mardi 15 novembre 2011

La Ciotat, accueil de fadas

Vendredi 11 novembre. En partant du principe que j'oublie forcément quelque chose, la question est qu'est ce que j'oublie de très très important? Un dernier coup d'oeil de contrôle dans les différentes pièces. Partie de cache cache perdue d'avance avec les objets que je regretterai d'avoir oubliés d'ici quelques heures. C'est le jeu. L'électricité est coupée, le frigo vidé, la poubelle descendue... A bientôt jolie rade de Lorient! Un tour, deux tours. La porte de la maison est fermée, j'ouvre celle de la voiture. Il est temps de partir. Mes voisins sont là pour me dire au revoir, m'offrent des pots confitures maison que je serai ravie de savourer en mer, et puis encore un signe de la main par la fenêtre "au revoir!"
Je roule, passe d'abord devant Kernevel. Hier soir, pour ma dernière soirée ici, j'étais au Tour du Monde avec quelques copains. C'était simple et juste ce qu'il fallait. Ronan Deshayes, Remi Beauvais, Antoine Debled, Thomas Ruyant, Anne-Laure Bertin, Sarah Philippe... on a passé un moment bien sympa, trinqué à l'aventure.
Ce matin, je passe chez Antoine Debled, qui me prête sa BLU flambant neuve. "ce sera ton seul lien avec la terre, ça me fait plaisir" me dit-il en souriant, avant de m'approuver l'aventure par un"ton projet est super" sincère et débordant d'encouragements. Cette petite radio longues ondes permet de recevoir RFI en pleine mer! Bulletins météo, un peu de musique aussi de temps en temps; un précieux objet pour un marin. Merci Antoine!
Et je file vers le chantier FR Nautisme, dire au revoir à François, Olivier, Stéphane et les autres. C'est assez émouvant. On se sert dans les bras "bah voilà, nous y sommes" "Prenez soin de vous". Gilbert Dréan est là lui aussi. L'émotion s'est invitée dans le chantier, je ne veux pas m'attarder. Avec Maxime, nous montons dans le camion, et quittons Lorient. Il est 18h. Maxime Dreno va m'aider dans la préparation du bateau à la Ciotat, et m'accompagner pour le début. Nous nous relayons toute la nuit au volant, et traversons ainsi la France. Le soleil se lève et nous sommes dans les hauteurs de La Ciotat. Au volant, je ne peux m'empêcher de m'émerveiller devant ce spectacle. Les calanques se jettent dans la mer qui se réveille, c'est superbe.

La Ciotat est une petite ville de la région Provence Alpes Côte d'Azur. Située au fond d'une baie qui a une forme de croissant, cette petite ville est adossée au Bec de l'Aigle et au Cap Canaille, point culminant de son territoire, et fait face à la mer. Son nom vient du provençal "la ciutat" qui signifie la cité. Il y a 34 000 habitants que l'on appelle les Ciotadens et Ciotadennes. J'aime beaucoup le charme de cette ville, car petite et préservée de grosses constructions moches. C'est ici que se trouve l'Eden, le plus vieux cinéma encore existant (du monde entier), et c'est aussi ici qu'à été inventé la pétanque! Il y a une plaque qui explique tout ça sur le terrain de la "Boule étoilée" (encore des histoires d'étoiles) où a été inventé le plus populaire jeu provençal.

Nous arrivons au vieux port, dans l'intimité du jour qui se lève. Les commerçants ouvrent les rideaux métalliques, et nous nous installons à la terrasse d'un café. Le voyage s'est bien passé, mais nous sommes fatigués. Ce petit café près sur le port est un agréable réconfort après toute cette route. Nous ne sommes pas très bavards, contemplons la journée qui démarre avec un accent du sud.

le vieux port de La Ciotat
Je pense à Tara Tari, j'ai hâte de le retrouver. Nous remontons dans le camion, et allons un peu plus loin, vers le port de plaisance... Assez vite, je repère ce petit voilier. Quel plaisir de le retrouver. Tara Tari est à sec, sur la zone de carénage, à quelques mètres seulement de l'eau.

si proche du départ !

Cécile Poujol nous accueille chez elle. Elle vit sur le vieux port. Une petite ruelle belle comme dans un film de cinéma, Remi et Cécile nous ouvrent les portes de leur maison, jusqu'au départ et m'aident énormément dans ces quelques jours qui précédent mon départ en mer. Cécile s'était déjà occupée de Tara Tari à son arrivée de Bretagne et elle continue avec la même gentillesse, sensible au projet et à tout ce qu'il signifie. Nouvelle belle amitié.. encore un coup de Tara Tari!

Cécile Poujol, navigatrice au grand coeur
Cécile navigue en Mini 6.50 et en Class40, la course au large c'est son truc, et la transmission aussi. Quand elle n'est pas en course, elle partage sa passion en emmenant naviguer passionnés et autres rêveurs, apprend aux autres. Cécile a rejoint les équipes des Sauveteurs en Mer de la SNSM de la Ciotat, qu'elle aide depuis maintenant deux ans quand elle n'est pas en course.
Cécile a parlé de mon projet à certains de ses amis. Parmi eux, Gérald Bibot, navigateur qui a monté Great Circle, société de routage météo, avec Christian Dumard. Gérald est touché par le projet, souhaite me parler. Un coup de fil vers la Belgique, Gérald me propose de prendre en charge mon routage météo sur l'ensemble de mon périple! Quelle générosité.... en raccrochant, je regarde Cécile, qui prépare un bon repas en souriant "il est sympa, n'est-ce pas ?". Je souris, touchée par ce nouvel élan de solidarité. Dans mon cahier j'ai noté ses recommandations quant à notre fonctionnement de points météo.

Avec Maxime, nous retrouvons Tara Tari et bricolons encore. Corentin vient d'arriver en train et nous retrouve sur la zone de carénage, se met aussi à la bricole. Il y a encore un peu de boulot : installer le pilote Nke, le Mer-Veille, les panneaux solaires, repeindre le safran et strater les gueuses de plomb dans le fond du bateau. Nous avançons bien, et sereinement.


Les fichiers météo annoncent un petit coup de vent. Je prends donc la décision de ne pas partir dimanche. Les quelques jours à La Ciotat nous permettrons aussi de finir le bricolage dans de bonnes conditions, et de charger l'avitaillement sans précipitation.

"Ce bateau, je l'ai déjà vu par ici; vous arrivez d'où comme ça ?" me demande un badaud à l'accent chantant.
- "C'est possible monsieur, en août 2010, Corentin arrivait, ici, d'un long périple, avec son bateau "
- "Je me souviens bien. Et vous vous faites quoi là, vous repartez?"
- "oui... pour tenter de traverser l'Atlantique"
- "Vous? une petite femme? "
- "Oui monsieur, ça se tente, non ? "
- "Vous êtes complètement fadas! mais vous avez certainement raison!" lance-t-il en s'éloignant du bateau, "Petite fada! je te le dis!" répète-t-il encore.

Merci La Ciotat et Cécile, pour cet accueil qui sent si bon le romarin
Capucine

1 commentaire:

  1. Et pourquoi une femme ne pourrait pas traverser l'Atlantique ? Bon, si elle est petite je ne dis pas... :)

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