mardi 14 janvier 2014

Attitude

Regardez cette image:
Que voyez-vous?


1/ un crayon 
2/ un parapluie
3/ un embarras
4/ un cadeau

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Santo Antao est une petite île de l'archipel du Cap Vert. Sur l'île, dans les montagnes si vertes et si hautes, il y a des petites maisons en feuilles de bananiers tissées. Tout est calme dans ce village qui vit à son rythme, au rythme des cultures et des saisons. Les hommes travaillent les champs de cannes à sucre et autres fruits et légumes, les femmes se rendent en villes sur une autre île, pour vendre les récoltes de fruits et de légumes, et aussi quelques fromages frais.


Depuis peu, dans ce petit coin de montagne, il y a une école, toute petite, où les enfants se rendent en blouses bleues. Un enfant qui va à l'école, c'est de la main d'oeuvre en moins dans les champs ou auprès du bétail mais il semble que tout le monde comprenne l'importance d'apprendre à lire et écrire. Les parents semblent plutôt fiers de pouvoir payer l'école à leurs enfants et de renoncer à cette main d’œuvre familiale: "c'est important pour leur avenir" reconnaissent-ils.

Depuis peu aussi, des marcheurs voyageurs du monde se rendent dans ce village, grimpent les sommets alentours. Il n'y a ici aucune trace de tourisme de masse ou de luxe. Ces voyageurs sont généralement des amoureux de la nature, respectueux du lieu.

Et sur les chemins de l'école et des sommets, voyageurs et enfants se rencontrent. 


Qui n'a pas, un jour de voyage en terre plus pauvre, tendu un crayon de bois à un enfant?

Le geste est aussi facile que généreux; l'intention est noble.

Et pourtant, le cadeau n'en est pas un. Enfin pas vraiment. Pas comme ça.

Les parents travaillent dur pour acheter des crayons et des cahiers à leurs enfants. Ils expliquent aux enfants que c'est en allant à l'école puis en travaillant que l'on peut s'acheter des affaires. Et pour certains, l'achat d'un crayon représente déjà un bon budget. Or quand un enfant rentre à la maison tout sourire avec trois ou quatre crayons, gagnés comme ça, au hasard d'une rencontre avec des voyageurs, cela déstabilise l'équilibre de la famille. Dans le meilleur des cas, les parents vont essayer d'expliquer aux enfants que ce n'est pas comme ça que l'on peut s'en sortir dans la vie. "ce sont les parents, responsables, qui procurent par leur travail de quoi faire vivre la famille pas l'inverse" m'explique Adilson, un ami Cap Verdien de l'île, avant de poursuivre : "l'enfant qui arrive avec des crayons à la maison, c'est parfois humiliant quand on est parent". Et dans le pire des cas, les parents vont y voir une source de gains très rentable: "Après la contrariété et la récidive, certains parents finissent par envoyer leurs enfants mendier auprès des touristes, un crayon ou une pièce".

Adilson est père de famille. Devant chez lui, il a affiché "Interdiction de donner des bonbons aux enfants." Il m'explique: "Ici, les enfants machouillent de la canne à sucre, c'est assez de sucre. Il n'y a pas de dentiste sur l'île et depuis les bonbons des touristes, il y a des caries dans toutes les bouches." A coups de pilon, il concasse des grains de café grillés et poursuit tranquillement: "je sais que cela part d'une bonne intention, mais c'est assez embarrassant: si une personne offre un crayon à un enfant, l'enfant reçoit, lui, plusieurs crayons chaque semaine, à chaque nouvel arrivant. "


Pour les enfants du monde, et les parents du monde.
Alors que faire pour offrir ?

La solution plus adaptée, si on veut offrir un crayon à un enfant, c'est de l'offrir aux parents de l'enfant, qui donneront eux-même le précieux petit cadeau. Cela permet de respecter l'équilibre des familles. Pareil pour les vêtements, livres et autres belles intentions. Ici et ailleurs.


Merci à ceux qui donnent. Merci à Adilson pour nos belles conversations qui font avancer la pensée et l'attitude vers toujours plus de respect et d'altruisme. On appelle ça prise de conscience.
Bonne journée *
Capucine


ps: Réponses QCM: ceux qui ont répondu "2/ parapluie" sont hors sujet.

1 commentaire:

  1. Voila qui remet les idées en place de certains. pour l'avoir vécu en Afrique dans d'autres circonstances. Je confirme ce que Aldison a dit, il n'est pas bon de donner directement aux enfants car au lieu de leur inculquer le travail on leur inculque la mendicité.
    Bravo Capucine pour ce très bon sujet.

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