lundi 20 août 2012

et mes cheveux aux quatre vents

Cet hiver, un peu partout.

Il m'est souvent arrivé de jouer de l'harmonica mais de temps en temps aussi, il m'est arrivé de chanter. Sans appareil de musique, je n'avais dans ces moments-là que ma mémoire pour m'inspirer. Chansons aux mélodies agréables et aux paroles pleines de sens ou de poésie, comme par exemple celles écrites par Georges Brassens ou encore Georges Moustaki, faisaient partie du répertoire.

un soir de décembre, à quai
Au début, sur le bateau, les premières chansons, je ne les chantais que dans ma tête. Parce que dans la vie on ne chante jamais comme ça à voix haute n'importe où n'importe quand n'importe comment. Et puis au fil des semaines, je me suis surprise à chantonner comme ça, n'importe où n'importe quand n'importe comment. Naturellement, en fait. Chanter, c'est agréable.

Dans notre société qui ne s'accorde plus grand chose de spontané, les gens -qui ne sont pas chanteurs professionnels- disent "chanter sous la douche" ou "au volant de la voiture". Pourquoi? certainement parce que la douche et la voiture, sont ces rares endroits, ces rares moments où l'on est seul, où l'on échappe encore un peu aux autres, à leur regard et aux remarques et rires briseurs de rêve, type "tu chantes faux". Pourtant chanter c'est une sorte de libération! quand on chante, sans le savoir on lance dans l'air plein de sons voyageurs, plein d'émotions. Les pensées s'envolent avec le chant, on se vide la tête de tout tracas. Mais la peur du regard des autres a décidé que l'on ne chantait pas comme ça, dans la rue, n'importe où n'importe quand. Notre super société si forte pour nous dire que ce n'est ni le moment ni le contexte voire même que l'on n'en est pas capable, est carrément moins forte pour nous encourager à, au moins, essayer.

Il y a quelques semaines, dans le métro, à Paris, j'ai fait une expérience: j'ai voulu voir si quelque chose que je fais dans ma vie pas très ordinaire à bord de TaraTari était possible dans une vie plus ordinaire, comme par exemple à bord d'un wagon de métro.

oui oui, il y a encore quelques arbres à Paris!
C'était quelque part sous terre, entre Bastille et République. Je me suis mise à chanter doucement. A mi-voix. Je ne chante pas très bien, je le sais, mais ce n'est pas très grave. On me regarde étrangement, avec ce regard qui dit "elle est folle" mais personne ne me dit que je le suis ou n'a osé à voix haute. Trois personnes qui se connaissent, juste à côté de moi, sourient. Ils se moquent un peu, mais je continue parce que personne ne me demande de me taire et je souris avec eux. D'autres s'écartent un peu, regardent leurs pieds, ma tête, leurs pieds, ma tête. Je poursuis. Comme je continue malgré les regards dérangés-dérangeants, les trois moqueurs gentils se mettent à chanter avec moi. Contents visiblement, presque rassurés de tenter le chant en trio et non pas en solo. Un monsieur entre dans le wagon avec son violon abîmé et commence à jouer les Amants de Saint Jean. Par respect -c'est son gagne pain- je me tais alors. République, je dois descendre. "Bonne journée!" Les trois gentils moqueurs me souhaitent aussi une belle journée et nous rigolons. Quelques pas dans le courant d'air du couloir. Un gars est là, debout. Il chante, joue Nirvana et l'étui de sa guitare est ouvert sur le sol avec trois pièces dedans. Visiblement "on" ne chante pas dans le métro, sauf pour: mendier sur un air des Amants de Saint Jean, pour tenter de se faire repérer par une maison de disque dans un couloir qui sent mauvais, pour encourager avec ivresse son équipe de foot préférée. On ne chante pas comme ça, assis en allant d'une station à une autre, ça ne se fait pas. Pourtant je pense n'avoir dérangé personne puisque les gens qui se regardaient en souriant ont même fredonné la mélodie avec moi. Et pourquoi pas chanter dans le métro? on connaît tous plein de chansons. Il n'y a rien de ridicule là-dedans: ce serait même carrément plus sympa et joyeux. l'ambiance serait peut-être plus légère.

*
Après le moment passé avec les bateaux en bambou, l'autre soir à Brest, je suis allée aux Quatre Vents avec des amis. Tout le monde chantait! L'accordéon accompagnait les chants marins. Tout le monde s'amusait, et nous étions tous d'accord: ça fait drôlement du bien de chanter!
 
Le nom de ce lieu où j'aime aller quand je passe à Brest, me fait penser aux paroles d'une chanson que j'ai souvent eue en tête. Et que j'ai chantée il n'y a pas longtemps, dans le métro de Paris, entre Bastille et République.


Merci Georges Moustaki, pour vos chansons.

sous la douche, au volant, à bord d'un bateau,
en solo, à plusieurs ou en concert...
peu importe en fait! tant que l'on chante!
vive les chansons !
Capucine

1 commentaire:

  1. Je comprends tout à fait ton sentiment... Chanter, danser aussi, est fédérateur. C'est magique comment cela peut relier les gens entre eux. A croire que justement c'est cette magie qui dérange.

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