à Lanzarote nous aura offert toutes les possibilités de conditions que l'on peut retrouver en mer et qui parfois mettent à rude épreuve le moral des marins.

Dans le vent plus que fort du détroit de Gibraltar, j'ai vu une Capucine confiante en son bateau alors que je m'imaginais déjà sur le "toit", bateau retourné aux milieu des cargos, attendant les secours. Pour autant, il ne faut pas y voir de l'inconscience de sa part. Elle a vécu plus de choses que moi à bord et sait comment se comporte Tara Tari. Elle fait aussi très attention à la sécurité, s'attachant tout le temps, mettant son gilet de sauvetage et allant sans précipitation affaler une voile d'avant récalcitrante qui ne veut pas redescendre... Elle mettra d'ailleurs un temps un peu long, pour moi à la barre, pour régler ce souci mais elle veut faire les choses bien. Une seule fois suffit d'aller jouer à l'avant dans une mer démontée...

Sortis de ce détroit en ébullition, où la seule issue n'était qu'avancer, j'ai vu une Capucine apprécier à sa juste valeur le calme relatif lorsque elle m'a relayé à la barre et c'est en toute confiance que je suis allé me reposer. A mon réveil, j'ai retrouvé une Capucine heureuse d’être enfin en Atlantique mais qui, me sentant éprouvé après ce passage difficile a su, avec l'avis du météorologue, prendre la décision de se rapprocher des côtes marocaines en envisageant une escale à Larrache. Escale que nous ne ferons finalement pas.

Une fois près des côtes marocaines, alors que le vent diminuait, j'ai vu une Capucine prenant son mal en patience, prenant le temps d’écrire, de lire, de dessiner, d'essayer de chanter, de regarder la mer et d'apprécier les milles visages qu'offre cet univers changeant d'heure en heure. Elle a aussi pris le temps de discuter et d’écouter, de partager aussi.


Sur son petit bateau de pêche du Bangladesh, j'ai vu une Capucine pêcher et essayer de donner la mort à un maquereau fraîchement sorti de l'eau. Elle était tellement mal à l'idée de lui donner le coup fatal, que le poisson en a profité pour se débattre une dernière fois, lui glisser des mains et reprendre sa liberté....

Dans le vent fort sur la fin, j'ai vu une Capucine avouant sa fatigue et sa hâte d'arriver. La dernière nuit a été éprouvante. Entre la mer et les cargos qui jouent à cache-cache derrière la GV, nous avions de quoi vouloir être au port. Cependant, Capucine s'est astreinte à faire régulièrement le point afin d’être sure de là où nous allions, et à garder sa bonne humeur...


Dans tout ces moments, j'ai vu une Capucine m'accueillant comme un hôte de marque malgré le côté spartiate de Tara Tari. Elle a su, à travers de petites attentions, rendre la vie à bord agréable. Petit café accompagné d'un carré de chocolat pour bien commencer la journée, un peu de saucisson, des amandes et des noix pour marquer la fin de la journée, etc. Elle a, j'avoue, souvent cuisiné. La cuisine est un peu étroite pour moi. Ses repas ont toujours l’inventivité des plus grands chefs malgré les ressources limitées. Tous ces petits gestes ont amélioré notre quotidien et rendu la vie du bord agréable...

"elle n'est pas trop jolie, ma petite théière?" entendu 738 fois en 11 jours

Mais je n'ai pas vu une Capucine essayant de m'intoxiquer avec des lyophilisés périmés depuis plus de deux ans! ça, je ne l'ai découvert qu'une fois rentré en France, en lisant les lignes de son blog et.. j'ai décidé de ne pas lui en tenir rigueur! :)

Parfois aussi, j'ai vu une Capucine tracassée par de petites choses. Elle a passé du temps à la recherche d'un briquet qui s'était caché dans une chaussure. Elle a été vexée de ne pas retrouver ses lentilles de vue perdues dans la bataille de Gibraltar et d'être obligée de porter des lunettes, dont une paire n'a pas supporté la navigation et s'est cassée. Elle a essayé de rassurer son drapeau du Bangladesh qui s'était carapaté de peur en haut du pataras dans le vent fort du détroit, pour qu'il redescende: mais il n'est pas redescendu montrant fièrement ses couleurs dans le port Calero.

"tu peux redescendre, maintenant, c'est bon, la tempête est finie!"

A quai, j'ai vu une Capucine fière du parcours effectué et reconnaissante de l'aide apportée. Humble, elle a reconnu que cela aurait été plus compliqué toute seule.

A terre, j'ai vu une Capucine appréciant la beauté des paysages, la joie d'essayer de nouveaux sports, le plaisir d'un bon verre de vin. Elle profite, de manière simple de ce qui l'entoure.

Dans ses gestes, son regard, ses paroles, j'ai vu surtout une Capucine amoureuse de Tara Tari et un joli couple prêt à aller loin.

A bord, a terre, en mer, j'ai vu aussi une Capucine avec quelques défauts, quelques idées fixes qui ont tendance à énerver. Un peu comme tout le monde j'ai envie de dire. Je ne pense pas que cela soit nécessaire d'y revenir. On a tendance à ne garder en tête que les belles choses.

Enfin en un an, j'ai vu Capucine dans diverses situations: en fauteuil, marchant avec une canne, pleine de rouille réparant Tara Tari, se réparant elle même, marchant sans canne, navigant avec le sourire au milieu de l'océan, surfant à Lanzarote... et offrant un joli parcours de Kerpape aux Canaries. Joli message de ce que l'on peut faire quand on le veut...

fin du chantier, à Lorient - Octobre 2011.

Un grand merci à Capucine pour ce périple (où les tournevis rouillés ont plus de valeur que les tournevis en or)

Maxime "

Maxime et sa barbe de marin à l'arrivée à Lanzarote

vendredi 8 juin 2012

départ en méditation

Lanzarote. juin 2012.

Lanzarote est une île désertique et volcanique. Après avoir gouté à la réflexion en pleine mer, je ne pouvais espérer plus bel écrin qu'un volcan pour prendre le temps de réfléchir à terre. Je pars donc, non pas en mer mais en terre.


ici, dans ce volcan.
- il est éteint je vous rassure.

Je pars avec de l'eau et mon couteau suisse, et de quoi me couvrir.
sans livre, ni aucune autre source de déconcentration.


il n'y a ici, que de la lave séchée, du sable volcanique et des couleurs qui se ressemblent,

et le silence.

à bientôt,
capucine




TaraTari ambassadeur de la journée mondiale des océans, au Port Calero


le 8 juin 2012. Lanzarote.

Le Port Calero - où TaraTari et moi nous trouvons actuellement- nous a fait le plaisir de choisir Tara Tari et mon aventure comme 'ambassadeurs' de cette journée dédiée aux océans. Et afin de réfléchir sur la thématique "océans et environnement", j'ai du écrire quelques lignes, disponibles en espagnol et en anglais sur le site du port et en français sur ce blog.

Texte à lire en Espagnol ici : dia mundial de los oceanos - Tara Tari - Capucine Trochet

Texte à lire en Anglais, ici :  world oceans day - Tara Tari - Capucine Trochet

*

              L’océan est notre avenir, il faut en prendre soin comme on prendrait soin d’un grand trésor ou d’une personne que l’on aime. Depuis 7 mois, je vis une belle aventure à bord de Tara Tari, petit voilier de pêche du Bangladesh qui à la particularité d'être le premier voilier fabriqué avec de la fibre de jute et des matériaux recyclés. En mer, de France jusqu’à l’île de Lanzarote, j’ai avancé doucement, avec le vent et sans moteur, en vivant au plus proche de l’Océan. Et tous les jours je me suis appliquée et m’applique encore à l’écouter pour le comprendre mieux. Chercher à comprendre l'autre est un premier pas vers le respect.

              L’Océan est vivant et comme chacun de nous, il a besoin d’affection. Il y a des petits gestes simples, que nous pouvons tous faire et qui sont de grandes marques d’affection : en ramassant les déchets échoués sur les plage lors d’une promenade, en utilisant un panier et non pas de sacs en plastique pour faire ses courses par exemple : car si un sac plastique flotte dans l’eau, les tortues et les dauphins le prennent pour une méduse, le mangent et ils en meurt. C’est une réalité qui fait mal au cœur et pourtant nous ne faisons pas encore assez d'efforts pour améliorer les choses. Au large, j’ai été bien triste de voir tant de déchets flotter : c’est pire que ce que j’imaginais. Nous devons prendre soin de l’océan pour de vrai : le couvrir d’affection et non plus de déchets.

Tara Tari est un tout petit bateau, et je n’ai donc pas beaucoup de place à bord. Je ne vis qu’avec l’essentiel, qu’avec ce qui est vraiment nécessaire. Pas de gadget, pas d’emballage superflu, pas d’objets en double: juste l’essentiel. Je n’ai à bord ni télévision ni musique mais j’ai des livres et des crayons pour écrire et dessiner et un harmonica aussi. Cela redonne de l’espace à l’imagination, permet un peu plus de créativité. Grâce à mon aventure, j’ai aussi pris conscience que l’on n’a vraiment pas besoin de beaucoup pour vivre bien: il faut faire simple. Réduire nos achats et nos consommations, oublier les modes et revenir aux sources : boire plus d’eau douce, manger des fruits et des légumes de saison cultivés près de chez nous, lire des livres… Ce mode de vie que l’on appelle la simplicité volontaire est une voie d’accès vers le bien être, et en plus il permet d'être plus respectueux de l’environnement. 

Tara Tari est ma petite planète et je dois veiller à mes ressources à bord, pour que l’aventure puisse durer dans le temps, tout en respectant l’Océan. Si mes choix de vie sont considérés un peu extrêmes par le manque de confort et par cette simplicité recherchée, chacun de nous devrions considérer nos maisons comme de petits bateaux aux ressources limitées: aussi bien en énergie, en eau potable ou en gadgets de divertissement. Il faut prendre plus de temps pour réfléchir à tout cela, pour comprendre l'importance et l'urgence de changer certains de nos comportements. Je pense que prendre soin de la nature doit être et devrait être la grande aventure de nos vies.



Journée mondiale de l'océan

le 8 juin 2012. Lanzarote.

C'est aujourd'hui, la journée de "l'océan"... mais comme pour le reste, cela devrait être tous les jours.

Un peu partout, des associations et des institutions vont lancer de belles initiatives pour mieux connaître la mer, pour apprendre à la respecter. C'est important, l'action. Aujourd'hui aussi, nous pourrions prendre le temps de réfléchir. A l'avenir, à ce qu'il pourrait être si nous ne faisons pas plus attention. La prise de conscience passe aussi par la réflexion, afin d'être individuellement bien convaincu de l'importance d'entreprendre des actions durables. Bien qu'elles soient encore vraiment nécessaires, je suis certaine que si nous prenions tous un peu plus de temps pour y penser, nous n'aurions plus besoin de tant de campagnes de sensibilisation.

En plus des bonnes actions qui seront faites aujourd'hui, j'espère que chacun essaiera de prendre quelques instants, en silence et si possible au silence, pour réfléchir. 



Bonne journée à tous les océans,
capucine

mercredi 6 juin 2012

et j'ai surfé à Famara

Lanzarote. mai & juin 2012.

Session surf.

Je suis une snowboardeuse mais pas une surfeuse, pourtant ce matin, à bord de Tara Tari, je me suis réveillée en écoutant une musique  CLIQUER ICI POUR ECOUTER LA MUSIQUE DU REVEIL  ça m'a donné la pêche: ALORS à grande forme grande résolution:
Direction le nord ouest de l'île: Let's go surfin'!


Ici sur l'île de Lanzarote,
il y a un spot. Il s'appelle Famara.

il paraît que la couleur du drapeau n'a pas été changée depuis 1974
Déjà, la route, pour venir jusqu'ici, elle plante le décor. C'est comme dans les magazines, elle te vend du rêve: le désert qui tombe dans la mer, le moulin à vent qui ne marche plus mais qui est là parce que c'est le spirit, le sable que le vent a soufflé sur la route, le drapeau qui reste rouge 365 jours par an, le Mitch Buchannon local est là dans sa cabane en bois, avec sa planche, sa bouée de sauvetage rouge, ses abdos, et son 4x4 jaune. Et puis il y a les vagues. Tu les vois de loin, les vagues de Famara.


Mais quand tu arrives à Famara, avant de sortir ta planche, tu t'approches de la mer, et tu regardes les vagues. Enfin, c'est comme ça qu'ils font ici, les 'vrais'. A côté de moi, deux surfeurs. Ils se tiennent debout, les bras croisés genre les mains sous l'aisselle opposée, ils froncent légèrement les sourcils, et regardent la mer en silence. Ils regardent la mer. Ils regardent la mer. L'un d'eux bouge un peu son pied dans sa tong mais ils continuent: ils regardent la mer. Et puis tout d'un coup, après peut-être 25 minutes d'observation de la mer, après trois clignements de paupières et après quatre remuages d'orteils gauches, l'un des deux gars regarde l'autre et lui dit avec une voix super zen mais toujours sans sourire et fronçant toujours un peu les sourcils, une phrase très éloquente :
- " 6'2"."
- "grave" répond l'autre. 

Les gars bougent et moi je file au surfshop, dans ce petit bled-là -Caleta Famara- du côté ouest de la plage. 
Caleta Famara, le village des surfeurs de l'île
J'arrive au surfshop.
Là, le gars est entrain de se rouler sa cigarette.
Ambiance tong, short long et petit t-shirt qui va bien.
Il me regarde : 'surfing?"
je ne réponds pas, mais je souris, genre "yes man".
Et là, les choses se compliquent.
Il me regarde et me dit
- " 6'4" ?"
je fais genre celle qui sait de quoi elle parle:
- " les gars parlaient de 6'2" "
- " ouai, mais j'ai regardé ce matin, franchement je pense qu'un 6'4", c'est pas plus mal"
- " je vais partir sur un 6'6", si ça t'as ça...?"
- "yes, my friend" me dit-il en me tendant la board. "bon trip!" me dit-il encore.

pas trop loin de Mitch: on ne sait jamais.
Me v'là donc avec ma 6'6" sous le bras, devant les vagues de Famara.
Et quelque chose me dit que ça ne va pas être triste cette histoire.

Les deux gars arrivés sur zone en même temps que moi et sont là, eux aussi.
Ils ont leurs shortboards posées sur le sable et commencent les étirements.
En fait, ils étirent surtout les paupières en regardant "elle ": la fille qui était déjà en train de s'étirer quand on regardait tous la mer, il y a une heure maintenant.


En même temps, c'est important les étirements, avant d'aller surfer.
Et quand tu es une fille, visiblement, il faut s'étirer avec la combinaison à moitié enfilée. Toutes les autres filles de la plage - elles sont 2 - ont la combi à moitié enfilée quand les gars - ils sont 26-  eux, moulent leurs pecs dans le néoprène noir. Va savoir pourquoi.



Il n'y a personne sur la plage de Famara.
Enfin, si: des surfeurs et deux surfeuses.
Les vagues appellent les planches.
C'est le perfect moment.
A l'eau.

Enfin, "à l'eau", c'est vite dit: déjà parce qu'avec une planche sous le bras, et bien c'est pas si facile d'avoir le style en allant dans l'eau. Plus t'es nul en surf, plus ta planche est longue, et plus ta planche est longue et plus la prise au vent est grande.... donc en gros: j'essaie de marcher tranquille vers l'eau et là, une rafale et hop là, un petit pas vers la droite et un autre en arrière... je pivote comme un girouette. - trop pas le style.


J'ai réussi à stabiliser ma planche sous le bras en avançant face au vent, mais il y a un autre problème: le sable et les galets sont si chauds que je me brûle les pieds. J'ai envie de sautiller. Mais sautiller, ça ne va pas non plus avec le style. Faut être zen, ou en tout cas en avoir l'air. Alors, je me pince les lèvres: "même pas mal", je marche du mieux que je peux avec ma planche sous le bras et avec les pieds qui me brûlent. Pas simple d'avoir le style, même pour se mettre à l'eau. Mais Gaia, ma bonne copine surfeuse & Italienne (> ça c'est +10 pour le style ;) m'a bien dit: "en surf, le truc, c'est le style". Pff. désolée Gaia: question style, j'ai fait ce que je pouvais, mais j'ai un doute sur le rendu.

Je suis désormais dans l'eau, je m'allonge sur la planche et je rame avec les bras.
Je ne risque pas de gêner les pros parce que je pars là où les vagues sont plus petites, là où il y a d'autres gens qui apprennent.
je rame, je rame, je rame...

A bord de Tara Tari, les vagues, tu t'en prends un peu dans la figure, mais là, c'est carrément un détartrage complet de la tête! ça fait du bien.

Une vague arrive et je me place, je rame en accélérant et hop, j'essaie de 1) me mettre debout, 2) tenir debout, 3) ne pas trop boire la tasse quand je tombe 4) de ne pas me prendre la planche sur la tête. Pfiou: 1) je ne me suis pas mise debout, 2) je n'ai donc pas tenu debout, 3) j'ai pris plein d'eau dans le nez, 4) même pas pris la planche sur la tête. - trop forte.

Il y a un an, je ne marchais plus et là j'essaie de me mettre debout sur la planche, et ça me fait assez mal. j'essaie encore, mais je ne peux pas m'appuyer sur les genoux, "Allez, les jambes! on y va, là!"
Nouvelle vague: nickel: 1)je me mets debout, 2) j'ai tenu quelques secondes, 3) même pas bu la tasse, 4) toujours pas pris la planche sur la tête.... - je me fais plaisir, je m'éclate, même.

En 4 heures de "surf", j'ai 'vraiment' surfé que quelques minutes mais je suis super fière de ma perf'.

Such a good vibration  :)

Sur la plage, j'enlève la combinaison néoprène. Je pense sincèrement que retirer une combinaison néoprène mouillée est un acte super anti-glamour. Il y en a qui font ça avec du style. Moi j'ai juste galéré à faire passer la combi bloquée sur mon pied droit plein de sable. Passons.


j'ai réussi à surfer - sans le style et sans le talent - mais j'ai réussi et je suis super fière de mes jambes opérées et du chemin parcouru en un an! Merci à mes nouveaux potes pour les cours! nous avons bien rigolé et puis maintenant moi aussi je peux faire ma crâneuse en disant " j'ai surfé à Famara ".

Quant au surf, si vous voulez voir de VRAIS surfeurs, filez viiiite voir ou/et revoir les superbes images d'Aurel, Ewen et Ronan lors de leur trip surf & survie sur une île déserte : Des Iles Usions.

Malheureusement mes jambes ne vont pas si bien.... alors fini le surf pour le moment. 
Capucine

mardi 5 juin 2012

un peu dans la lune


Ou "Comment devenir incollable au Trivial Poursuite spécial Lanzarote..."

Lanzarote. mai 2012.
N29°02' W13°37'

C'est au petit matin qu'avec Tara Tari nous sommes arrivés sur l'île de Lanzarote, dans l'archipel des Canaries. Je n'avais jamais été ici et en approchant de l'île, le spectacle a été assez fabuleux. Il faut dire que revoir la terre après ces onze jours assez durs en mer avait quelque chose d'assez agréable, mais là, la vue des des volcans et des déserts ont donné un petit côté magique à la chose. Lanzarote est une réserve de la Biosphère. Un trésor de la Nature, un petit bout de la Terre à son état originel, une île volcanique encore respectée par l'Homme.

La fatigue, l'ivresse de la mer; c'est peut-être parce que je flottais un peu en atterrissant que ma première impression, en arrivant ici, était d'arriver sur la lune. Alors j'ai souhaité en savoir un peu plus sur cette île au trésor, enfin, sur ce trésor d'île.


L'île est située à l'Est de l'Archipel des Canaries, qui regroupe sept îles qui ne se ressemblent paraît-il pas vraiment. L'archipel des Canaries appartient à l'Espagne, et avec TaraTari nous nous trouvons actuellement à 1000 km de la péninsule espagnole et à seulement 140km de l'Afrique. En face, à l'Est, c'est le vrai grand désert du Sahara et cela me fascine aussi. Lanzarote est dite "île en noir et blanc", parce que la lave noire contraste avec les déserts de sables fins, ou peut-être parce que par endroit, une sorte de lichen a recouvert les blocs de lave. Le lichen ne pousse pas que sur le bois mort de nos forêts, il existe un lichen crustacé qui colonise les rochers en bordure de mer; et je constate qu'il se développe aussi sur la lave séchée.


Bien que les volcans soient la particularité de l'île, Lanzarote n'est pas le nom d'un volcan mais viendrait de celui du marin italien Lanzarotus Marocelus, venu sur l'île au XIVè siècle.
Ici, les volcans ont été en super activité au XVIII è siècle et la lave a recouvert une immense partie de la superficie de l'île, grande de 845, 94 m2. Depuis, c'est plutôt tranquilou, mais il y a encore des endroits, notamment dans le parc national de Timanfaya, où des barbecues naturels rappellent qu'il fait bien chaud au coeur de notre planète - enfin, si j'en crois la semelle d'une de mes chaussures qui a failli fondre. Le XVIIIè siècle, d'un point de vue géologique, c'est assez récent, et devant cette mer de lave qui se perd dans l'océan, je me prends à imaginer tous ces volcans rugir. L'année dernière, El Hierro, une autre île de l'archipel n'a rien eu à imaginer puisque une éruption a tout enseveli. Autre témoignage de la nature qui rappelle à quel point nous, les hommes, nous sommes si petits devant Elle. Je suis restée quelques heures assise devant cette autre mer. Quelle grandeur.


Cette univers volcanique semble avoir laissé peu de place à la vie. Et pourtant la vie s'est -comme bien souvent- adaptée. Des hommes les "mahoreros", vivaient là il y a deux millénaires. On dit qu'ils faisaient partie du peuple Guanches... Depuis deux millénaires sur une île?! C'est impressionnant, et je me suis donc demandé "Comment sont-ils arrivés ici, ces gens-là?"

Un peu d'Histoire, ça vous dit?
> si ça vous dit, je vous en suis bien reconnaissante et vous souhaite une agréable lecture,
>si ça ne vous dit pas, si vous avez mieux à faire, alors allez directement à la petite étoile *
 Selon l'historien espagnol du XVIII ème siècle Juan Núñez de la Peña, les Guanches - de "guan", hommes et "chinet", de Tenerife - ce peuple serait donc originaire de l'île de Tenerife mais étendu aux premiers hommes de toute l'archipel. Ce qui est certain, c'est que ces hommes, les "mahoreros" guanches, étaient des Amazighes, branche du peuple Berbère (et même Paléoberbère, si vous voulez tout savoir). Le nom originel de Lanzarote, Tyterogaka, signifie « La Brûlée » en langage Touareg.
Les historiens rapportent qu'à l'époque de l'ancienne Egypte, les Berbères, après avoir peuplé une grande partie de l'Afrique de l'Ouest, traversèrent cette partie de l'océan et arrivèrent dans l'archipel. Lanzarote étant (si on ne compte pas le Roque del Este qui n'est pas peuplé) l'île la plus proche de l'Afrique. Cette arrivée sur l'île daterait de plusieurs siècles avant notre ère...! Aujourd'hui, il est difficile de savoir "comment" ils ont navigué jusqu'ici, mais la question m’intéresse et je me renseigne auprès d'historiens. L'origine de leur arrivée n'est pas encore bien connue et laisse donc imaginer d'autres possibilités: le peuplement de l'île pourrait remonter à l'époque de Cro Magnon et pas besoin d'être historien pour comprendre que cela ne daterait donc pas d'hier.

Les Phéniciens vinrent ici chercher de la teinture rouge présente sur les roches situées au nord de l'île. Mais le premier vrai "voyage" connu vers l'île est le celui du navigateur explorateur Carthagénois Hannon entre -630 et -425 avant notre ère. Hannon cherchait de nouvelles routes commerciales et est 'tombé' sur une île déserte mais qui avait cependant des ruines. De son passage sur l'île, on a retrouvé des morceaux de poterie et des petits trucs du genre. Le second voyage connu est celui réalisé pour le roi Berbère de Mauritanie Juba II, qui voulait lui effectuer un recensement de la faune et de la flore... c'était au 1er siècle de notre ère. Des fouilles archéologiques sont en cours sur l'île, pour essayer de vérifier par des traces de l'Histoire, si les "mahoreros" guanches étaient ou non, les premiers habitants des îles Canaries. Les mahoreros habitaient dans des grottes et des huttes de pierres recouvertes de peaux de bêtes, et vivaient d'élevage, de cueillette de fruits et de coquillages. Ils ne savaient pas naviguer mais arrivaient à se nourrir de pêche et de viande de chèvres. L'agriculture était très limitée car l'île n'était pas le paradis de la culture, mais les historiens rapportent que leur vie -d'après les gravures peintes dans les grottes- était plutôt paisible.

pour ceux qui veulent apprendre l'alphabet Guanches de Lanzarote

Tout cela me fait penser à quelque chose: Avez-vous lu le livre "The Evolution Man" du romancier Roy Lewis ("Pourquoi j'ai mangé mon père" en version Française)? C'est un des livres de ma bibliothèque à bord de TaraTari. Livre à lire. Et à relire pour encore mieux réfléchir.


Quand Lanzarotus Marocelus est venu (au XIVès si vous avez suivi), il y a eu ensuite un va et vient pas possible. On venait chercher esclaves, teintures et peaux... bref 50 ans de razzias qui déclenchèrent le déclin des populations aborigènes - je ne vous félicite pas Monsieur Lanzarotus.

Petite anecdote à noter dans l'Histoire, au milieu de toutes ces guerres il y a eu une histoire d'amour (mon côté fleur bleue): un commandant corsaire de la flotte castillane à fait naufrage sur l'île de Lanzarote après une tempête (quand je vous dis que ça souffle par ici...), c'était en 1337. Le naufragé est reçu par le roi de l'île qui l'invite chez lui et qui l'invite aussi dans le lit de sa femme (non mais oh!?). Du coup on sait comment ça se passe ces choses là: le corsaire et la Reine Fayna ont eu une petite Princesse, Ico, toute blanche et toute blonde, qui a été la mère de Guardafia, dernier roi de Lanzarote.

La fin du peuple aborigène, nous la devons aux mercenaires d'Henri III de Castille, en 1402. Jean de Bethencourt et Gadfier de La Salle voulaient conquérir les îles et comme il ne restait que 300 aborigènes, le massacre a été rapide. Les Espagnols sont devenus les Seigneurs de l'île et ont fait amener des Berbères pour repeupler l'île. Mais Lanzarote étant proche de l'Afrique il n'a pas fallu attendre longtemps pour que les pirates, Berbères et même Européens, tentent de récupérer l'île. Je vous passe les détails, mais tout cela dura pendant des siècles et la population dut retourner vivre dans les grottes (back to the basics, donc) pour se protéger des attaques.

Le 1er septembre 1730, la Nature un peu contrariée par toutes ces petites histoires d'hommes, a décidé de venir mettre un peu d'ordre dans tout cela: ce soir-là, la terre s'ouvrit à Timanfaya et d'immenses coulées de lave vinrent recouvrir l'orgueil humain. Une montagne apparut et redessina l'île. Pendant 6 ans, la lave coula, recouvrit un quart de l'île et la Nature saupoudra le reste de cendres volcaniques. C'est le chaos. Et la famine calma les restes d'ardeurs humaines. En 1842, les éruptions se remirent à surgir à Timanfaya et les hommes restés à Lanzarote finirent par émigrer. Nettoyage fait. Les volcans se calmèrent alors. De nouveaux hommes arrivèrent et décidèrent de protéger et de respecter l'île. Tout a été beaucoup plus zen après, et aujourd'hui la population totale de l'île compte un peu moins de 142 000 habitants. Et quasi tous vivent le plus possible en harmonie avec l'île, ambiance " Surf, Peace & Love", pour la plupart.

petite maison à El Golfo


Lanzarote a du caractère.
Celui de la Terre.
Et aussi celui de la Mer.

La lave tombe dans la mer. Rencontre entre la Terre et l'Eau, sous le Feu du Soleil et sur le Feu de la Terre, dans l'Air de l'océan. L'origine de la vie.






 Nous sommes d'accord. C'est grandiose.

A cette latitude, l'île de Lanzarote a un climat subdésertique qui se caractérise par une pluviométrie inférieure à 200 millimètres annuels. :) Le truc qui fait qu'il pleut moins ici qu'ailleurs dans l'archipel, c'est aussi que l'altitude maximale est assez basse, donc les nuages qui passent - parce qu'il y qu'en même des nuages- n'arrivent pas à s'accrocher aux sommets des volcans. L'île culmine en effet à 670 mètres, altitude du sommet de la montagne Peñas del Chache.

Sommet de la montagne Peñas del Chache et vue sur l'île de Graciosa
Cette île me fascine.
Je ne savais pas où j'arrivais et je n'ai pas non plus de guide touristique, mais je suis allée à la rencontre d'îliens, j'ai parlé avec des historiens, des archéologues et même un anthropologue, afin de comprendre un peu l'Histoire de ce bout de terre de l'Atlantique. La rencontre, le partage, apprendre les erreurs du passé pour essayer de ne pas les reproduire... Connaître l'Histoire du lieu permet de pouvoir mieux le respecter. Alors, assise, là-haut près du sommet, je suis restée en silence un bon moment malgré le vent fort et je n'ai fait qu'écouter, regarder et respecter. Un peu ici, un peu ailleurs, un peu sur Terre, un peu dans la lune, je rêve et je pense.


Merci Lanzarote, pour ton accueil et ces belles leçons de respect et de bien-être.
Capucine