jeudi 1 décembre 2011

Pétole, la contre attaque. Marseille - Barcelone.

Vendredi 25 novembre. "C'était top, Tara Tari a surfé une bonne partie de mon quart! magique!" le soleil se lève à peine et mon quart se termine. Je transmets les infos cap, vitesse et position à Maxime qui prend la relève. Le Cap Creus passé dans la nuit, il n'y a plus qu'à descendre le long de la côte pour arriver à Barcelone. Demain si tout va bien. Une heure et demi de sommeil plus tard, je me réveille. Dehors, j'entends Maxime râler. Il affale la GV, râle encore. "ça ne va pas?" je sors un peu inquiète. "Le vent est tombé cinq minutes après le début de mon quart, on n'a pas avancé, ça me rend dingue. Surtout que tu m'as passé la barre en me disant que tu avais passé deux heures à surfer!" En même temps je comprends. ça fait plusieurs fois déjà que j'ai du vent pendant mes quarts alors que Maxime n'en a pas. J'avais proposé à Maxime d'embarquer car je le savais très calme et patient - ce qu'il est très important de savoir être à bord de Tara Tari - et le sentir arriver aux limites de sa patience me fait un peu culpabiliser. Entre deux flop flop des voiles à l'amure indécise, Maxime me confie"j'en ai fait des navs, mais là, c'est vraiment éprouvant cette pétole". Il disparaît dans le bateau, s'endort, las. Flop flop, fait le foc. Vite, il faut que je trouve la parade.

Maxime
Raconter une nav, c'est sympa, mais j'imagine qu'au bout de cinq récits de description de la force du vent, de l'état de la mer et de mes compliments plein de superlatifs dédiés au bateau, ça va peut-être devenir lassant. Pas simple, de tenir un blog de récit de mer. Il faut que je procède autrement, par thème peut-être. Je pourrais parler de la Costa Brava, des thons qui sautent par centaines autour du bateau, ou encore de l'odeur des pins de la côte qui arrivait à bord, mais non. La pétole sera le thème de cette arrivée espagnole. Quoi que la pétole, il n'y a pas grand chose à en dire. C'est assez unanime. Elle est usante, fatigante et manque très nettement d'intérêt. "Débat stérile!" reprocherait-on si la pétole était abordé lors d'un face à face politique.
Oui, mais non. Le truc, c'est que comme pour tout ce qui énerve - et la pétole énerve - il faut arriver à se maîtriser et ne pas perdre ses moyens. En ayant une autre approche de la chose, la pétole peut même devenir un moment de récréation à bord du bateau. Quelques exemples de contre attaque, vécus à bord de Tara Tari.

Outre les activités classiques de type lire un livre, manger un bout de mimolette (j'adore la mimolette), coudre un pavillon, dormir, il y a :

1 - La boîte à pompe

Offerte et conçue par Guillaume et Anaïs à Marseille, la Boîte à pompe est une occupation de rêve. Elle permet de se muscler le bras, puis l'autre bras si on veut changer de temps en temps, tout en vidant l'eau du bateau. Un bout du tuyau dans le bateau, l'autre vers la mer, la pompe aspire l'eau située dans le bateau et la rejette vers la mer l'activité est simple et sympa (mais attention à ne pas inverser les tuyaux). Sur l'illustration ci-dessus, on note que je mets ma main gauche en appui mais l'opération marche aussi en calant son pied - et de fait sa pompe - dans le boîtier de support. Pratique, la boîte à pompe est légère et peut être utiliser à différents endroits. En cas de pétole de plus de 48h, possibilité de se défouler en plaçant les deux embouts du tuyau dans la mer.

2 - Ombre chinoise
j'ai essayé de représenter Tara Tari avec mes mains
Sympa à faire quand le soleil brille et que l'on a la possibilité d'ouvrir un peu la grand voile. Enfin c'est sympa quand on est deux sur le bateau. Seule, se sera plus compliqué.
Quand je me suis cachée derrière le mât et que j'ai demandé à Maxime de deviner ce qu'il voyait en ombre derrière la GV, il a d'abord rigolé, puis a tenté de deviner. Il a trouvé le "papillon" ou plus difficile encore un "oiseau qui s'est pris un hauban en vol" et a eu l'oeil de reconnaître Tara Tari que j'ai tenté de représenter entrain de naviguer - il a juste ajouté à sa réponse un "sauf que tu le fais avancer là, le bateau" à voix basse que j'ai entendu.
Le jeu des ombres est sympa, classique mais indémodable. Possible les jours ensoleillés.


3 - Preum's risée
le premier qui voit la risée a gagné
Voici un petit jeu qui demande de la vivacité et un sens de l'observation bien développé. Le principe est simple, il faut que les participants surveillent attentivement la surface de la mer lisse. Le premier qui voit l'eau froissée par un souffle de vent doit dire "Risée!" et gagne un point. Le vainqueur est celui qui obtient le plus grand nombre de points. Ce jeu a la qualité de faire vivre l'espoir de voir le vent revenir pour de bon. Se joue à plusieurs mais aussi solitaire.

4 - Dames solaires

jeu de dames improvisé sur un panneau solaire
Idéal à deux, ce jeu de dames solaires a été un super moyen d'oublier la panne de vent. Mais il faut attendre le coucher du soleil pour pouvoir y jouer, c'est à dire l'heure ou le panneau ne bosse plus trop. Le panneau solaire est quadrillé, alors je me suis dit que c'était parfait pour jouer aux échecs, mais par facilité, nous avons choisi de jouer aux dames. Dans le bateau, je n'ai pas une boîte pleine de vieux boutons comme il y avait chez ma grand-mère, mais il y a une boîte pleine de visserie dans laquelle je trouve mon bonheur. Maxime, tu prends les grosses vis rouillées, et moi les petites qui ont de la peinture orange. Nous délimitons la surface de jeu, et voilà, le tour est justement joué. Nous nous sommes lancés dans une super partie... que j'ai gagné de justesse. Les règles ne sont pas très compliquées. La seule difficulté se trouve au moment d'empiler les deux vis, quand on arrive chez l'adversaire; on comprend alors le choix des inventeurs qui ont préféré utiliser des jetons plats.

5- Flou de nuit
tentative la mieux réussie
Ce jeu de nuit est assez difficile. Le concept: prendre la photo la moins floue possible d'un bateau croisé la nuit. Les ferrys sont les bateaux les plus rigolos à photographier, car plein de lumières. Il ne faut pas passer trop loin de l'élément à photographier histoire de mettre toutes les chances de son côté. Il y a de nombreux bateaux du genre aux alentours de la touristique Barcelone, donc le cadre se prête parfaitement à ce jeu. Il faut de la patience et une harmonie totale avec la houle qui ne facilite pas le truc. Les règles stipulent que l'on a le droit à trois essais chacun. Et vendredi soir, c'est Maxime qui a gagné en réalisant le cliché ci-dessus, à une trentaine de milles de Barcelone.

6 - Remorque moi si tu peux


Alors là, on change de catégorie. Cette activité en 3D fait appel à de nombreux sens et est très utile quand on ne veut pas passer la nuit à 500 mètres de l'entrée du port. 1- Arriver à croiser un voilier qui veut aussi entrer dans le port, mais sans utiliser la VHF, car si le voilier ne s'arrête pas, il faut ramer. 2- demander dans la langue du pays s'ils peuvent nous aider (castillan ou catalan au choix). 3- Faire de belles pattes d'oie et bien nouer les bouts au niveau des supports de dérives pour ne pas tout arracher lors du remorquage. 4- Bien barrer pour suivre le bateau remorqueur. Tout un programme.

Voilà... et comme ça, l'air de rien, nous sommes arrivés à Barcelona!

Merci Maxime pour ta compagnie, bravo pour ta patience. Bon retour en France!
Voici une petite chanson que nous avons chanté pendant de lononononongues heures devant Sète, en souvenir de notre plan de contre attaque - pétole!




Viva Barcelona!!
Capucine

2 commentaires:

  1. La magie de Capucine c'est de rendre vivante même la pétole

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  2. Le coup des dames solaires, là ça m'épate... Sauf qu'il faut être deux pour jouer au dames.

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